L'Expression

{{ temperature }}° C / {{ description }}

Cité introuvable.

Au Maroc, le PJD risque de laisser des plumes aux prochaines législatives

Une loi qui tombe à pic

A la mi-mars, un projet de loi a été présenté au Parlement marocain où il a obtenu le soutien de toutes les formations, au nombre de 7 dont 4 représentées à l'hémicycle, tandis que le PJD, parti islamiste de la Justice et du Développement s'y est opposé vainement. Conduisant, depuis une décennie, la coalition gouvernementale qui «dirige» le pays, le PJD se voit clairement fragilisé par la nouvelle loi et, cela, même s'il remporte les prochaines législatives, prévues en automne. En effet, l'avenir devient de plus en plus sombre pour un parti qui s'est enlisé dans les compromis, voire les compromissions, avec le palais. Après avoir campé dans une opposition plus ou moins formelle, pendant des années, le PJD a obtenu un résultat historique aux élections de 2011, en pleine bourrasque du Printemps arabe, et il s'est alors imposé en tant que gouvernement, muni de prérogatives largement insuffisantes pour peser face à celles du roi Mohamed VI. En 2016, il avait réussi à déjouer les pronostics en conservant sa place de premier parti, tout en perdant quelques plumes au passage. Mais lors des prochaines consultations électorales, il lui faudra faire face à une loi qui déterminera le quota d'élus en fonction de nouveaux calculs dont les observateurs disent qu'ils seront fatals au parti islamiste, dans le cas où il parviendrait à conserver le même score qu'en 2016: avec 80 à 85 sièges, sur les 395 que compte le Parlement, il se retrouvera loin du compte de l'époque lorsqu'il s'est vu attribué 125 sièges et la conduite des affaires gouvernementales.
A l'évidence, cette loi n'est pas venue par hasard. Elle montre que le Makhzen n'a guère apprécié les réticences, sinon les résistances, du PJD au lendemain de l'annonce par Mohamed VI de la normalisation avec l'Etat sioniste en échange de la reconnaissance par l'administration Trump d'une prétendue «marocanité» du Sahara occidental. Plus encore, le roi et son entourage ont pris acte des nombreuses manifestations contre la mesure censée valoriser l'apport hébraïque à la culture marocaine en l'enseignant aux élèves dans les établissements publics. Du coup, il fallait trouver un moyen, bête et méchant, pour renvoyer le PJD à ses chères études et c'est pourquoi la nouvelle loi est apparue, à point nommé, pour écarter le favori des prochaines législatives qui ne pourra prétendre à une désignation en tant que chef du gouvernement et à une majorité parlementaire lui assurant une continuité de sa charge, dans l'attente de jours meilleurs.
Si les formations rivales se frottent les mains, persuadées d'accéder toutes à la prochaine assemblée, il en va tout autrement pour la formation islamiste qui commence à réaliser à quel point la politique du compromis peut s'avérer contre-productive. Déjà, nombreuses sont les voix qui disent ouvertement que le PJD n'a plus de majorité politique, qu'il a perdu son crédit au sein de la population écrasée par la double crise socio-économique et épidémique et qu'il doit, bon gré mal gré, céder la place. Son premier responsable et actuel chef du gouvernement, Saad Eddinne El Othmani peut bien dénoncer «un recul qui affaiblit les institutions de manière inédite dans l'histoire du Maroc», il lui faut, d'ores et déjà, comprendre qu'il a beau être consensuel, par rapport à son prédécesseur Abdellilah Benkirane qui a «suspendu» son adhésion au parti pour dénoncer la normalisation, le temps est venu pour le Makhzen de jouer une autre carte, dès lors que 60% des Marocains ne font confiance à aucun des partis existants.

De Quoi j'me Mêle

Placeholder

Découvrez toutes les anciennes éditions de votre journal préféré

Les + Populaires

(*) Période 7 derniers jours