L'Expression

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La réponse du berger...

Feutrés, codés, les propos de M.Ouyahia renvoient aux questions qu’il se posait avant le début du forum. L’arbitre n’a pas sifflé le début de la partie.

En l´absence d´une véritable opposition en Algérie, -celle qui existe ayant été laminée par le rouleau compresseur du système, et par celui des médias lourds qui ne donnent la parole qu´aux mêmes Belkhadem, Soltani et Ouyahia,- il appartient donc aux vénérables chefs de partis de la coalition gouvernementale de donner le change en animant la galerie. C´est ce qu´a fait M.Ouyahia avant-hier au forum de l´Entv. Le script ayant été écrit à l´avance, il ne restait plus à l´acteur politique qu´à réussir sa prestation pour donner aux Algériens l´impression d´être en représentation: parler du troisième mandat sans en parler, évoquer la flambée des prix pour la présenter comme étant une fatalité qui va durer encore plusieurs années (tout comme il eut un jour à ponctionner les salaires), et condamner aujourd´hui Al Jazeera en défonçant des portes ouvertes sur un sujet où le consensus des Algériens est acquis d´avance.
Il ne restait plus dans ces conditions à son rival du FLN qu´à réagir pour donner l´impression d´un débat profond au plus niveau de la pyramide de l´Etat. A partir d´hier, on peut dire que c´est fait et que les différents protagonistes ont mouillé le maillot et qu´ils ont rempli le contrat. Affaire conclue. M.Belkhadem n´a pas lui-même pris la parole, mais Barkat et Louh l´ont fait pour lui, puisque ils se sont sentis visés par ses critiques.
Ainsi donc, en répliquant du tac au tac au secrétaire général du RND, les ministres FLN ont fait un peu la réponse du berger à la bergère. Ça reste entre gens polis. Plus que ça: entre gens civilisés, et qui appartiennent au même bord politique et social. La fiction qui consiste à présenter certains comme des gestionnaires et d´autres comme des censeurs patentés ne peut pas tenir longtemps la route au vu des parcours respectifs et qui, au final, se recoupent. Tout se passe à fleurets mouchetés: c´est à peine si on ne se demande pas pardon avant de dégainer. Du reste, on a eu à le vérifier avec cet accès d´amabilité de M.Ouyahia envers son successeur à la tête de l´Exécutif. Et puis, ce n´est pas à M.Ouyahia qu´il revenait hier de dire s´il faut oui ou non un troisième mandat, ni s´il faut réviser la Constitution. L´habileté avec laquelle il dribble en touche en renvoyant chaque fois la balle dans le camp du chef de l´Etat, montre bien qu´on n´est pas encore entré dans le dernier quart d´heure du jeu ni dans les dix-huit mètres. L´arbitre a gardé le sifflet et pour l´heure, ce sont les juges de touche qui surveillent les lignes rouges à ne pas dépasser.
On sait par exemple, que l´entrisme est une stratégie du MSP qui nous a habitués à avoir un pied dans le gouvernement et l´autre dans l´opposition, et voilà que M.Ouyahia enfourche ce cheval pour en faire sa spécialité. Ça c´est pour la forme. Quant au fond, bien sûr, ce n´est pas le pouvoir d´achat des populations qui est au centre des intérêts du personnel politique, mais bien la présidentielle qui attise toutes les convoitises et voit sortir de l´ombre les «seconds couteaux». Le hic dans tout cela, l´erreur de casting si l´on veut, c´est qu´Ahmed Ouyahia a été trop longtemps aux affaires, et qu´à aucun moment il n´eut à prendre à bras-le-corps les problèmes des citoyens, ni ceux de la bonne gouvernance, ni ceux de la démocratie, se surprenant le plus souvent à diluer les responsabilités pour ne pas avoir à les assumer. Pour le reste, il a esquivé, comme on s´y attendait, l´une des questions politiques brûlantes de l´heure, et qui est la suivante: quel sera le lièvre de cette présidentielle de 2009? Et quid de l´Alliance présidentielle? Ce qui fait que dans l´intervention de M.Ouyahia, les calculs politiciens ne sont pas absents. Feutrés, codés, ses propos se veulent d´être lus au second degré. Selon une grille de lecture dont le chiffrage est en voie de préparation.

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