Nouveau gouvernement
Le compte à rebours enclenché
Après une présidentielle, un nouveau souffle. Faut-il changer de visage pour annoncer une phase nouvelle ?
Avec la présentation, hier, du projet de loi de finances 2025, l’Exécutif Larbaoui enclenche le compte à rebours de sa présence au Palais du gouvernement. Chargé par le président de la République de poursuivre sa mission en réponse à la démission présentée par le Premier ministre, l’équipe gouvernementale a assuré la rentrée sociale, avec sa triple dimension politique, scolaire et universitaire, veillé dans ce laps de temps à la stabilité de l’indice des prix à la consommation et assuré ainsi un passage en douce de la période estivale à celle automnale.
Le gouvernement Larbaoui qui, soulignons-le, n’a raté aucun des rendez-vous majeurs et a même su en gérer les conséquences avec un sens élevé de la responsabilité, a régulièrement tenu ses réunions hebdomadaires. Il n’en a évacué aucune et cette présence soutenue a permis à l’Exécutif de réagir promptement aux épisodes climatiques qui ont touché plusieurs régions du pays, lors des premières pluies automnales. En lui confiant la transition, le président de la République s’est appuyé sur une efficacité déjà prouvée durant les 11 mois d’activité du gouvernement qui a lancé plusieurs méga-projets, à l’image de la mine de Ghar Djebilet, les centrales solaires ou encore les usines de dessalement. Cela sans omettre les grands projets agricoles dans les Hauts-Plateaux et le sud du pays.
Il reste que la durée de vie du gouvernement Larbaoui est constitutionnellement limitée à l’échéance de la présidentielle du 7 septembre dernier. Le président de la République dispose de la prérogative, également constitutionnelle, de lui renouveler sa confiance, ainsi qu’à toute l’équipe. Il se trouve cependant qu’il s’est exprimé sur le sujet, lors d’un entretien avec la presse nationale et formulé une intention de remanier l’Exécutif, pas pour «le plaisir de changer pour changer», mais pour gagner en efficacité. Cela revient à dire que le président Tebboune part à la chasse aux compétences. Il n’est pas dit que l’actuel gouvernement en manque. Il reste tout de même que des lacunes existent et les résorber, nécessite un supplément de génie managérial.
Trouver ces perles rares est un exercice complexe et les supputations vont bon train à ce propos. Il reste que si le Président a formellement insisté sur les profils, il n’est pas interdit que ces profils-là sortent de partis. L’efficacité technique et l’engagement militant peuvent aller de pair. Mieux encore, pareil mélange peut produire de «petits miracles» quel qu’en soit le secteur d’activité. Dans cette alchimie aléatoire, faut-il le souligner, l’avenir du Premier ministre l’est beaucoup moins.
Après une présidentielle, un second mandat, un nouveau souffle, faut-il changer de visage pour annoncer une phase nouvelle ? Dans beaucoup de pays, cette option est quasi automatique. Le président Tebboune n’a apporté aucun indice sur l’avenir du Premier ministre. Mais disons-le franchement, au regard de l’impressionnant «tableau de chasse» de Nadir Larbaoui, on voit mal le chef de l’État l’envoyer à la retraite. Cela pour dire que les zones d’ombre de toute lecture prévisionnelle, autour de la prochaine phase, ne sont pas tant liées à une volonté de donner le change à une opinion déjà en confiance, qu’à trouver un mécanisme plus performant.
Consciente de la complexité de l’équation que devra résoudre le chef de l’État, la scène politique observe un silence plutôt intéressé et ne se hasarde pas à des pronostics sur les performances de l’un ou l’autre membre du gouvernement. Il y a effectivement quelques différences dans la gouvernance entre certains ministres et leurs collègues qui peut annoncer quelques départs, mais aucun politique n’avance un nom, en tout cas, pas publiquement. À quelques semaines de la fin de mission du gouvernement Larbaoui, c’est-à-dire après l’adoption par le Conseil de la nation du projet de loi de finances 2025, et peut- être même, après la photo traditionnelle de l’Exécutif à l’issue de la signature par le président de la République de la LF 2025, des observateurs pointent quelques noms du gouvernement qui sortent du lot pour le poste de Premier ministre. D’autres vont chercher dans l’entourage des conseillers du chef de l’État pour dénicher le profil idéal. Bref, personne ne peut prétendre avoir la primeur concernant le premier Exécutif du second mandat présidentiel.