UNION MAGHRÉBINE
Au-dessus des divergences
La sortie incohérente de Mohamed El Yazghi n’ a fait, en fin de compte, que montrer les limites d’un «politicien».
Le 50e anniversaire du congrès des partis du Maghreb arabe a été célébré dimanche à Tanger sur fond de chicanes au sujet de l´indépendance du Sahara occidental. La sortie incohérente du ministre d´Etat marocain et dirigeant socialiste, Mohamed El Yazghi, n´ a fait, en fin de compte, que montrer les limites d´un «politicien». Ce dernier qui, sans user de ses facultés de discernement, a appelé les dirigeants maghrébins et particulièrement le président algérien, à soutenir le projet d´autonomie proposé par Rabat aux fins, estimera-t-il, de «sortir le dossier du Sahara de l´impasse». Abdelaziz Belkhadem qui a pris part à cet événement important en sa qualité de SG du FLN, a su répondre à la provocation. Il s´est contenté, en effet, de rappeler les positions de principe de l´Algérie, consistant à soutenir tous les peuples en lutte pour arracher leur droit à l´autodétermination.
Le brouhaha du «Sahara marocain» qui a submergé la salle abritant les festivités ne l´a pas fait sortir de la réserve qui s´impose dans ces moments dédiés à la construction du Grand Maghreb. Un projet nourrissant depuis des décennies les espoirs de millions de Maghrébins aspirant à l´Union et à la force. Belkhadem, après avoir rappelé que «l´histoire retiendra qui a été à l´origine du blocage», affirmera à l´AFP, que «le corps de l´UMA n´est pas mort.»
Abbas El Fassi, Premier ministre marocain, fera preuve, lui aussi, de «sagacité», en rappelant les «limités» à l´ordre. El Fassi qui a fait remarquer à l´assistance que «la question du Sahara est sacrée au Maroc» précisera: «On ne va pas la résoudre dans cette salle, mais avec justice, objectivité et calme». Indiquons, par ailleurs, que les partis présents à cette commémoration du cinquantenaire de la Conférence de Tanger d´avril 1958, sont l´Istiqlal et l´Usfp du Maroc, le FLN, le RCD de Tunisie, le GCP de Libye, le Pnnd et le RFD de Mauritanie. Les responsables de ces partis ont adopté, en présence du secrétaire général de l´UMA, le Tunisien Lahbib Benyahia, une déclaration commune dans laquelle ils appellent les cinq chefs d´Etat à oeuvrer pour la levée des obstacles qui se dressent devant la redynamisation du projet de l´union. Les partis ont appelé, en outre, à relancer les institutions de l´UMA et à tout mettre en oeuvre pour relancer la coopération économique, sociale et culturelle, et favoriser ainsi l´intégration des pays du Maghreb. Ladite déclaration comporte également un appel à la consolidation des acquis démocratiques dans chaque pays et faire face aux nouveaux défis qui imposent la nécessité d´assurer la paix et la sécurité des peuples de la région. Il a été décidé d´institutionnaliser cette rencontre qui sera renouvelée une prochaine fois à Tripoli, en Libye.
Il convient de rappeler que le congrès historique de Tanger qui s´est déroulé du 27 au 30 avril 1958, avait réuni, outre le FLN, le parti marocain de l´Istiqlal et le parti tunisien le Néo-Destour. Les développements de la lutte de Libération en Algérie figuraient à l´ordre du jour des travaux du congrès qui avait affirmé le principe de la solidarité entre les peuples du Maghreb et l´unité des pays de la région.
Réunis au palais Marshan de Tanger, les leaders de ces partis étaient animés, à l´époque, d´une forte volonté de concrétiser l´union des pays de la région qui leur permettra de se tailler une place dans le concert des nations. Un objectif dont la réalisation est devenue plus pressante encore aujourd´hui dans un monde où l´on écrase les petits.