L’ancien président américain Jimmy Carter est mort à l’âge de 100 ans
Un «vrai homme d’État»

L’ex-président américain Jimmy Carter est mort dimanche, à l’âge de 100 ans, à Plains sa ville natale de Géorgie, dans le sud-est des États-Unis, provoquant une pluie d’hommages de ses successeurs à la Maison- Blanche et des chefs d’État dans le monde. Le président sortant Joe Biden a décrété une journée de deuil national, le 9 janvier, en l’honneur du démocrate, encensé par de nombreux dirigeants étrangers pour son engagement en faveur de la paix et des droits humains, longtemps après la fin de son unique mandat (1977-1981). « Jimmy Carter, 39e président des États-Unis et lauréat du prix Nobel de la paix en 2002, est décédé paisiblement dimanche 29 décembre à son domicile de Plains, en Géorgie, entouré de sa famille », a annoncé sa fondation Carter Center, dans un communiqué. « Mon père était un héros, pas uniquement pour moi, mais pour tous ceux qui croient en la paix, aux droits de l’homme et à l’amour désintéressé », a déclaré Chip Carter, le fils de l’ancien dirigeant démocrate. Biden a annoncé des funérailles nationales à Washington sans préciser de date.
L’ancien président démocrate, surnommé affectueusement par le peuple américain « Mister Chips », parce qu’il a fait fructifier l’entreprise familiale de plantation d’arachides, est entré dans l’histoire comme architecte des accords de Camp David qui, en mars 1979, avaient abouti au premier traité de paix entre Israël et l’Égypte. Mais cette avancée devait être ternie par la crise des otages en Iran. Le 4 novembre 1979, des étudiants prennent d’assaut l’ambassade américaine à Téhéran et retiennent en otage une cinquantaine de diplomates et employés. Jimmy Carter rompt aussitôt les relations avec l’Iran et lui impose un embargo commercial, tandis qu’une opération militaire « secrète », un 24 avril 1980, pour libérer le otages tourna au fiasco.
Washington se tourne alors vers Alger pour une médiation auprès de l’Iran, alors que le mandat de Carter, très critiqué par l’ensemble des Américains pour la chute du Shah d’Iran et cette prise d’ otages, voit ses espoirs d’un second mandat s’éteindre. Le 39e président des États-Unis qui avait sacrifié une brillante carrière militaire pour s’occuper de la plantation familiale, né le 24 octobre 1924 à Plains, a quitté la Maison- Blanche en 1982, pour fonder le Carter Center chargé de promouvoir le développement, la santé et la résolution des conflits à travers le monde. La crise des 52 otages avait duré 444 jours au bout desquels l’image de Jimmy Carter avait été tristement assombrie, mais l’homme a poursuivi courageusement son combat, allant même jusqu’à sortir un livre dans lequel il dénonçait vigoureusement l’ « apartheid » et le racisme israéliens envers les Palestiniens des territoires illégalement occupés. Pour mémoire, un diplomate américain, John Limbert, déclarait 40 ans plus tard, dans un message vidéo sur Facebook, intitulé « Merci l’Algérie » : « Je tiens à remercier le gouvernement et le peuple algériens pour leur action humanitaire et diplomatique. En tant qu’ancien otage, je n’oublierai jamais le rôle de nos collègues diplomates algériens, à l’instar de l’ambassadeur Redha Malek à Washington et l’ambassadeur Abdelkrim Gheraïeb à Téhéran… Je ne puis oublier les médecins algériens à Téhéran, les équipages des avions d’Air Algérie qui nous ont transporté d’Iran et l’accueil chaleureux qui nous a été réservé à 3h du matin dans le froid de janvier à l’aéroport Houari-Boumediene», ajoutait-il. Rappelant « avoir eu la chance, cinq ans plus tard, de travailler comme 1er secrétaire à l’ambassade américaine en Algérie », le diplomate américain a assuré que sa famille et lui n’oublieront pas « la bonté et l’hospitalité du peuple algérien ». « Jamais je n’oublierai votre amitié et ce que vous avez fait pour nous. Mes meilleurs vœux au peuple fier de ce beau pays », avait conclu John Limbert. Leur libération avait eu lieu le 20 janvier 1981 après un travail acharné de la médiation algérienne, chaudement saluée par Ronald Reagan, successeur de Jimmy Carter à la Maison- Blanche. Éprouvé par le décès de son épouse et fidèle compagne de route, Rosalynn, le 19 novembre 2023, à l’âge de 96 ans, malgré un hommage national et un enterrement à Plains, Jimmy Carter était aussi le premier chef d’État américain à reconnaître la République populaire de Chine. En 2002, il est récompensé du prix Nobel de la paix, pour «ses décennies d’efforts infatigables afin de trouver des solutions pacifiques à des conflits. Chrétien humaniste aux idées progressistes, une chose totalement impensable dans l’Amérique d’aujourd’hui, le monde se souviendra de « sa solidarité avec les plus vulnérables, sa grâce constante et sa foi inébranlable dans le bien commun et notre humanité commune », a déclaré hier le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres.