L'Expression

{{ temperature }}° C / {{ description }}

Cité introuvable.

L’auto-stoppeur de l’Histoire

Il est arrivé à Macron comme ce dentiste qui, voulant traiter une carie dentaire, s’y est pris avec un arrache-clou.

Le tollé suscité par ses propos, Emmanuel Macron ne l'a pas seulement prévu mais aussi souhaité. Une opération de Com qui va lui servir dans sa pré-campagne électorale pour la présidentielle d'avril mais qui constitue, aussi, un signe avant-coureur, de la décision du président français de faire,
désormais, cavalier seul dans le traitement du dossier mémoriel. La réduction des visas et les déclarations qui ont suivi, concernant la pression à exercer sur «les gens qui sont dans le milieu dirigeant» ou encore l'attaque formulée à l'égard d'un «régime politico-militaire fragilisé et fatigué par le Hirak», ainsi que la demande de «pardon» aux harkis, ne sont, en fait, que des tentatives du «président-candidat» de couper l'herbe sous le pied de la droite et l'extrême droite et de rafler le plus grand nombre de voix de la diaspora «hirakiste». Quant aux déclarations portant sur la mémoire partagée entre la France et l'Algérie, elles reflètent la colère de Macron d'avoir échoué à réaliser une promesse électorale. Candidat à la présidentielle en 2017, Macron avait fait de l'histoire l'un des leviers de sa campagne. Il avait alors promis de réconcilier les Français avec leur passé en tenant compte de toutes les souffrances. C'est dans cet objectif qu'il avait parlé de «crime contre l'humanité». Le candidat, qui disait son désir de renouer «un fil historique», a beaucoup misé sur la réconciliation des mémoires avec Alger. Mais à l'approche de la présidentielle en France, son dossier n'étant toujours pas ficelé, il a décidé de s'attaquer à ceux qu'il juge responsables du blocage de l'avancement de sa démarche. En refusant d'admettre son échec sur cette question et tenant à imposer aux Algériens sa politique de «reconnaissance», plutôt que de «repentance», Macron s'est trompé de pays et semble réellement ignorer l'histoire de la grande nation Algérie. Il ne semble pas assimiler que le passé entre la France et l'Algérie est d'une complexité délicate à dénouer. Comment ne serait-ce pas le cas en voyant, pas plus loin qu'hier, les images insoutenables des effets de la colonisation française, diffusées par la chaîne publique France 3? Que dire alors de ces Algériens qui, aujourd'hui encore, ne gardent pas seulement d'horribles souvenirs des massacres, mais portent dans leur chair les stigmates de la torture vécue? Pour Macron qu'importe ce que ressentent des millions d'Algériens, ce qui compte c'est le rendez-vous d'avril. Considérant que la coopération mémorielle avec l'Algérie ne fonctionne pas du tout, il a fait le choix de passer outre, au risque de provoquer des incidents diplomatiques. Chose qu'il a confirmée, hier. En appelant à l'«apaisement», Macron a aussi dit «il y aura immanquablement d'autres tensions, mais je pense que mon devoir, c'est d'essayer de faire cheminer ce travail (de mémoire)» qui «est d'abord un problème franco-français». Macron va donc continuer son offensive et les gestes ou les paroles qu'il compte prononcer le 17 octobre prochain, lors de la commémoration de la répression du 17 octobre 1961, ne seront qu'un signal à la gauche française et non pas à l'Algérie. Obnubilé par sa réélection, il avance les yeux bandés sur le dossier de la mémoire. En décidant de manipuler cette question d'une extrême sensibilité, il est arrivé à Macron comme ce dentiste qui, voulant traiter une carie dentaire, s'y est pris avec un arrache-clou. 

De Quoi j'me Mêle

Placeholder

Découvrez toutes les anciennes éditions de votre journal préféré

Les + Populaires

(*) Période 7 derniers jours