L'Expression

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Rôle de l'intellectuel dans la société

L'action collective doit être de rigueur

L'Algérie doit favoriser à la fois la morale (la bonne gouvernance) et le savoir, richesse bien plus importante que toutes les réserves d'hydrocarbures.

Lorsque les plus hautes autorités du pays recevront avec fanfare, dépliant le tapis rouge, au lieu souvent de ceux qui possèdent le capital argent, à ne pas confondre avec les véritables entrepreneurs créateurs de richesses aux véritables intellectuels algériens tant locaux qu'à l'étranger et ils sont nombreux, nous pourrons dire que l'Algérie va vers une réelle transition, loin de la mentalité bureaucratique rentière.
Ce qui n'est pas, malheureusement le cas, actuellement, où les relations de clientèles et de soumissions sont dominants. Je considère que le rôle de l'intellectuel qui peut être élargi au journaliste, au cadre de la nation est d'éviter autant la sinistrose, le dénigrement gratuit que l'autosatisfaction, source de névrose collective. Le débat contradictoire productif, le dialogue serein, la symbiose Etat/citoyens sont, me semble-t-il, la condition sine qua non pour établir tant un bilan objectif afin de corriger les erreurs que de tracer les perspectives futures du pays. À l'ère de l'Internet, le monde est devenu une maison en verre.
Le mot intellectuel provient du mot latin intellectus, d'intellegere, «dans le sens d'établir des liaisons logiques, des connexions entre les choses». La fonction de l'intellectuel n'est pas à proprement parler récente car à l'époque de la Grèce antique des leaders charismatiques, qui font l'intellectuel, se retrouvent dès la première étape du mouvement social, comme Platon, Aristote qui ont marqué leur époque par une démarche passionnelle de l'esprit. Dans la littérature française, la naissance du mot est attribuée à Saint- Simon au début du XIXe siècle, terme repris par Clemenceau lors de l'affaire Dreyfus: «Intellectuels venus de tous horizons pour se grouper sur une idée.»
Ainsi, le mot «intellectuel» est utilisé souvent pour désigner quelqu'un qui s'engage dans la sphère publique pour défendre des valeurs. Mais il est intéressant pour la compréhension, de voir les définitions qu'en donnent différents grands auteurs qui ont marqué l'histoire contemporaine. Dans Horizons et débats, numéro 26, juin 2004, Le rôle de l'intellectuel dans la société Joseph
M. Kyalangilwa définit comme «intellectuel» toute personne, homme ou femme, qui met son intelligence au service de la communauté. Selon les historiens Pascal Ory et Jean-François Sirinelli, un intellectuel est «un homme du culturel, créateur ou médiateur, mis en situation d'homme du politique, producteur ou consommateur d'idéologie». Raymond Aron, dans L'Opium des intellectuels (1955), pose cette question du rôle du savant dans la cité, l'intellectuel étant un «créateur d'idées» et doit être un «spectateur engagé». Pour Pierre Bourdieu, dans Contre-Feux 2, Raisons d'agir, Paris, 2001, l'intellectuel ne peut être que collectif. Je le cite: «L'intellectuel peut et doit remplir d'abord des fonctions critiques, en travaillant à produire et à disséminer des instruments de défense contre la domination symbolique qui s'arme aujourd'hui, le plus souvent, de l'autorité de la science; fort de la compétence et de l'autorité du collectif réuni, il peut soumettre le discours dominant à une critique logique qui s'en prend, notamment au lexique, mais aussi à l'argumentation (...); il peut aussi le soumettre à une critique sociologique, qui prolonge la première, en mettant à jour les déterminants qui pèsent sur les producteurs du discours dominant et sur leurs produits; il peut enfin opposer une critique proprement scientifique à l'autorité à prétention scientifique.
C'est là que l'intellectuel collectif peut jouer son rôle irremplaçable, en contribuant à créer les conditions sociales d'une production collective d'utopies réalistes.» Pour Jean-Paul Sartre, l'intellectuel «est celui qui refuse d'être le moyen d'un but qui n'est pas le sien et quelqu'un qui se mêle de ce qui ne le regarde pas». Pour Edward Saïd (Des intellectuels et du pouvoir, Seuil, Paris, 1996), l'intellectuel n'est ni un pacificateur ni un bâtisseur de consensus, mais quelqu'un qui s'engage et qui risque tout son être sur la base d'un sens constamment critique, quelqu'un qui refuse quel qu'en soit le prix les formules faciles, les idées toutes faites, les confirmations complaisantes des propos et des actions des gens de pouvoir et autres esprits conventionnels.
Le choix majeur auquel l'intellectuel est confronté est le suivant: soit s'allier à la stabilité des vainqueurs et des dominateurs, soit - et c'est le chemin le plus difficile - considérer cette stabilité comme alarmante, une situation qui menace les faibles et les perdants de totale extinction et prendre en compte l'expérience de leur subordination ainsi que le souvenir des voix et personnes oubliées. Pour Albert Camus (discours de Suède, Gallimard, 1958) l'écrivain «ne peut se mettre au service de ceux qui font l'histoire: il est au service de ceux qui la subissent»: «Notre seule justification, s'il en est une, est de parler, dans la mesure de nos moyens, pour ceux qui ne peuvent le faire.» Mais, ajoute-t-il, il ne faudrait pas pour autant «attendre de lui des solutions toutes faites et de belles morales. La vérité est mystérieuse, fuyante, toujours à conquérir.
La liberté est dangereuse, dure à vivre autant qu'exaltante.» Pour Paul Valéry, le rôle de l'intellectuel est celui de «remuer toutes choses sous leurs signes, noms ou symboles, sans le contrepoids des actes réels». D'autres ont admis que l'intellectuel influence, ou tente d'influencer, l'opinion publique, l'appréhension de ce phénomène, et son acception, tant au niveau théorique que pratique, demeurent toutefois assez superficielles. Pour Noam Chomsky, vision défendue également par Normand Baillargeon ou Jean Bricmont, contrairement à ce qu'écrivent souvent les médias, l'intellectuel, dit organique selon l'expression d'Antonio Gramsci, est avant tout au service de l'idéologie dominante quelle que soit l'idéologie.
Cette analyse est partagée par Edward Saïd pour qui la politique est partout et les intellectuels sont de leur temps, dans le troupeau des hommes menés par la politique de représentation de masse qu'incarne l'industrie de l'information ou des médias; ils ne peuvent lui résister qu'en contestant les images, les comptes rendus officiels ainsi que les justifications émanant du pouvoir et mises en circulation par des médias de plus en plus puissants - et pas seulement par des médias, mais par des courants entiers de pensée qui entretiennent et maintiennent le consensus sur l'actualité au sein d'une perspective acceptable. Pour Michel Foucault, (Dits et écrits II, 1976-1988, Gallimard, Paris, 2001), «pendant longtemps, l'intellectuel dit de ‘'gauche'' a pris la parole et s'est vu reconnaître le droit de parler en tant que maître de vérité et de justice. On l'écoutait, ou il prétendait se faire écouter comme représentant de l'universel. Ce n'est plus le cas». Quel est le rôle de l'intellectuel dans la formation de l'identité et le développement? A- il un rôle édifiant ou, au contraire, son action constitue une controverse à l'évolution harmonieuse de l'identité nationale, au développement culturel et à la prise de conscience sociale? L'intellectuel ne saurait vivre en vase clos. Sa méthodologie pour produire est simple: pour paraphraser le grand philosophe allemand Hegel, méthodologie reprise par Karl Marx dans le Capital, il observe d'abord le concret réel; ensuite il fait des abstractions, les scientifiques diront des hypothèses. Il aboutit à un concret abstrait c'est-à-dire son oeuvre. Si le résultat final permet de comprendre le fonctionnement du concret réel à partir du canevas théorique élaboré, les abstractions sont bonnes. C'est aussi la méthodologie utilisée en sciences politiques pour déterminer le niveau de gouvernance dites des 80/20%. En effet, 20% d'actions bien ciblées ont un impact sur 80% de la société; mais 80% d'actions désordonnées que l'on voile par exemple en Algérie par de l'activisme ministériel et des dépenses monétaires sans se soucier des impacts réels.
Aussi, l'intellectuel se pose entre la réalité et le devenir de l'humain devant tenir compte de la complexité de la société toujours en mouvement d'où l'importance de la multipluridisciplinarité et donc du mouvement de l'histoire. L'intellectuel produit ainsi de la culture qui n'est pas figée, mais évolutive fortement marquée par l'ouverture de la société sur l'environnement englobant l'ensemble des valeurs, des mythes, des rites et des signes partagés par la majorité du corps social et est un constituant essentiel de la culture d'une manière générale, de la culture de d'entreprise, du transfert technologique d'une manière particulière et tenant compte du rôle d' Internet et des nouvelles technologies, ou le monde est devenu une maison de verre, en vue de l'adaptation de la diffusion des connaissances. Les expériences réussies du Japon, des pays émergents comme la Chine et l'Inde montrent que l'on peut assimiler la technologie sans renier sa culture. D'ailleurs, le transfert technologique est favorisé lorsqu' existe une meilleure compréhension des valeurs convergentes et divergentes qui s'établissent entre deux groupes et vouloir imposer ses propres valeurs, c'est établir une relation de domination qui limite le transfert.
En résumé, l'Algérie doit favoriser à la fois la morale (la bonne gouvernance) et le savoir, richesse bien plus importante que toutes les réserves d'hydrocarbures, loin de la mentalité rentière qui a pour but l'enrichissement licite ou illicite sans efforts. D'où le rôle important de l'intellectuel pour remuer les consciences. Qu'il ne se décourage donc pas; même si ses idées ne sont pas prises en compte à court terme, elles contribueront à favoriser à terme l'émergence de forces sociales dynamiques porteuses de progrès, loin des intérêts rentiers.. Dans ce cadre, le rôle de l'intellectuel n'est pas de produire des louanges par la soumission contreproductive pour le pouvoir lui-même en contrepartie d'une distribution de la rente, mais d'émettre des idées constructives, selon sa propre vision du monde, par un discours de vérité.

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