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TUNISIE PREMIER VENDREDI SANS BEN ALI

On a prié pour les martyrs

Cela fait une semaine que le maître de Carthage a fui la Tunisie pour se réfugier en Arabie Saoudite.

C´est pour la première fois, depuis plus de vingt ans, que le nom de Zine El Abidine Ben Ali n´a pas été cité dans les sermons de la prière du vendredi. Dans les mosquées tunisiennes, les imams ont prié, hier, pour la mémoire des «martyrs» victimes de la répression du régime despotique de Ben Ali, qui a duré près d´un mois. «Prions à la mémoire de nos martyrs qui se sont sacrifiés pour qu´on vive libres», lance l´imam à la fin de son sermon. «Amine», répondent en choeur les centaines de fidèles qui remplissent la mosquée Al-Fatah, sise à l´avenue de la Liberté dans le centre de Tunis. La prière coïncide avec le premier des trois jours de deuil national annoncés jeudi par le gouvernement de transition à la mémoire des victimes de la répression. Ils sont 78 selon le gouvernement, une centaine selon les Nations unies. L´imam, un nouveau dont personne ne connaît le nom, a remplacé celui, officiel, de l´ancien régime qui a «tout simplement disparu», indique un fidèle.
Le religieux demande à la foule la «prière de l´Absent», après celle de chaque vendredi, en signe de deuil et d´hommage aux victimes de la répression.»L´ancien imam du vendredi, Ali Habboura, nous a menti chaque semaine pendant des années», murmure un vieux fidèle, Taoufic Bérinji. C´est à la demande du ministère des Affaires étrangères que cette «prière de l´Absent» a été dite, mais le ton du sermon a rompu avec le passé.
«D´habitude, l´imam lance des incantations du genre» que Dieu bénisse notre président Zine El Abidine ben Ali», fait remarquer un fidèle, Anas Tamallah, 26 ans, alors qu´un banquier, Hédi Joudi, acquiesce. Peu avant le début de la prière, un groupe de jeunes installe une pancarte avec la photo de Mohamed Bouazizi, en habit de président, et une liste d´un «gouvernement d´honneur» composé des «martyrs de la Révolution».
Mohamed Bouazizi, 26 ans, un jeune tunisien de Sidi Bouzid (260 km de Tunis), s´était immolé devant les bureaux du gouverneur (préfet), le 17 décembre, pour protester contre la saisie musclée par la police de son étal de fruits et légumes. Son geste de désespoir a déclenché la révolte qui a embrasé ensuite tout le pays.
A la grande mosquée de la Zitouna, au coeur de la Médina de Tunis, le responsable de l´administration, Mokhtar Ben Tekhiat, a indiqué à l´AFP que le sermon ne comportait aucune mention à Ben Ali, que la propagande officielle présentait comme «le protecteur de la nation et de la religion».
Sous le régime de Ben Ali, les mosquées étaient étroitement surveillées au nom de la lutte contre les islamistes, et les sermons inspirés, sinon écrits, par le ministère des Affaires religieuses.
«Aucun écart n´était permis et on était épié par les indicateurs de la police qui, au lieu de regarder vers l´imam pour entendre le sermon, lui tournaient le dos pour surveiller les réactions des fidèles», se rappelle M.Joudi.
Une «grande révolution». C´est en ces termes que l´imam de la mosquée Al-Fatah qualifie, pour sa part, le soulèvement de la population et invite «les jeunes à la préserver», en appelant à un «retour à l´Islam qui est un rempart contre les tentations et les dérives».

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