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Jugurtha Abbou, président de la ligue des échecs de Tizi Ouzou, à L’Expression

«Le jeu d’échecs contribue au bon management des entreprises»

Les méthodes qu’utilisent les joueurs d’échecs pour évaluer les positions s’apparentent beaucoup à ce que les chefs d’entreprises appellent la méthode Swot, à savoir la reconnaissance de ses propres forces et faiblesses, et la recherche des menaces et des opportunités. C’est une approche toute nouvelle qu’a développée Jugurtha Abbou dans une conférence très intéressante qu’il a animée au niveau de l’Insim-EMTO de Tizi Ouzou. Jugurtha Abbou est le président de la Ligue des échecs de la wilaya de Tizi Ouzou.
 
L’Expression : Vous abordez un sujet tout nouveau dans lequel vous établissez le lien entre le jeu d’échecs et la gestion de l’entreprise économique...
Jugurtha Abbou : En effet, les échecs nous administrent plusieurs leçons de vie, en général, et des leçons de management des entreprises, en particulier. Discipline de stratégie, elle permet à ses pratiquants de développer de nombreuses facultés, notamment la prise de décision, le calcul dirigé et discipliné, le discernement et la rationalité, un processus de réflexion méthode, des outils d’évaluation déterminés… autant de qualités qu’utilisent les responsables d’entreprises dans leurs différentes missions. Les managers et dirigeants d’entreprises sont confrontés à des problématiques complexes qui ne sont plus seulement économiques, mais aussi environnementales et sociétales. 
Il est donc nécessaire de renouveler l’enseignement de la pensée stratégique.  Les échecs nous apprennent justement à travailler la prise de décision. «Quand on est dans une entreprise, il faut analyser la situation, voir trois ou quatre coups à l’avance… C’est la même chose sur un échiquier», assure un salarié de Microsoft Europe et également joueur d’échecs.
 
Il semblerait que l’esprit des échecs donne plus d’efficacité aux stratégies des entreprises...
C’est valable dans plusieurs situations. Les méthodes qu’utilisent les joueurs d’échecs pour évaluer les positions s’apparentent beaucoup à ce que les chefs d’entreprise appellent la méthode Swot, à savoir la reconnaissance de ses propres forces et faiblesses et la recherche des menaces et des opportunités. Aussi l’évaluation basée sur les facteurs matériel-temps-qualité peut-elle être utilisée fréquemment par les dirigeants des entreprises. Les échecs permettent d’acquérir cette capacité à réévaluer la situation régulièrement, à voir où sont les forces et les faiblesses, à anticiper, à prévenir… Un joueur d’échecs se pose souvent la question : que faire pour améliorer la qualité de ma décision ? Un P-DG d’entreprise ou même un simple citoyen cherche quotidiennement à répondre à cette question.
 
Pouvez-vous nous donner des exemples d’entreprises ayant été gérées selon ce principe ?
L’ancien champion du monde des échecs Garry Kasparov est souvent sollicité par des entreprises afin de présenter ses méthodes et ses stratégies, entre autres, IBM et Boeing. Ces deux entreprises ont eu à utiliser des procédés quasiment échiquéens, notamment pour gérer les crises ou faire face à des concurrents directs. Le mois de novembre dernier s’est déroulé le Championnat d’Europe des entreprises, avec la participation de 1 008 joueurs, représentant 57 entreprises. C’est dire la prise de conscience sur l’importance de cette discipline.
 
Ce lien existe-t-il dans le milieu entrepreneurial en Algérie ?
Chez nous, beaucoup de travail reste à faire, tant au niveau des structures qui gèrent les échecs que dans le monde du travail. C’est dans ce sens qu’œuvrent la Ligue des échecs de Tizi Ouzou et l’Insim Tizi Ouzou, à travers un partenariat durable avec, à la clé, l’organisation des tournois et l’animation des conférences sur les bienfaits des échecs. 
 
Pour revenir aux jeux d’échecs, vous êtes le président de la Ligue de Tizi Ouzou. Pouvez-vous nous dresser un petit tableau sur ce sport dans notre pays, en général, et à Tizi Ouzou, particulièrement ?
L’Algérie dominait, jusqu’à pratiquement 2017, les échecs africains et arabes. 
Depuis, nous voyons l’émergence d’autres nations, à l’instar de la Tunisie et de l’Égypte où fleurissent les académies, ou encore les Émirats qui attirent des entraîneurs étrangers de grand niveau. 
Chez nous, l’activité est cernée dans une quinzaine de wilayas et les maigres moyens dont disposent les clubs permettent à peine de participer aux quelques championnats régionaux et nationaux inscrits sur le calendrier fédéral. Quant à la wilaya de Tizi Ouzou, il y a lieu de rappeler que le premier titre de champion d’Algérie par équipe a été remporté par la Maison de culture de Tizi Ouzou en 1988. Depuis, plusieurs titres ont été engrangés, ce qui nous a valu le statut de meilleure ligue lors de la seule année où ce titre a été décerné. Le palmarès des échecs à Tizi Ouzou regorge de titres nationaux – championne d’Algérie des jeunes catégories, championne d’Algérie juniors, championne d’Algérie féminine, championne d’Algérie toutes catégories… Beaucoup de joueurs tizi-ouziens se sont distingués à l’échelle internationale, Nous comptons pas moins de quinze champions arabes et africains, ainsi que des maîtres internationaux, des arbitres internationaux et des entraîneurs diplômés de la Fédération internationale des échecs.
Nous avons un plan d’action très riche, comportant notamment les championnats et les coupes de wilaya, les opens, les stages de formation au profit des arbitres et des entraîneurs et des regroupements des sélections de wilaya.
 
Il y a eu des expériences pour développer ce sport dans les écoles. Où en est-on aujourd’hui ?
Effectivement, il y a eu une tentative d’instaurer les échecs comme discipline parascolaire. Un programme de formation a été lancé au profit des enseignants et du matériel pédagogique leur a été octroyé. Malheureusement, ce projet est tombé à l’eau. Notre ligue a aussi mené un travail dans ce sens, en tenant des réunions de coordination avec des directeurs d’établissements scolaires et des associations de parents en tenant des réunions de coordination avec des directeurs d’établissements scolaires et des associations de parents d’élèves. Actuellement, nous nous attelons à organiser le championnat de wilaya scolaire.
 
Un dernier mot…
Notre discipline, les échecs, favorise la concentration, l’attention, l’intelligence, la mémoire, la maîtrise de soi… autant de qualités qui peuvent nous aider dans notre parcours scolaire, dans notre parcours professionnel, voire dans notre vie quotidienne. J’invite les parents à inscrire leurs enfants dans les clubs d’échecs et sollicite les autorités pour venir en aide à cette discipline bénéfique à plus d’un titre. 

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