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Report de la visite de Castex en Algérie

Comment l’expliquer?

Le rapprochement entre les deux chefs d’Etat exprime leur volonté politique d’assainir tous les différends. Mais il semble que cette entente dérange au plus haut point des lobbies de l’extrême droite française.

Ça ne se fera finalement pas. La visite du Premier ministre français, Jean Castex, à Alger, qui était prévue ce dimanche, a été annulée sans date précise de report. Si la cause sanitaire est officiellement invoquée, il s'agirait également d'autres raisons qui, du moins, semblent convaincre nombre d'observateurs. D'après les services de Jean Castex, «l'épidémie de Covid-19 ne permet pas à ces délégations de se retrouver dans des conditions pleinement satisfaisantes». Ils ajoutent que «le comité intergouvernemental franco-algérien, cadre prévu pour cette rencontre, est reporté à une date ultérieure, lorsque le contexte sanitaire sera plus favorable». «De sources concordantes françaises et algériennes, le format de la délégation française, réduit en raison de l'épidémie, a été jugé insuffisant par les autorités hôtes, mécontentes, ce qui a précipité cette annulation tardive», a affirmé l'AFP précisant que la visite a été réduite à une seule journée et la délégation à quatre ministres. Un argument qui paraît léger comparé au poids des relations entre les deux pays. Il s'agit là d'un second report depuis le début de l'année du Comité intergouvernemental de haut niveau (Cihn), qui ne s'est pas tenu depuis 2017. Les observateurs se posent donc de nombreuses questions sur celle volte-face à un moment qui devait marquer une nouvelle étape dans le réchauffement bilatéral engagé par les présidents Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune. Le rapprochement entre les deux chefs d'Etat exprime expressément leur volonté politique d'assainir tous les différends. Mais il semble que cette entente affichée dérange au plus haut point des lobbies de l'extrême droite française. Cela a d'ailleurs été évoqué par Mohamed-Antar Daoud, l'ambassadeur d'Algérie en France. Dans l'entretien qu'il a accordé dernièrement à L'Expression, le diplomate a évoqué «l'excellence des relations entre les présidents Tebboune et Macron», estimant que cette volonté politique affichée par les deux chefs d'Etat va permettre à «l'Algérie et la France à connaître des lendemains meilleurs». Mais il n'a pas manqué de citer «des lobbies qui freinent cette coopération et ne souhaitent pas voir une entente cordiale entre l'Algérie et la France». Formellement, l'ambassadeur a parlé de «lobbies organisés, financés par certains milieux que nous connaissons fort bien. Ils n'ont pas intérêt dans un rapprochement entre Alger et Paris. Ils connaissent parfaitement le poids de l'Algérie et de sa diaspora en France, qui englobe la quasi-totalité des secteurs d'activités. On a beau avoir la même religion, appartenir à la même région, mais pas forcément les mêmes intérêts». En fait, dans le couple algéro-français, il y a plus de choses qui les rapprochent que celles qui les séparent. De ce fait et malgré l'existence de ces «trouble-fêtes», la France gagnerait à méditer les qualités de ses relations avec l'Algérie, un partenaire d'«exception» et incontournable dans toute la région de l'Afrique du Nord sur les plans politique et sécuritaire. Les deux pays entretiennent des relations tumultueuses depuis des décennies, fruit de l'histoire coloniale. Une mémoire partagée où le président Macron a fait, certes, beaucoup d'avancées. Des gestes pour tenter d'apaiser cette relation, comme par exemple la reconnaissance de l'assassinat de Ali Boumendjel et de Maurice Audin ou encore une ouverture des archives françaises de la période de la guerre. Des initiatives qui restent cependant en deçà des attentes d'Alger. Il n'empêche que la volonté existe et c'est ce qu'a ressenti le président Tebboune chez son homologue français. Raison pour laquelle il lui a tendu une main sincère en vue de construire une relation apaisée. Lors de sa dernière rencontre avec la presse, Abdelmadjid Tebboune a, d'ailleurs, insisté sur le fait que la Mémoire nationale «ne saurait faire l'objet de renonciation ni de marchandage dans le cadre des relations entre l'Algérie et la France», tout en se disant confiant en l'intégrité du président Macron qui avait, sans détour, qualifié ce qui s'est passé en Algérie durant la colonisation française de «pire que la Shoah» et de «crime contre l'humanité». Outre le dossier mémoriel, il y a également le partenariat économique qui s'est renforcé, ces dernières années, avec la multiplication d'investissement. La présence d'une grande communauté algérienne en France est aussi une question non négligeable dans la relation entre les deux pays. C'est en raison de tous ces points qui lient les deux pays qu'il faudrait que les relations algéro-françaises arrivent à s'émanciper et à solder le passif.

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