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Nouveau virage de Pedro Sanchez, en visite à Rabat

Une démarche incohérente

Sanchez qui était accompagné du ministre des Affaires étrangères José Manuel Albares, a été reçu à dîner, cette fois, par le roi Mohamed VI qui l'avait totalement ignoré, lors de sa précédente visite.

Pour une 3ème visite au Maroc depuis mars 2022, mercredi dernier, le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, a encore surpris tout le monde, avec une nouvelle volte-face qui a provoqué un tumulte politique au sein de la coalition qui l'a maintenu à son poste. Accueilli à l'aéroport de Rabat par son homologue marocain, Aziz Akhannouch, avec lequel il a eu un entretien conclu par la réaffirmation du soutien de Madrid au plan fumeux d'autonomie du Sahara occidental, c'est- à -dire à sa prétendue marocanité, Sanchez qui était accompagné du ministre des Affaires étrangères José Manuel Albares, a été reçu à dîner, cette fois, par le roi Mohamed VI qui l'avait totalement ignoré, lors de sa précédente visite. Le même Sanchez, décidément trop virevoltant en terme de politique et de diplomatie, avait déclaré, voici quelques mois seulement, devant l'Assemblée générale de l'ONU, que son pays adhère pleinement aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et au plan onusien de décolonisation qui découle du statut de puissance administrante de l'Espagne. C'est, d'ailleurs, sur cette donne que l'Algérie avait pris acte du rétropédalage persuadée qu'il s'agit bien, cette fois, de l' ancrage respectable et respectueux d'un engagement solennel pris devant 193 pays membres des Nations unies. Et pourtant! Le 21 février dernier, Sanchez a, encore une fois, tourné casaque, ayant à ses côtés le MAE Albarres, attendu une semaine plus tôt à Alger, mais dont la visite a été annulée par l'Algérie qui prend acte de la duplicité du gouvernement espagnol.
La preuve en est que Sanchez est allé, mercredi, plus loin dans son soutien au Makhzen que lors de la déclaration de mars 2022. Cette nouvelle pirouette diplomatique du chef actuel du Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE) est, une fois de plus, critiquée de toutes parts, en Espagne, et notamment par le parti populaire (PP, droite) de Alberto Núñez Feijóo, la gauche radicale de Podemos et les formations catalanes, favorables à l'autodétermination du Sahara occidental.
Quant aux médias ibériques, ils ne se trompent pas en jugeant cette escapade, les uns, «précipitée» et les autres «plus bénéfique pour Rabat que pour Madrid».
Dès hier, le voyage improvisé de Sanchez à Rabat a donc provoqué une onde de colère dans toute l'Espagne. Prenant acte de la déclaration du Premier ministre espagnol à l'ONU, l'Algérie avait transcendé 19 mois de crise diplomatique, en dépêchant un nouvel ambassadeur à Madrid et en relançant les relations économiques. Dans un entretien à Al-Jazeera, le ministre des AE et de la Communauté nationale à l'étranger, Ahmed Attaf, avait expliqué, en décembre 2023: «L'Espagne est le pays qui a colonisé le Sahara occidental et elle a une responsabilité particulière envers le Sahara occidental... Nous n'avons pas accepté cette facilité avec laquelle elle a annoncé son soutien au plan d'automonie (du Maroc, ndlr)», changeant sa position «à 180 degrés». «Ce qui a donné le feu vert a la réévaluation de nos relations avec l'Espagne, c'est le discours prononcé par Pedro Sanchez à l'Assemblée générale des Nations Unies et il a (encore) changé de position», conforme à celle de l'Union européenne (UE). C'est ce que l'Algérie demandait. La position de l'UE est alignée sur le processus de l'ONU, visant à parvenir à une solution politique, juste, durable et mutuellement acceptable, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité». Il semble qu'une fois de plus, Pedro Sanchez a perdu de vue cette référence, persuadé que sa stratégie de caméléon politique et diplomatique finit toujours par payer et qu'en définitive, seul compte le résultat. Il oublie, cependant, que son gouvernement est composé de courants contradictoires et qu'il est lui-même tributaire de ses multiples reniements. Au plan interne comme extérieur, la position du gouvernement Sanchez s'avère donc aussi incertaine qu'incohérente.

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