L'Expression

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ENLÈVEMENT D'ENFANTS, CAMBRIOLAGES, AGRESSIONS...

La hantise des Algériens

L'épisode douloureux des enfants de Constantine, enlevés et froidement assassinés, a frappé l'imaginaire des Algériens. Face au ton rassurant des autorités, on se demande comment les criminels agissent avec une facilité aussi déconcertante.

«La sécurité durant le mois de Ramadhan n'exige pas de mesures exceptionnelles, mais un renforcement des effectifs...». Cette déclaration du ministre de l'Intérieur, Daho Ould Kablia, lors de sa dernière conférence de presse, animée conjointement avec son collègue du Commerce, est en décalage avec la réalité. Elle n'est pas convaincante, car en dépit de l'augmentation des effectifs de la Police et de la Gendarmerie nationale, l'insécurité a évolué en courbe ascendante. Jamais les Algériens n'ont été confrontés à une insécurité aussi manifeste qu'au cours des deux dernières années où la criminalité a pris des proportions alarmantes. Les citoyens, livrés à des bandes de délinquants bien organisées, ont peur pour leur sécurité, celle de leurs enfants et de leurs biens. Agressions en public, viols, vols à main armée et à la tire, enlèvement d'enfants, cambriolages de domiciles, pédophilie... sont les quelques aspects d'une situation des plus inquiétantes. L'épisode douloureux des enfants de Constantine, enlevés et froidement assassinés, a frappé l'imaginaire des Algériens. On se demande alors, face au ton rassurant des autorités, comment les criminels agissent avec une facilité aussi déconcertante. Quelques exemples: il y a quelques jours, une bande de braqueurs nocturnes opérant sur la côte ouest d'Alger, plus précisément sur la route de Staouéli, a été mise hors d'état de nuire. Les éléments de ce groupe dressaient des barrages et détroussaient les automobilistes de passage. Il y a aussi le cauchemar vécu par les usagers du tramway Bab Ezzouar-Bordj El Kiffan, lorsque des individus portant des cagoules, munis d'armes blanches, avaient attaqué le tramway, au niveau de l'arrêt 5-Juillet. Ils avaient procédé au racket des usagers. Cette agression a suscité une indignation nationale et de nombreuses voix se sont élevées pour s'interroger sur l'efficacité du dispositif sécuritaire mis en place. Réagissant à ces agressions qui ont semé l'émoi parmi les usagers du tram, le directeur général de la Sûreté nationale avait promis de trouver une formule adéquate, similaire au dispositif en vigueur dans le métro pour qui, près de 400 policiers ont été mobilisés depuis son lancement. C'est chose faite, puisque depuis le mois dernier, au moins deux policiers, munis de pistolets Tazer, veillent de jour comme de nuit sur la sécurité des passagers. Frappée de plein fouet par l'insécurité, la Kabylie, région la plus touchée par les kidnappings, n'arrive pas à sortir de l'ornière. La wilaya de Tizi Ouzou à elle seule compte, en l'espace de quatre années, près de 200 rapts d'entrepreneurs et hommes d'affaires. Une fatalité qui semble s'installer dans la durée, si aucune stratégie efficace de lutte contre ce phénomène n'est mise en place. Plus inquiétant encore, c'est l'enlèvement de jeunes étudiantes, comme ce fut le cas à Tébessa où les services de sécurité ont réussi, le mois dernier, à arrêter un repris de justice impliqué dans plusieurs affaires, dont l'enlèvement de la jeune étudiante à la Faculté des lettres et sciences humaines. Cette dernière avait été agressée après avoir été délestée de ses biens par cet individu. Les agressions contre la gent féminine se sont accentuées au point où dans nos villes aucune femme ne peut s'aventurer de sortir à partir de 20 heures, au risque de se voir agressée. Sur un autre chapitre, l'insécurité s'est accentuée avec le flux d'immigrants subsahariens et syriens chassés par la guerre. Ils activent pour la plupart dans le trafic de drogue et la prostitution. Le recrutement de pas moins de 10.000 éléments entre policiers et gendarmes dans les wilayas du sud du pays, vise à la fois à lutter contre le terrorisme et contre la criminalité. Mais, est-ce suffisant? La problématique de la lutte contre le grand banditisme et la criminalité, réside-t-elle dans les effectifs mobilisés ou dans la stratégie mise en oeuvre? Question légitime, d'autant plus que dans certains cas, c'est plutôt la passivité des services de sécurité qui est remise en cause. Pour preuve, comment parviens-t-on à agresser quelqu'un à la lumière du jour, au vu et au su de tous sans qu'un policier n'intervienne. Que font alors les agents en civil, censés se fondre dans la foule et prévenir ces agressions? Cela au moment où l'appel à «coopérer», lancé par les services de sécurité en direction des Algériens, semble porter ses fruits. Ces derniers, de crainte que leur progéniture subisse le même sort, commencent peu à peu à acquérir de nouveaux réflexes: ceux d'alerter les services de sécurité à chaque mouvement suspect. D'ailleurs, en trois mois, le 1er Commandement régional de la Gendarmerie nationale de Blida qui couvre 11 wilayas sensibles, a enregistré 113.343 communications téléphoniques sur son numéro vert. Ce qui renseigne que les derniers développements ont sensiblement influé sur le comportement des Algériens. Menacés dans leur intégrité physique, les Algériens se rendent compte que dénonciation n'est pas synonyme de délation, mais émane d'une inquiétude justifiée. Il s'agit, en premier lieu, d'une question de survie. En somme, l'Algérien n'a pas de quoi être satisfait de sa sécurité en dépit des assurances des responsables chargés d'assurer sa quiétude. A quelques encablures du Ramadhan - mois de tous les paradoxes - la sécurité publique demeure des plus fragiles.

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