Attaf à propos de la réforme du Conseil de sécurité
«Il faut réparer une injustice historique»
Le continent doit jouir de la représentation qui lui sied au sein du Conseil de sécurité onusien.

Résonnant comme un écho aux propos du chef de l'Etat à Oyala (Guinée équatoriale) au mois de novembre dernier, Ahmed Attaf a porté, hier à Alger, la voix de l'Algérie et celle de l'Afrique pour une réforme du Conseil de sécurité de l'ONU. Comme l'avait affirmé Tebboune en Guinée équatoriale, lors du 5e Sommet du Groupe des 10 de l'UA concerné par le dossier de la réforme du Conseil de sécurité, le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger a mis en avant l'urgence de réparer une «injustice historique». Pour l'Algérie comme pour l'Afrique, le temps de «libérer» l'organe onusien des griffes des puissances occidentales est arrivé.
Tout le système international qui se trouve injuste car bâti sur la marginalisation de l'Afrique au Conseil, a pointé Attaf. Ce dernier intervenait à l'ouverture de la 11e réunion ministérielle du Comité des 10 chefs d'Etat de l'UA. Cette rencontre se tient dans un contexte international «d'une gravité et d'une complexité extrêmes», a affirmé, d'emblée Attaf. Ce contexte a remis au premier plan des priorités impérieuses dont la première renvoie à la réforme du Conseil de sécurité.
Et au ministre des AE de préciser que si la réforme du Conseil de sécurité est souhaitée et revendiquée par tous, cela ne s'exprime pas de «la même mesure, ni avec les mêmes objectifs nobles et constructifs sur lesquels repose la position africaine commune». Attaf a indiqué, dans ce sens, que l'Afrique veut une réforme qui élimine «l'injustice historique» qui lui est imposée. La preuve? Le continent africain est le seul absent aux sièges permanents du Conseil, et le moins représenté aux sièges non permanents au sein du même Conseil.
Le ministre a expliqué, ensuite, la réforme que l'Afrique veut dans la composante de l'organe onusien.
Premièrement, l'Afrique veut une réforme qui redonne au Conseil son rôle et son efficacité dans le sillage des crises et des conflits successifs qui s'accumulent, aux niveaux régional et international et face à la stérilité des initiatives diplomatiques pour l'élaboration des solutions et règlements escomptés. Deuxièmement, l'Afrique veut une réforme qui place le Conseil à l'abri des tiraillements, des divisions et des polarisations qui ont occulté son rôle à un moment où l'on peut dire que le monde entier a besoin, plus que jamais, de ce mécanisme onusien central, en tant que garant de la légitimité internationale et des principes du droit international et en sa qualité de premier responsable de la sécurité du monde. Relevant qu'il y a de nombreux exemples qui témoignent de la situation grave et exceptionnelle que traversent les relations internationales, Attaf a indiqué que Ghaza, résistante et résiliente, fait face à une guerre génocidaire depuis plus de huit mois, sans que le Conseil de sécurité puisse mettre fin à l'agression israélienne féroce qui lui est infligée ou, tout au moins, lui fournir les moyens de secours et de survie.
Attaf a déploré la recrudescence inquiétante des foyers de tension et de conflit qui affectent ces cinq régions, sans exception, au milieu des risques croissants d'ingérence étrangère, devenue désormais un élément clé pour attiser les conflits et nourrir les divisions entre les enfants d'une même nation et d'une même organisation. «Si une telle situation, avec tout ce qu'elle peut entraîner comme risques et conséquences, ne nécessite pas une réforme du Conseil de sécurité, alors quand et pour quelles autres raisons devrait-elle avoir lieu?» s'est interrogé le ministre. Ce dernier a martelé que l'Algérie croit fermement qu'une réforme du Conseil de sécurité s'impose aujourd'hui, et pas demain. Il a affirmé que cette réforme «n'aura de sens que si elle place au coeur de ses objectifs la satisfaction des revendications de l'Afrique, en distinguant le prioritaire de l'accessoire».
Sur sa lancée, Attaf a précisé que les revendications africaines ne doivent pas rester otages de l'impasse actuelle dans les négociations gouvernementales sur la réforme du Conseil de sécurité en raison des positions divergentes des autres blocs, qu'il est difficile, voire impossible de concilier.
Terminant sur une note d'espoir, Attaf a relevé que «comme il a décroché récemment la représentation permanente au sein du G20, notre continent parviendra, sans nul doute, grâce aux efforts conjoints de l'ensemble de ses enfants, à réparer l'injustice qui lui est imposée depuis longtemps».
Pour Attaf, il est grand temps de mettre un terme à cette injustice de sorte à permettre à l'Afrique de se positionner comme acteur influent qui contribue en toute responsabilité à la préservation de la paix et de la sécurité internationales.
Tebboune reçoit les chefs des délégations du C 10
Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a reçu, hier, à Alger, les chefs des délégations participant à la 11e réunion du Comité des dix de l'Uion africaine pour la réforme du Conseil de sécurité de l'ONU.
Cette rencontre s'est déroulée en présence du ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, et du directeur de cabinet à la présidence de la République, Boualem Boualem, selon un communiqué de la présidence de la République.