L'Expression

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Elles ont exposé leur savoir-faire à Bouira

Ces entreprises qui ont le vent en poupe

Chaque stand raconte une histoire écrite par un exposant avec les moyens qui sont les siens.

La place, hérissée de tentes, a l'air d'un camping. La seule différence est que ceux qui en occupent l'espace ne sont pas des campeurs. La journée de ce mercredi matin est belle. Tout aussi belle la place. D'un de ses gradins, orientés vers l'est, ou d'un de ses bancs, on peut voir le soleil sur Djurdjura se lever, et le suivre longtemps dans sa course dans le ciel. On peut y goûter les plus doux moments sous la lune. C'est que la Place la Concorde est la plus romantique de toute la wilaya. On y jouerait Kateb Yassine ou En attendant Godot!
En face, on a la maison de la culture Ali-Zaamoum (c'est palais qu'on devrait dire, au regard de ses proportions gigantesques, et d'un rose si tendre). Derrière, c'est Draâ El Bordj, l'une des collines les plus hautes de la ville où il y a, à droite, un vrai palais, turc, qui a subi, comme un vieux visage, les outrages du temps et, à gauche, la Cité administrative qui, elle aussi, vieillit et se dépeuple lentement, nombre de directions ayant déménagé pour installer leur siège dans la zone des Parcs, au nord.
Notre visite est riche en rencontres. Car chaque stand raconte une histoire écrite par un exposant avec les moyens qui sont les siens. Celle de l'Angem est sans doute la plus courte. Aucune statistique ne rappelle le nombre d'entreprises ayant bénéficié du dispositif d'aide qui est de 100 millions, ni celui des bénéficiaires. Conventionnée avec la Direction de la formation professionnelle, l'agence nationale se contentera pendant ces deux jours de permettre aux participants de disposer d'un stand pour se faire connaître et faire connaître leurs produits. Au stand suivant, occupé par l'Insim, un institut national qui dispense une formation en BT, BTS CMP et CAP, on se prépare à la rentrée, et la confiance qu'affiche la directrice, ce matin, aux côtés de deux jeunes universitaires nouvellement recrutés, témoigne de la bonne santé de cet établissement qui comptabilise 27 ans d'ancienneté. Autant dire que, depuis ce temps qu'elle est à la tête de cette grande école spécialisée dans l'hôtellerie, le tourisme et d'autres formations comme le BT, BTS etc., Mme Merzouk sait où elle va. Secondée dans sa tâche par ces deux jeunes, elle nous déclarait saisir «cette occasion pour présenter les filières» aux jeunes désireux de suivre une formation qui peut aller jusqu'à deux ans et demi pour un diplôme comme le BTS, par exemple.
Une odeur de terroir
Il fait chaud. En d'autres temps que celui où nombre d'espèces animales et végétales menacent de nous quitter pour toujours, et qu'égoïstes, nous ne songeons qu'à nos aises, en d'autres temps, disions-nous, sans être difficiles, nous aurions entendu autour de nous bourdonner les abeilles. Il y a, pour ameuter la gente mellifère, un bon soleil, comme un pain chaud et, puis, il y a cette odeur sucrée et parfumée qui flotte sur la place. D'autant plus entêtante qu'elle vient du stand à côté. En grosses lettres sur le fond de la toile jaune, à l'adresse des gourmets: pâtisseries et viennoiseries. Vous auriez dit chinoiseries, cela aurait été pareil pour nous. Pourtant, nous avions tous mangé de ce pain-là, fourré de chocolat. Si fin, si doux sur la langue! Toute la famille Naïli est là: le père, pharmacien, la mère prof de sciences, et la fille qui prépare un doctorat en biochimie. Cette famille qui est de Sour El Ghozlane, à la vocation multiple et opposée, se fond dans le creuset d'une seule passion: la pâtisserie et la viennoiserie. C'est surtout la fille qui fait la présentation de ces préparations. Grâce à quoi, nous parvenions à séparer les deux termes. Les deux pièces montées, érigées comme des tours, «un trompe-l'oeil» à la pâte d'amande, attestaient de ce savoir-faire hors du commun, fruit d'une passion exclusive. Un ou deux autres stands encore dédiés à notre gourmandise et nous rompions avec ces délices. Le responsable, Zinedine Gaci, de l'Institut national de Haïzer, même si l'établissement est spécialisé dans l'hôtellerie et le tourisme, a d'autres choses en tête. Son souci, en cette rentrée, est, on le comprend, de faire en sorte que l'année qui commence soit aussi bonne, sinon meilleure que celle qui a précédé pour les quelque 300 stagiaires attendus. La ville de Haïzer s'était, longtemps, disputée au chef-lieu de wilaya la faveur d'accueillir le projet d'université à Bouira. Elle avait même offert son lycée. Cette proposition n'a pas pesé dans la balance, même quand, au début, il n'était question que d'annexe universitaire. Mais, qu'à cela ne tienne, Haïzer a aujourd'hui son Institut national et il rayonne grâce à la qualité de sa formation.
Une féerie de lignes et de couleurs
Il y a soudain comme un hiatus. Comment l'enjamber sans citer ces deux CFPA, dont celui de Dirah, pour arriver au stand suivant réservé à la robe kabyle? Les deux chefs de service de ces deux établissements, dont la préoccupation est de réussir l'insertion sociale des jeunes, ne voyaient-elles pas dans cette journée toutes les prémices de leurs actions futures?
Après tout, quel est le sens de cette journée, sinon de mettre en exergue tout ce qui s'apprend en théorie dans les salles des CFPA et instituts et, en dehors, ce qui s'amasse comme expérience avec les entreprises, et qui correspond à la phrase pratique de cette formation. Que l'on ne fasse donc pas attention à ce qu'ici nous passions de l'institut INSIM à la pâtisserie et viennoiseries et de l'Institut national de Haïzer aux robes kabyles et cela sans presque aucune transition.
Les deux couturières, que nous saluions avec respect, sont toutes deux de M'chdellah. Et toutes deux partagent une passion commune pour la robe kabyle, même si chacune a son style et ses goûts pour les formes et les couleurs. L'une -Ouarab - a un atelier et travaille donc à son compte, l'autre - Haroun - se considérait comme femme au foyer et vit de son métier. «J'ai accepté qu'elle participe à cette exposition, parce que l'une a fait un stage chez nous, et que l'autre est une amie», présentait Mme Hamoudi, prof au CFPA Toudert.
La robe kabyle, il importe de le souligner, sous quelque forme et quelques motifs qu'elle se décline, est un enchantement! Elle n'est pas seulement élégante par le drapé, mais aussi par la bigarrure des couleurs et la façon dont les tons rutilent, font contraste et, peu à peu, se neutralisent et s'harmonisent. Et à cette heure de la matinée où l'astre du jour est à son apogée, chaque pièce de l'ensemble est une source de lumière jaune, rouge, blanche et bleue avec les nuances intermédiaires.
Jeunesse, dynamisme et audace
Vivindus était, comme l'école Insim et Angem, présent à l'exposition précédente. Rien n'a changé, en fait, pour cette entreprise chargée de fournir la logistique aux autres entreprises pour le transport des marchandises et leur commercialisation. En d'autres termes, Divindus DMC distribue et commercialise les marchandises des autres entreprises. Était-ce le même homme que nous avions vu l'année dernière et qui nous donnait ce mercredi ces informations? C'est d'autant plus vrai que même l'emplacement du stand était le même. À tel point que nous avions l'impression de vivre un remake. Aux mots et à la virgule près. Savoir parler en affaire, c'est savoir-faire des affaires. Et pour les affaires, c'est comme pour les courses de chevaux: on ne change pas les mots qui «gagnent». C'est-à-dire les mots qui font mouche. Notre interlocuteur n'était autre que l'assistant directeur de Dvindus DMC. Il s'appelle Khaled Boulil. L'entreprise qu'il codirige est prospère et emploie une soixantaine de personnes. Elle possède 8 camions semi-remorques et des filiales partout dans le pays. Les entreprises qui font le plus appel à elle sont, entre autres, GCB, filiale de Sonatro et Cosider. L'entreprise Divindus SMC est aussi intéressée par la formation que n'importe quel exposant, ce mercredi-là. Le but est de renforcer ses capacités en ressources humaines par une formation continue. La fililale Vivindus DMC a son siège dans la zone des Parcs de Bouira.
Le dernier stand abritait la société Monopro Imo. Un air de jeunesse se respirait sous son toit: devant l'entrée, la jeune fille juchée sur un siège haut et distribuant des prospectus, puis, Mlle Allili, la préposée au service commercial, le directeur Ramdhane Addalou et les deux jeunes qui s'affairaient autour de lui en arrière fond de la tente. Le groupe, composé de dix filières (Bonagro, Bonagri, Bona Schol, Bonapro Imo, etc.) est lui-même jeune et, à l'air de jeunesse qui régnait en ce lieu, s'ajoutait, subrepticement, un air de gaieté. L'un va de pair avec l'autre, c'est fatal! La responsable du commerce présentait le groupe. C'est une Eurl qui a fait de la promotion immobilière son cheval de bataille, et dont le siège est à M'chedellah.
D'autres entreprises et établissements, ici présents, portés à bout de bras par des responsables, jeunes, dynamiques, audacieux et entreprenants, à l'instar de l'Insim, pâtisserie et viennoiserie, Institut national de l'hôtellerie et du tourisme, Vivindus GMC ou Bonapro Imo ont le vent en poupe. Et en ces temps «marasmatiques», cela faisait chaud au coeur.

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