Selon les derniers sondages, le RN a le vent en poupe
Les surprises d'un scrutin
Les sondages se bousculent alors que tous les regards se portent sur le prochain scrutin des législatives anticipées, convoquées à la surprise générale par le président français Emmanuel Macron au lendemain du choc des résultats des Européennes qui ont placé l'extrême droite bien avant sa formation «majoritaire» Renaissance. Selon un sondage paru vendredi, le Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen est crédité de 250 à 300 sièges dans la future Assemblée nationale, et le plus inquiétant est qu'il pourrait franchir le cap des 289 sièges synonymes de majorité absolue.
L'étude Odoxa commandée par Le Nouvel Observateur estime à 33% les intentions de vote favorables au RN et à 28% celles qui iraient au Nouveau Front Populaire (NFP), l'alliance de la gauche, tandis que la famille macroniste obtiendrait 19%. Partant de là, elle évalue la projection en sièges dans l'hémicycle à 160 - 210 députés pour le NFP, 70 -
120 pour la formation présidentielle et 10 - 50 pour Les Républicains et divers droite non ralliés au RN. Fait intéressant, elle envisage un taux de participation à hauteur de 64%, très inattendu depuis celui des législatives de 2022. Ces postulats sont également proposés par une autre étude, celle d'IFOP Fiducial, qui aboutit aux mêmes conclusions, à quelques variantes près.
Cela étant, la prudence reste de mise dans la mesure où certains facteurs peuvent interférer pour changer la donne, notamment au second tour pour lequel il y aura nécessairement des consignes de désistement entre les uns et les autres. L'ambiance est donc fiévreuse et la perspective d'un virage politique radical, à droite comme à gauche, préoccupe un grand nombre de Français, y compris au sein des communautés d'origine immigrée. Celles-ci, on le sait, figurent parmi les cibles «privilégiées» du Rassemblement national qui ne cache pas son intention d'en découdre avec l'Histoire et de «venger l'affront» de la décolonisation contrainte et forcée. Aussi, la mobilisation relève-t-elle du devoir moral pour être à la hauteur du défi et rompre avec une longue tradition d'expectative. D'une manière générale, tout le monde s'attend au lendemain d'un scrutin aussi décisif à ce que la France traverse «plus de bordel», surtout si les résultats définitifs ne donnent aucune majorité claire et mettent entre parenthèses sa «capacité à agir».
Autre sujet de préoccupation, l'impact d'un triomphe du RN à la fois sur les relations entre l'Algérie et la France ainsi que sur notre communauté dans l'Hexagone. Des scénarios multiples sont à prévoir et doivent d'ores et déjà être disséqués, partant du principe que l'arrivée du RN aux commandes est par nature facteur de remise en cause de plusieurs accords entre les deux pays. Mais n'allons pas trop vite en besogne car, au jeu des alliances, il est plus que probable qu'une majorité républicaine pourrait émerger face à la menace de l'extrême droite et préserver l'ordre naturel des choses, contre vents et marées.
En outre, on a sous les yeux l'exemple probant de l'Italie où le parti d'extrême droite de Giorgia Meloni a pris le pouvoir sans pour autant bouleverser l'équilibre des institutions et des composantes de la société. Car il y a toujours loin du programme à sa mise en application, cela les syndicats peuvent vous en conter à loisir.