Retour aux importations des viandes rouges et blanches
Ce qu'il faut savoir
Il s'agit d'éviter l'exclusion d'une partie de la population qui ne parvient pas à suivre la courbe des prix.
Le gouvernement a décidé la reprise des importations de viandes rouges après 4 années d'interruption. Cette décision est accompagnée par un retour de la viande blanche étrangère après près de trente années d'interdiction d'importation. Cette libéralisation du marché des viandes en Algérie, intervient après une série de tentatives de régulation du marché par la seule intervention des pouvoirs publics, à travers ces propres outils. L'Onab et Alivar, deux entreprises publiques ont été chargées par le ministère de l'Agriculture d'intervenir sur ces deux filières à l'effet de stopper la hausse des prix des viandes. Un constat d'échec a été établi à l'occasion de la fameuse campagne du Ramadhan des deux dernières années où des importations d'appoints réalisées par Alviar pour les viandes rouges et des stockages de tonnes de poulets par l'Onab, concernant la viande blanche. L'intervention de ces deux entreprises n'a eu aucun effet sur le marché. Pis encore, le monopole public a fait ressurgir des scènes de longues files d'attente devant les points de vente, très insuffisants en nombre, au regard de l'étendue du territoire. L'inefficacité de ces opérations censées réguler le marché en période de forte consommation est expliquée par le président de la Fédération nationale des importateurs de viande par la faiblesse de la production nationale, Sofiane Bahbou. «Les derniers recensements des cheptels ont mis en évidence le fait que la production nationale de viande ne couvrait pas le niveau de consommation des Algériens. Ce qui rend les importations épisodiques sans impact sur les prix», soutient-il. Ce retour de l'importation de manière permanente est «une bonne chose», estime Bahbou du fait que le déficit est structurel. Dans l'état actuel des choses, il n'y aura pas une corrélation entre la seule production nationale et les prix des viandes, sans combler le déficit qui, loin de l'offre et de la demande oblige, se transforme en inflation sur le marché. Et pour cause, les derniers chiffres révèlent que l'Algérie consomme 20 kg de viande par an. En multipliant par
44 millions, on tombe sur un niveau de production insuffisant pour répondre à la demande. D'où la hausse des prix et un dysfonctionnement de la répartition de la viande produite qui ne se trouve que dans les assiettes des Algériens de la classe aisée. Il s'agit donc d'éviter l'exclusion d'une partie de la population qui ne parvient pas à suivre la courbe des prix. C'est en cela que «l'ouverture des importations est une très bonne décision», souligne notre interlocuteur.
Sofiane Bahbou note que «la tutelle a autorisé l'importation de viande fraîche en carcasses, accompagnées de leurs foies, que celles-ci soient d'origine bovine ou ovine. La viande bovine sous vide en carton fait partie de la liste de produits ouverts à l'importation. En sus, il y a lieu de souligner que, pour la première fois depuis près de trois décennies, la viande blanche fraîche est également autorisée à l'import». De fait, la viande surgelée, rouge comme blanche, ne figure pas parmi les produits concernés par cette opération, insiste Sofiane Bahbou, qui note le maintien du refus de l'État quant à l'importation de viandes surgelées. Le message principal qu'il y a lieu de transmettre à l'opinion nationale, tient du fait, explique le président de la Fédération nationale des importateurs de viandes, qu'«il ne faut pas voir le retour des importations comme une sanction de la production nationale. Cette dernière a aussi besoin de sérénité pour se développer, mais aussi de concurrence saine. Mais avant cela, il faut bien se rendre à l'évidence que le pays a connu des situations particulièrement difficiles sur le plan climatique. La sécheresse pour le cheptel ovin et bovin et les incendies dans des zones de production de viandes blanches, en plus de la grippe aviaire, ont négativement impacté la production nationale. En attendant une reprise de celle-ci, il ne faut pas la mettre sous pression et lui donner le temps de se refaire». Ainsi l'appoint que constitue l'importation est en réalité une sorte de soutien aux filières nationales, à condition bien entendu qu'un travail sérieux soit accompli pour retrouver des niveaux de production suffisants pour la consommation local et peut-être même pour dégager des excédents à l'export. Dans l'immédiat, l'équation est on ne peut plus simple. L'État a un double devoir, celui de protéger les opérateurs économiques contre la faillite et dans le même temps, il doit veiller au pouvoir d'achat des citoyens. Sofiane Bahbou présente une solution à cette équation en proposant une interaction entre l'État, les producteurs et les importateurs. «Si des chiffres consolidés de la production nous parviennent régulièrement, nous nous engageons à réduire, s'il le faut les importations de manière mécanique, à la semaine même, pour éviter l'effondrement des prix et des faillites dans la filière». La proposition est faite.