Diversification du portfolio énergétique
Karim Zaghib trace la feuille de route
Les minéraux stratégiques et l’industrie de transformation dans le viseur.

L'illustre Pr Karim Zaghib, chercheur, scientifique, inventeur algérien, vient d'être reçu par le ministre d'État, ministre de l'Énergie, des Mines et des Énergies renouvelables, Mohamed Arkab. La rencontre à laquelle ont assisté la secrétaire d'État auprès du ministre de l'Énergie, chargée des Mines, Mme Karima Tafer, et le secrétaire d'État auprès du ministre de l'Énergie, chargé des Énergies renouvelables, Noureddine Yassaâ, ainsi que des cadres du ministère, a porté sur «les voies de renforcer la coopération scientifique et technique, notamment dans les domaines des énergies nouvelles et renouvelables et du stockage de l'énergie afin de consolider la stratégie de l'Algérie pour réussir la transition énergétique».
Essentiellement, il a été question d'élaborer une vision conjointe globale pour ce qui est de la cartographie des minéraux stratégiques tels que le lithium, le cobalt et le graphite, en lien avec leur intégration dans un processus d'industrialisation liée à la transition énergétique. Il s'agit là d'une vision alliant, au minimum, trois secteurs-clés dans la transition actuelle, en l'occurrence le secteur des énergies renouvelables, les mines et celui de l'industrie. Si les trois secteurs suscités conviennent d'une stratégie efficiente conjointe, l'Algérie sera au rendez-vous avec une véritable révolution industrielle technologique et scientifique sans pareil.
Pour le ministère de l'Énergie et des Mines, il s'agit avant tout de développer un tissu industriel de «transformation et de fabrication des équipements nécessaires dans le domaine des énergies renouvelables». Il est important de souligner que ce chercheur algérien est assez pragmatique dans sa démarche et sa vision pratique dans la gestion des projets de grande envergure, touchant à la transition énergétique et au développement des potentiels dormants dans le pays.
En décembre 2021, nous avons eu l'honneur de l'interviewer au sujet de moult questions concernant, entres autres secteurs, celui des énergies renouvelables, EnR. Déjà, à l'époque où il avait affiché sa disponibilité à apporter son expertise scientifique au pays, il avait parlé de plan d'urgence à entamer rapidement afin d'avancer rapidement dans ce dossier. Il nous avait même gratifié de plans-modèles concernant la gestion des réseaux d'électricité, en suggérant des palliatifs et des modèles technologiquement avancés pour l'emmagasinement de l'électricité et la gestion des réseaux. «Il faut penser au nano-réseau, ou le micro-réseau, ou encore le réseau hybride. Dans le cas des petits villages, où l'accessibilité est difficile, il faut opter pour le nano-réseau. Il faut mettre les panneaux et les doter de batteries, et la maison devienra autonome. Pour ce qui est du micro-réseau, dans un quartier ou un nouveau village, il est parfaitement possible de mettre en place l'énergie solaire dotée de stockage, avec une capacité de 3 à 16 KW. Pour ce qui est des grandes villes, comme Alger où le réseau est saturé lors des pics de consommation, on peut opter pour le stockage de l'énergie, à travers la mise en place de zones de stockage. Et l'énergie éolienne, il ne faut pas la négliger aussi, notamment dans les régions où la force des vents est bénéfique. Il faut penser rapidement à un plan stratégique pour rendre à l'Algérie indépendante des énergies fossiles, gaz et pétrole à l'horizon 2050. Il faut commencer tout de suite», nous disait-il alors.
À une question au sujet du transfert de technologie et de son savoir-faire en Algérie, Zaghib nous a certifié sa disponibilité à oeuvrer dans ce sens. «Mon idée est de ramener en Algérie ce projet que je développe au Canada. Et on commencera de la mine jusqu'à la transition énergétique et tout le reste. Et ce ne sont pas que des paroles. Moi, j'ai déjà eu à monter des projets d'envergure dans différents pays, et je peux vous dire que ça ne peut que marcher. Seulement, il y a des garde-fous à mettre en place pour réussir le projet. D'où le choix des personnes et des parties avec lesquelles doit démarrer ce projet», disait-il encore alors. Appelant à diversifier le portfolio énergétique national, Zaghib a estimé que la gestion des projets doit obéir aux standards «On Time, On budget». À la question d'envisager de transposer son expérience vers l'Algérie, il nous avait rétorqué: «Oui, absolument. Seulement, il faut juste savoir gérer le Focus.... On peut adapter le modèle et le transformer chez nous. Il est également important de trouver les investissements nécessaires, qui peuvent être algériens, comme ils peuvent être des investisseurs étrangers, pour reproduire le modèle en Algérie.»