Sécurité au sahel
Ce qu’Alger peut apporter
Les récents messages de félicitations de Poutine à Tebboune attestent d’une volonté russe de densifier les relations entre les deux pays.
La première conférence ministérielle du Forum de partenariat Afrique-Russie, s'est ouverte, hier, à Sotchi, en Russie. Représentée par son ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, l'Algérie prend part à cette rencontre, avec l'ambition de contribuer à la concrétisation des recommandations issues du 1er et 2e sommets du Forum de partenariat Afrique-Russie, en sa qualité de principal partenaire politique et stratégique de la Russie en Afrique. Le communiqué du ministère des Affaires étrangères qui annonce la tenue de ce forum précise que «les travaux de la réunion porteront sur les voies et perspectives de renforcement du partenariat Russie-Afrique dans nombre de domaines prioritaires pour les deux parties».
Cette forme de consultation multilatérale a l'avantage d'avancer plus vite sur certains dossiers complexes qui peuvent concerner plusieurs pays. Il reste que l'Afrique a beaucoup à gagner dans ce genre de rencontres, en ce sens que la Russie dispose d'un savoir-faire développé dans nombre de secteurs, dont l'énergie nucléaire qui intéresse déjà le Burkina Faso, ainsi que le Rwanda. Ce pays a formulé, hier, l'ambition de profiter de l'expertise russe dans ce domaine. Outre cet aspect du partenariat, le continent est surtout demandeur de soutien au développement, à la formation de compétences dans de nombreuses filières, ainsi qu'à la sécurité pour certains pays confrontés au terrorisme et à l'instabilité politique.
Dans le domaine de la sécurité, force est de constater que la solution apportée par la Russie a tendance à séduire plusieurs chefs d'État africains. Dans le centre de l'Afrique et au Sahel, les dirigeants des pays, confrontés à la violence des bandes armées, n'ont pas hésité à réclamer l'aide de la Russie et l'ont obtenue. En cela, l'Algérie qui prône les solutions inclusives et politiques dans la recherche des solutions aux problèmes des États, est un acteur précieux dans la donne sécuritaire, notamment au Sahel où une guerre au Niger a bel et bien été évitée grâce à son interposition. Aujourd'hui, la situation dans ce pays est en voie de normalisation et des actions de développements y sont menées en partenariat avec l'Algérie et le Nigeria, notamment dans la réalisation du gazoduc transsaharien.
Ce bel exemple de réussite dans la gestion des questions sécuritaires, tient son origine dans le refus des ingérences étrangères. Le cas du Niger est applicable au Soudan, à la Libye, au Mali. Cette conviction algérienne a certainement été évoquée par les ministres algérien et russe qui s'étaient rencontrés, ce vendredi, à l'arrivée d'Ahmed Attaf à Sotchi.
Les deux hommes ont effectivement «échangé les vues sur les questions les plus importantes aux niveaux régional et international», rapporte le même communiqué du ministère des Affaires étrangères qui rappelle que la région du Sahel, figurait bel et bien dans l'agenda des discussions entre les deux chefs des diplomaties algérienne et russe. Il faut dire que, compte tenu des circonstances exceptionnelles qui ont cours dans cette région du continent, Alger et Moscou ont, en commun, des interlocuteurs dans les gouvernements, actuellement en bute avec des problèmes de sécurité. Il va de soi que dans certains de ces États, les crises sécuritaires ont un soubassement politique et les concepts changent d'un pays à l'autre. Le mot «terroriste» ne peut pas s'employer partout, comme celui d'«ingérence» d'ailleurs. Il reste qu'en raison de la densité de leurs relations politiques, l'Algérie et la Russie ont beaucoup plus intérêt à s'écouter l'un l'autre.
C'est ce qu'ils font, notamment sur «l'état et les perspectives des relations de partenariat stratégique» entre les deux pays. Ahmed Attaf et Sergueï Lavrov ont évoqué «la mise en oeuvre des conclusions de la visite d'État effectuée par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, en Russie en juin 2023». Une visite historique qui a confirmé le caractère exceptionnel et stratégique du partenariat entre les deux pays.
Le déplacement du président Abdelmadjid Tebboune à Moscou et les «discussions qu'il a eues avec son homologue Vladimir Poutine», constituent un fait majeur dans les relations entre les deux pays. Les récents messages de félicitations pour la réélection du président Tebboune et celui, à l'occasion du 70e anniversaire du 1er Novembre, attestent d'une volonté russe de densifier les relations entre les deux pays.