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Le président Tebboune accueille son homologue libyen

La quête d'un espace maghrébin puissant

La Libye a besoin de compter sur ses véritables amis pour reconstituer son unité territoriale et institutionnelle.

Le président du Conseil présidentiel libyen, Younes El-Menfi, est arrivé, hier à Alger, dans le cadre d'une visite officielle. Il a été accueilli à son arrivée à l'aéroport international Houari-Boumediene par le Premier ministre, Nadir Larbaoui, et le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf. Le président de la République lui a réservé un accueil officiel, au siège de la présidence de la République, avec tout le protocole qui sied à un chef d'État en visite à Alger. La nature de l'accueil traduit la volonté de l'Algérie de respecter la légalité internationale, compte tenu du fait que le gouvernement que dirige Younes El-Menfi est reconnu par la communauté internationale. Il y a également dans cette même volonté, une détermination à créer un espace algéro-libyen propice au développement de la coopération économique.
À l'issue d'un entretien en tête-à-tête, le chef de l'État a affirmé que les deux hommes ont «abordé les relations bilatérales ainsi que la situation en Libye», dont la solution ne peut venir «en dehors des élections, car lorsque le peuple libyen exprimera sa voix, tout le monde le suivra». Et le Président d'annoncer la prochaine réunion tripartite algéro-tuniso-libyenne qui se tiendra prochainement en Libye.
De son côté El Menfi a félicité l'Algérie et la Tunisie «pour le succès de leurs élections présidentielles et nous espérons que la situation en Libye se terminera par une fête électorale présidentielle». Le président libyen a remercié l'Algérie «pour son rôle important en soutien à la Libye sur la scène internationale, un soutien qui vise uniquement à assurer sa stabilité et non pour d'autres raisons». Il a affiché son accord total avec le président Tebboune sur le fait que «la solution en Libye passe par le peuple dans le cadre d'élections libyennes». Et de finir sa déclaration par son espoir de voir les réunions trilatérales se poursuivre et demeurer «un cadre de travail, tant au niveau du sommet qu'au niveau des commissions».
L'initiative qui consiste à créer un groupement d'États de la région, avec la Tunisie et la Libye, le développement du commerce frontalier en le dotant d'une infrastructure pérenne à travers une zone franche à cheval sur les deux pays, et surtout l'implication directe de Sonelgaz et Sonatrach dans le domaine énergétique libyen, témoignent d'un volontarisme que l'Algérie assume pleinement dans le respect total de la souveraineté de la Libye.
Il reste difficile, néanmoins d'ignorer la gravité de la situation que vit la Libye, avec deux gouvernements, deux Parlements et deux armées qui se regardent en chiens de faïence. À ce jour, la velléité d'une partition du pays ne s'est pas clairement exprimée, mais le danger guette, à cause notamment des ingérences étrangères, tolérées par le Parlement de Benghazi, lui-même, sous influence de Khalifa Haftar. Ce dernier revendique quelques «amitiés» suspectes, d'ailleurs officiellement dénoncées par la diplomatie algérienne, comme étant un facteur de déstabilisation de la Libye. L'initiative algérienne qui consiste à réunir les pays frontaliers de la Libye, histoire d'expurger les ingérences dans ce dossier, ainsi que l'association des tribus dans la recherche d'une solution inclusive à la crise libyenne, ont permis de limiter quelque peu la casse, mais cela n'a pas suffi à enclencher un cercle vertueux censé mener à la stabilité du pays.
La Libye peut compter sur un soutien sans faille de l'Algérie et la Tunisie avec lesquelles se construit une perspective régionale de dimension politique et économique certaine. Tripoli bénéficie de la proximité d'un État pivot en Afrique du Nord.
La construction de la paix dans l'espace maghrébin et sahalien est une entreprise certes difficile, mais la voie du dialogue préconisée par Alger a parfaitement réussi avec le Niger et se consolide avec la Mauritanie.
La question libyenne demeure d'une grande fragilité, mais les investissements économiques et diplomatiques que consent l'Algérie sont certainement autant d'apports susceptibles de donner aux patriotes libyens les moyens de se prendre en charge, d'éloigner les forces exogènes qui polluent l'espace politique et de reconstruire des institutions à même de leur permettre d'envisager un avenir serein pour leur pays. La conviction exprimée par le président Tebboune sur le potentiel positif de la scène libyenne à se débarrasser des ingérences n'est pas une vue de l'esprit, bien au contraire. La Libye a besoin de compter sur ses véritables amis pour reconstituer son unité territoriale et institutionnelle. En cela la visite de Younes El-Menfi à Alger est un pas dans la bonne direction, au même titre que le groupement Algérie-Tunisie-Libye.

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