L'Expression

{{ temperature }}° C / {{ description }}

Cité introuvable.

Mohamed Doumir à l’Expression

«La France est consciente des enjeux de la mémoire»

Mohamed Doumir, n'est plus à présenter. En l'espace de quelques mois, ce jeune vétérinaire qui s'est reconverti en chercheur en historie, a réussi à transcender les clichés et la fausse histoire de nos voisins indélicats. Il nous livre dans cet entretien une lecture sur les ambivalences de la France néocoloniale et les faux-fuyants de ses responsables officiels, face au devoir de mémoire.

L'Expression: Le dossier mémoire fait l'objet d'un contentieux entre l'Algérie et la France pour de nombreuses raisons différentes. Qu'est-ce qui freine la reconnaissance par la France de ses crimes odieux?
Mohammed Doumir: Qu'est-ce qui empêche la France de reconnaître ses crimes odieux? Depuis l'indépendance en 1962, la France a cherché à maintenir une sorte de contrôle indirect sur ses anciennes colonies. Cela est connu sous le nom de néocolonialisme. Ce type d'hégémonie repose sur l'influence culturelle et intellectuelle et s'inscrit dans une stratégie française visant à assurer la pérennité de l'annexion de l'Algérie. La France est consciente que le dossier de reconnaissance des crimes coloniaux comporte des dimensions non seulement historiques, mais aussi politiques, sociales, économiques et psychologiques. La reconnaissance officielle de ces crimes, c'est ouvrir la porte à l'indemnisation des victimes, ce qui sera un coup dur pour l'image de la France à l'intérieur et à l'extérieur, ainsi qu'une nouvelle victoire morale pour l'Algérie qui pourrait provoquer une nouvelle défaite rappelant la première défaite de la France en 1962. De plus, nous constatons que la France temporise dans le traitement du dossier de la mémoire en reportant la livraison des crânes, manuscrits et antiquités volés pendant la période d'occupation, bien que ces objets de collection ne coûtent rien financièrement. De telles actions montrent que la France utilise l'histoire comme moyen de pression politique, ce qui tombe dans la mentalité néocoloniale (néocoloniale), qui traite l'histoire sur la base d'intérêts et non de principes

Compte tenu des évolutions irrationnelles et des nombreuses contradictions de la partie française dans la conduite de ce dossier, est-il possible d'affirmer, aujourd'hui, qu'il y a une quelconque intention de la part de la France de résoudre cette question?
Est-il possible de dire aujourd'hui qu'il y a une bonne intention de la part de la France de résoudre la question de la mémoire. Il n'y a toujours aucune indication d'une intention sincère de la France envers l'Algérie concernant le dossier de la mémoire. La France n'est pas seulement une partie historiquement peu fiable. Il faut prendre en considération que sa politique actuelle se déroule toujours dans un cadre contradictoire et ambigu, qui montre une volonté de préserver son hégémonie et son influence régionales. L'Algérie n'échappe pas à ces tendances et calculs politiques; C'est un véritable test de la capacité française à assumer ses erreurs historiques. Par conséquent, l'Algérie ne doit pas s'appuyer uniquement sur la négociation, mais aussi chercher à renforcer sa souveraineté et à renforcer sa force économique, ce qui lui permettra de traiter avec la France du point de vue de la force, d'égale à égal et de l'indépendance. Renforcer l'économie algérienne et diversifier les partenariats avec d'autres pays, loin de la domination occidentale imposera à la France une nouvelle réalité qui l'obligera à faire des concessions même sans demande, ni insistance de l'Algérie. Historiquement, on constate que la France a courtisé l'Algérie dans les périodes de faiblesse, lorsqu'elle dépendait du blé algérien ou de la protection de la marine algérienne aux XV-XVI siècles, ce qui signifie que la construction d'une Algérie forte est la véritable garantie de mettre fin au dossier de la mémoire sur la base de conditions équitables

Les déclarations de Macron sur l'absence d'un État algérien dans l'histoire, a jeté un froid entre les deux pays. Pourquoi une telle imprudence politique?
Les déclarations du président français Emmanuel Macron sur la négation de l'existence d'un État algérien avant la colonisation française, montrent clairement une tendance populiste à manipuler les émotions politiques à l'intérieur de la France, en particulier avec l'influence croissante des courants d'extrême droite. De telles déclarations expriment non seulement une ignorance de l'histoire, mais montrent également une exploitation délibérée du dossier mémoriel dans le but d'obtenir des gains politiques étroits. Il est nécessaire de rappeler ici que Macron n'est pas le premier à utiliser ce langage; des déclarations similaires ont été faites par les dirigeants français depuis le déclenchement de la révolution algérienne en 1954, à laquelle la France a été confrontée avec une tentative de nier l'identité algérienne en tant que nation. Malgré toutes ces tentatives, l'histoire a prouvé que la volonté algérienne est plus forte que les prétentions françaises, et l'Algérie a été reconnue comme un pays avec une longue histoire en 1962, lorsque le président de Gaulle a été contraint de négocier avec les dirigeants de la révolution algérienne. Par conséquent, l'Algérie doit continuer à défendre ses principes et ne pas se laisser entraîner dans des provocations politiques visant à remettre en question son existence historique

Les mouvements d'extrême droite reviennent à la charge concernant la révision des accords d'Évian et la suppression des clauses relatives aux avantages accordés aux algériens. Comment expliquez-vous un tel acharnement sur la communauté nationale en France?
Les mouvements de l'extrême droite française, cherchent à reconsidérer certaines dispositions de l'Accord d'Evian et à annuler les avantages qu'il accorde aux Algériens. Cela reflète clairement la mentalité néocoloniale toujours présente dans la politique française. Ces démarches s'inscrivent dans le cadre de tentatives turbulentes de faire pression sur l'Algérie et de tenter de ralentir son développement économique et politique. Au cours des dernières années, nous avons assisté à un net déclin de l'influence française en Afrique, alors que d'autres pays africains commençaient à chercher à se libérer de la domination française qui durait depuis des décennies. Ces mouvements hostiles envers l'Algérie reflètent le désespoir de la France dans sa tentative de s'accrocher à sa position sur le continent africain. Mais il est clair que l'Algérie et l'Afrique en général cherchent à réduire l'influence française et à assurer l'indépendance de leurs politiques internes

Comment préserver aujourd'hui la mémoire des générations futures?
Préserver la mémoire des générations nécessite un effort collectif visant à utiliser les médias sociaux modernes avec des méthodes scientifiques et professionnelles pour diffuser les connaissances historiques et les principes de la révolution algérienne en adéquation avec la nature des jeunes générations. Actuellement, les jeunes comptent principalement sur les téléphones portables et les tablettes pour obtenir des informations, ce qui facilite la manipulation des faits par le biais de fausses nouvelles et d'erreurs. Il est nécessaire d'avoir des initiatives des institutions nationales concernées, ainsi que des élites historiques et académiques, pour être effectivement présentes dans l'espace numérique et créer un contenu historique qui met en valeur la lutte algérienne et l'esprit de résistance d'une manière qui convienne aux aspirations des jeunes et renforce leur conscience nationale. Cet effort devrait inclure la création de plateformes interactives, de contenus visuels de pointe et de programmes éducatifs innovants axés sur la communication d'informations historiques de manière engageante et percutante.

De Quoi j'me Mêle

Placeholder

Découvrez toutes les anciennes éditions de votre journal préféré

Les + Populaires

(*) Période 7 derniers jours