Conséquence directe de l’agression sioniste
L’effondrement économique de Ghaza
La région n’a plus eu d’échanges commerciaux, de consommation ou d’investissements...
La Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) a publié un rapport sur la détérioration économique et sociale de Ghaza à la suite de l'opération militaire israélienne qui a suivi les attaques du 7 octobre 2023 par le Hamas. L'ampleur stupéfiante de la dévastation économique et le déclin sans précédent de l'activité économique à Ghaza dépassent de loin l'impact de toutes les confrontations militaires précédentes en 2008, 2012, 2014 et 2021.
L'opération militaire a entraîné des pertes en vies humaines et des déplacements sans précédent, ainsi qu'une destruction massive des infrastructures. Au début de l'année 2024, entre 80 et 96% des biens agricoles de Ghaza - y compris les systèmes d'irrigation, les fermes d'élevage, les vergers, les machines et les installations de stockage - ont été décimés, ce qui a paralysé la capacité de production alimentaire de la région et aggravé les niveaux déjà élevés d'insécurité alimentaire. Les destructions ont également touché de plein fouet le secteur privé, 82% des entreprises, moteur essentiel de l'économie de Ghaza, ayant été endommagées ou détruites.
Le produit intérieur brut (PIB) de Ghaza a chuté de 81% au cours du dernier trimestre 2023, entraînant une contraction de 22% sur l'ensemble de l'année. À la mi-2024, l'économie de Ghaza est tombée à moins d'un sixième de son niveau de 2022
Parmi les chiffres les plus révélateurs, en décembre 2023, le taux de chômage atteignait 80%. La moitié des infrastructures sont détruites, y compris les structures basiques comme les écoles, les hôpitaux. De fait, les activités sont quasiment nulles et donc l'économie de Ghaza est à l'arrêt.
Selon l'ONU, la seule activité économique qui perdure, aujourd'hui, dans la région est l'activité humanitaire. Certes, la situation s'est aggravée depuis le début des opérations militaires du 7 octobre. Mais la détérioration économique de Ghaza a commencé avant ces bombardements de l'armée israélienne suite aux attaques du Hamas, comme l'explique la Cnuced dans ce rapport. Selon l'analyse faite, la détérioration économique de Ghaza a commencé au moment du blocus israélien en 2007. Ensuite, entre 2007 et 2022, Ghaza a été le théâtre de cinq opérations militaires. Durant cette période, les restrictions économiques ont été si fortes que la croissance à Ghaza a été parmi les pires au monde avec une croissance de seulement 1?%. 45?% des gens étaient au chômage et l'économie ghazaouie a été déconnectée du reste des territoires palestiniens.
Ghaza a aussi perdu le contact avec le reste du monde. La région n'a plus eu d'échanges commerciaux, de consommation ou d'investissements... Tous les aspects de son économie sont depuis en dessous de ce qu'ils étaient en 2007.
D'après le rapport, il y a deux conditions pour que l'économie ghazaouie se rétablisse. D'abord un préalable, la fin du conflit et la fin du blocus et donc une issue politique. Ensuite, un effort concerté de la communauté internationale pour mobiliser des capitaux. Mais même avec toutes ces conditions réunies, il faudra des décennies pour rétablir l'économie ghazaouie.
Avec les scénarios les plus optimistes, économiquement, la région se remettra difficilement de toutes ces années de guerre et d'isolement.
La Cnuced a estimé que l'économie ghazaouie s'est déjà contractée de 4,5% au cours des trois premiers trimestres de 2023. Toutefois, l'opération militaire a considérablement accéléré le déclin et précipité une contraction du PIB de 24% et une chute du PIB par habitant de 26,1% sur l'ensemble de l'année.
Si l'opération militaire actuelle devait prendre fin immédiatement, que la reconstruction commençait tout de suite et que la tendance de 2007-2022 se maintenait avec un taux de croissance moyen de 0,4%, il faudrait à Ghaza jusqu'en 2092 rien que pour retrouver les niveaux de PIB de 2022, avec un PIB par habitant et des conditions socio-économiques en baisse constante.
Cependant, même avec le scénario le plus optimiste selon lequel le PIB pourrait croître de 10% par an, il faudrait encore attendre 2035 pour que le PIB par habitant de Ghaza atteigne le niveau de 2006, soit avant le blocus. Le redressement de l'économie de Ghaza à la suite de l'opération militaire actuelle nécessitera un engagement financier plusieurs fois supérieur à celui de 3,9 milliards de dollars suite à l'opération militaire de 2014 à Ghaza. Il impliquera un effort international concerté pour rétablir les conditions socio-économiques d'avant le conflit. Il demeure malgré tout que la région a de nombreux atouts. Sa situation en bord de mer avec une possibilité d'échanges commerciaux directs avec les ports méditerranéens, une frontière avec l'Égypte, du gaz et du pétrole et une population parmi les plus éduquées du monde, avec 97% de taux d'alphabétisation, permettent d'espérer un avenir meilleur pour tous. En ce jour anniversaire du 7 octobre, il est du devoir de la communauté internationale d'oeuvrer de toute urgence pour un cessez- le-feu dans cette région et de contribuer sans délais à y assurer une paix et une sécurité durables, permettant d'engager les travaux de reconstruction et le retour à une vie normale pour la population.