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113 Cadres claquent la porte d'Ennahdha en Tunisie

Un parti pris contre Ghannouchi

Rien ne va plus pour Rached Ghannouchi qui, deux jours plus tôt, lançait un appel à la contestation des nouvelles mesures prises par le président tunisien Kaïs Saïed. Hier, ce sont pas moins de 113 membres de son parti, Ennahdha, et pas des moin-dres puisque certains sont des dirigeants du mouvement, députés, cadres du parti, anciens ministres, membres du Conseil de la Choura (bureau politique) et élus locaux, qui ont claqué la porte. Pour expliquer leur démission collective, ils ont diffusé un communiqué, daté du samedi 25 septembre 2021, dans lequel ils expliquent que leur décision est prise au lendemain d'une réunion du conseil de la Choura. Ils entendent par un tel geste assumer pleinement leur responsabilité dans l'échec de réforme du parti, dénonçant l'absence de démocratie et son pendant, à savoir l'accaparement du pouvoir ainsi que des décisions par un cercle proche de Rached Ghannouchi. Parmi les signataires du communiqué, figurent Samir Dilou, Abdellatif Mekki, Jamila Ksiksi et Mohamed Ben Salem, qui considèrent que le mouvement Ennahdha est pleinement responsable de la détérioration de la situation en Tunisie, ouvrant ainsi la voie au «coup d'Etat» opéré par le président Kaïs Saïed. Dans une intervention sur la radio Jawhara Fm, Samir Dilou, un des signataires évoqués plus haut, assure que de multiples causes sont à la base de la démission de plus d'une centaine de cadres du parti, parmi lesquelles les questions principales concernent «notre échec dans la réforme, et ceci n'est un secret pour personne, et la conscience qu'il n'existe plus aucune possibilité de réforme, compte tenu du refus du président du parti Rached Ghannouchi et de ses proches de toute tentative». Conséquence logique de cet état de fait, estiment les démissionnaires, «l'état d'isolement dans lequel se trouve désormais Ennahdha ne lui permet plus de faire partie d'une action commune pour lutter contre l'illégitimité constitutionnelle et le coup d'Etat du 22 septembre. A cause de sa politique parlementaire, il (Ennahdha, ndlr) a écarté tous ses amis». La crise couvait depuis longtemps déjà. Voici un an, des membres du Conseil de la choura pressaient Ghannouchi d'engager un débat interne à travers lequel le parti devait opérer sa mue et faire émerger de jeunes dirigeants, capables de maintenir le cap auprès de la base militante. En vain, la centaine de réfractaires justifiant, aujourd'hui, la crise politique du parti et du pays par les «mauvais choix» que Ghannouchi a multiplié au fur et à mesure que la Tunisie s'enfonçait dans un marasme alarmant. Ce sont, disent-ils, ces mauvais choix qui ont plongé le pays dans une crise multidimensionnelle, aggravant la crise politique qui a atteint son paroxysme en juillet dernier. A leurs yeux, Ghannouchi est donc à la fois responsable de «l'isolement du mouvement» et d' «une grande partie de la dégradation de la situation générale» de la Tunisie. Rached Ghannouchi, 80 ans, président du parti et chef du Parlement, avait, dans un entretien accordé à un média français, tenté d'ouvrir un front contre le président tunisien et son «pouvoir absolu». Reconnaissant que le mouvement Ennahdha est «responsable partiellement de la crise» qui a entraîné le coup de force du chef de l'Etat, il a balayé les critiques qui le visent au sein de son propre parti. Or, les 113 membres démissionnaires ont pointé «les mauvais choix politiques de la direction du mouvement», dont des accords de coalition conclus avec d'autres partis au Parlement, pour atteindre la majorité des sièges. Avec ces «alliances politiques inappropriées», des lois ont été adoptées qui «ont nui à la crédibilité d' Ennahdha», assurent les contestataires de la ligne Ghannouchi, une ligne de plus en plus compromise. Dans un tel contexte, une vingtaine d'organisations de défense des droits humains tunisiennes et internationales ont dénoncé, hier, les décisions «unilatérales» du président Kaïs Saïed, qu'elles ont qualifiées de «dérive sans précédent» au motif que le décret 117, paru mercredi dernier, officialise l'abrogation d'un ordre constitutionnel à l'origine de la crise que traverse la Tunisie.

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