LIBÉRATION DES OTAGES AUTRICHIENS DÉTENUS AU MALI
L’Autriche a cédé au chantage
Cette affaire remet d’ores et déjà sur le tapis la problématique du financement du terrorisme.
L´Autriche a cédé au chantage d´Al Qaîda. La libération de ses deux ressortissants, enlevés le 22 février dernier en Tunisie, par un groupe terroriste appartenant à Al Qaîda, a bel et bien coûté quelques millions d´euros au gouvernement autrichien. Cette information, rapportée hier par l´AFP, citant des sources proches du dossier, contredit ainsi les déclarations des autorités autrichiennes selon lesquelles la libération des deux otages ne se fera pas en échange d´une quelconque rançon. La ministre autrichienne des Affaires étrangères, Ursula Plassnik, interrogée à l´aéroport de Vienne sur le versement d´une éventuelle rançon, a déclaré: «L´Autriche a toujours clairement fait connaître sa position à ce sujet (ndlr: le gouvernement autrichien a affirmé ne pas négocier de libération en échange d´une rançon). Nous avons toujours privilégié une solution humanitaire et c´est aussi pourquoi la libération des otages a pris autant de temps», a affirmé Mme Plassnik. «Je sais qu´il y a une rançon qui a été payée. Mais les choses ont été revues au rabais. Ils (ravisseurs) ont eu beaucoup moins qu´ils ne souhaitaient avoir», a toutefois déclaré au correspondant de l´AFP au Mali une source proche des négociations, parlant sous couvert de l´anonymat et refusant catégoriquement d´être présentée plus précisément. D´autres sources avancent que l´Autriche a dû s´acquitter d´une rançon de 3 millions d´euros contre la libération de ses deux ressortissants. Le diplomate autrichien Anton Prohaska, envoyé en mission à Bamako il y a huit mois pour négocier la libération de deux touristes enlevés, avait affirmé vendredi à l´AFP: «Il n´y a pas eu paiement de rançon. Nous avons respecté le droit international.» Selon l´ambassadeur spécial Anton Prohaska, ce sont des notables du Grand Nord du Mali qui ont joué un rôle essentiel, grâce à leur fermeté, en exerçant des pressions sur les ravisseurs. De toutes les manières, le paiement par l´Autriche d´une rançon en contrepartie de la libération de ses ressortissants, remet d´ores et déjà sur le tapis la problématique du financement du terrorisme. Ainsi, après avoir «imposé» leur protection aux réseaux de trafic de drogue, les groupes terroristes d´Al Qaîda au Maghreb islamique, semblent trouver une nouvelle source de financement de leurs actes criminels en Algérie ou ailleurs. Pour rappel, les deux otages, Wolfgang Ebner, 51 ans, et sa compagne Andrea Kloiber, 44 ans, originaires de la région de Salzbourg (Nord de l´Autriche) et habitués des randonnées dans le désert, avaient été enlevés alors qu´ils circulaient dans le sud de la Tunisie à bord de leur véhicule 4X4 immatriculé en Autriche. Leurs ravisseurs les avaient ensuite transférés dans le Nord du Mali, dans une zone frontalière avec l´Algérie. Le rapt n´avait été revendiqué que le 10 mars par la branche d´Al Qaîda au Maghreb islamique. Les ravisseurs avaient exigé la libération d´islamistes détenus en Algérie et en Tunisie, avant, semble-t-il, de préférer le versement d´une rançon, ont rapporté les médias autrichiens. Ils avaient d´abord demandé le paiement de 5 millions d´euros, avant de baisser à 2 millions d´euros, avait affirmé durant l´été une source proche du dossier. Tout au long de l´affaire, les autorités autrichiennes ont choisi de ne commenter ni les revendications ni les ultimatums.