L'Expression

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Nous perdons chaque jour des proches, des voisins et des amis

Cruelle situation!

Ne dit-on pas que gouverner c’est prévoir ? Les responsables impliqués de près ou de loin, dans la gestion de la pandémie, doivent s’expliquer devant les Algériens sur cette grave pénurie d’oxygène.

Chaque jour a son lot de deuil. En Algérie, c'est au rythme du décès d'un proche, d'un ami ou d'une simple connaissance que les familles vivent. Les pages des réseaux sociaux sont devenues des annonces nécrologiques et les coups de téléphone stressent plus qu'ils ne font plaisir par peur d'apprendre la perte d'un visage familier. Depuis quelques semaines et avec la hausse vertigineuse des cas de contamination par le coronavirus, en particulier son variant prédominant Delta, les victimes se font de plus en plus nombreuses. Certes, la mort est un passage obligé, mais vivre avec son angoisse et, pendant plus de 17 mois, est la plus cruelle des expériences et c'est ce qu'impose la pandémie de Covid-19. Un choc de nature très différente de celui d'une catastrophe naturelle ou d'un attentat. Car, dans ces derniers cas, les victimes sont identifiées, le deuil est fait et la page est sitôt tournée. Avec ce virus, l'angoisse est permanente. Le citoyen n'a pas seulement peur pour sa vie mais ne sait même plus s'il va croiser encore demain, le voisin qu'il vient de saluer. Une seule certitude: il sait qu'il n'aura pas le droit à une étreinte d'adieu de ceux qu'il aime et qu'il verra partir à jamais. Mais jusqu'à quand? Appelé à nouveau à se reconfiner, l'Algérien est fatigué. Las de continuer à avoir peur. Après 17 mois de l'apparition du virus, il aurait plutôt souhaité reprendre sa vie normalement, même s'il devait continuer à observer des mesures préventives strictes. Or, la situation évolue négativement et les choses se détériorent de plus en plus sur le plan sanitaire. L'Algérie fait face à une 3ème vague des plus ravageuses. Elle aurait pu réduire l'effet du tsunami Delta si l'opération de vaccination n'avait pas enregistré un grand retard. Mais les choses sont ce qu'elles sont et la hausse des contaminations était inévitable. Ne fallait-il pas alors s'y préparer à l'avance? Comment les choses ont-elles pu en arriver là? La gestion de la crise sanitaire peut-être kafkaïenne les premiers mois et face à une situation tout à fait inédite, l'erreur est admise. Mais vivre des pénuries d'oxygène, non pas à la première ou la seconde, mais à la troisième vague du coronavirus alors que le pays en produit suffisamment, est inadmissible! Gouverner, c'est prévoir. Or, ce n'est qu'avant-hier que le premier lot des concentrateurs d'oxygène est arrivé à Alger. Ce n'est qu'hier que les privés ont été autorisés à importer, sans autorisation préalable, leurs concentrateurs personnels et ce n'est que depuis quelques jours seulement qu'une large opération de maintenance des infrastructures et équipements d'oxygène, au niveau des établissements hospitaliers, a été lancée. En attendant que les choses se mettent en place, le «pitié, de l'oxygène!», ce cri des patients qui suffoquent, continuera de déchirer le silence des hôpitaux. Il continuera de résonner dans les têtes de louables médecins qui, pour «fuir» leur cauchemardesque garde, la racontent sur les réseaux sociaux. Qui est responsable de ces scènes douloureuses où des citoyens s'arrachaient des bouteilles d'oxygène pour tenter de sauver un proche qui étouffe au bout du couloir? Qui est responsable de ces malades qui restent la nuit entière à attendre dans un couloir qu'un lit se libère?
Les Algériens qui acceptent la fatalité de la pandémie qui a frappé le monde, ne sont pas fatigués de lutter contre ce virus, mais las de constater que la gestion de la crise ne permet nullement de voir le bout du tunnel. Ils n'ont pas peur de tomber malades mais craignent de ne pouvoir trouver un lit ou une bouteille d'oxygène. Ils n'ont pas refusé de se faire vacciner, mais regrettent la lenteur de l'opération qui pourrait leur assurer une immunité collective et leur permettre enfin de se débarrasser de cette angoisse permanente. Celle de vivre une mort à petit feu.

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