LES FORCES AFRICAINES REJOIGNENT LES FRANÇAIS
6000 hommes seront déployés au Mali
L'opération militaire française mobilise 750 soldats qui passeront progressivement à 2500 hommes.
Les chefs d'état-major ouest-africains étaient réunis hier à Bamako. «Nous parlerons de l'engagement auprès du Mali pour libérer le Nord», a déclaré le général Soumaïla Bakayoko, chef d'état-major de l'armée ivoirienne, lors de la rencontre.
Les premiers éléments des 900 soldats nigérians seront déployés aujourd'hui dans le cadre d'une force africaine, a déclaré le porte-parole des armées, le colonel Yerima. La force africaine, qui devrait compter au moins 3300 hommes, sera commandée par le général nigérian Shehu Usman Abdulkadir. Le Nigeria a annoncé, la semaine dernière, que le commandant et une équipe technique de l'armée étaient déjà sur place afin de préparer les opérations. Le Nigeria possède l'armée la plus importante des 15 pays de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest chargés de constituer la force d'intervention africaine. Le Niger a déclaré que 500 de ses soldats participeraient à la force africaine, tout comme le Sénégal, le Burkina Faso et le Togo. Le Bénin a dit vouloir envoyer 300 hommes, le Ghana a promis 120 hommes. Selon des sources militaires françaises, Paris prévoit de tripler sa présence française au Mali pour parvenir à un total de 2500 hommes sur le terrain. Le président François Hollande a déclaré que le nombre de militaires au Mali était de 750 et que leur nombre allait continuer à augmenter. Hollande a évoqué une participation du Tchad et des Emirats sur le plan logistique ou financier. Les Etats-Unis fourniront l'aide nécessaire, a déclaré le secrétaire à la Défense, Leon Panetta, excluant tout déploiement de forces américaines sur le terrain. La France a pointé une mobilisation minimale et des absences un peu regrettables de l'Europe au Mali. La chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a annoncé la tenue d'une réunion exceptionnelle des ministres des Affaires étrangères de l'UE, probablement jeudi prochain. L'UE pourrait déployer 500 militaires. Le chef de la mission, le général François Lecointre, pourrait également être officiellement nommé jeudi prochain. Une dizaine de pays européens ont annoncé leur intention de participer à cette mission dont le budget a été réévalué à 12 millions d'euros pour un mandat de 15 mois. La Belgique s'apprêtait à proposer l'envoi de deux avions C-130 et d'un hélicoptère médicalisé, a indiqué son ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders. Le Canada va aussi livrer une aide logistique, mais pas l'Allemagne. Une colonne d'une quarantaine de véhicules blindés français venus de Côte d'Ivoire est arrivée dans la nuit de lundi à mardi derniers à Bamako, a indiqué le conseiller médias du détachement français dans la capitale malienne. Sur le terrain, les forces françaises ont bombardé, dans la nuit de lundi à mardi derniers, les jihadistes dans la localité de Diabali, dans l'ouest du Mali, à 400 km au nord de Bamako, prise la veille par les islamistes dirigés par Abou Zeïd d'Al Qaîda.
Les autorités françaises avaient tenté de minimiser la prise de Diabali à l'ouest où se trouvent les éléments les plus structurés. Mais les jihadistes ont abandonné leurs fiefs dans le Nord, comme Gao et à Tombouctou. Mais ce qui pourrait apparaître comme une débandade de ces groupes, n'est qu'un repli stratégique, estime Jean-Marc Brisard, expert en affaires de terrorisme. Ils se sont repliés dans les régions montagneuses autour de Kidal. Les jihadistes disposent de fusils d'assaut kalachnikov, de fusils de précision, de mitrailleuses légères de 7,62 mm et de mitrailleuses lourdes de 12,7 et de 14,45 mm. Ces dernières peuvent être montées sur la plate-forme des pick-up tout comme les bitubes antiaériens de 14,5 mm ou de 23 mm (de conception soviétique) qui portent jusqu'a 2 500 mètres. Ces armes, conçues pour tirer sur des avions ou des hélicoptères volant à basse altitude, sont en fait utilisées par les combattants du désert, explique Eric Denécé, directeur du Centre français de recherche sur le renseignement.