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Élections régionales au Venezuela

Les «explications» de la défaite de l'opposition

«L'opposition qui revenait affrontait l'opposition qui était restée» afin de mesurer leurs forces respectives et se battre pour le leadership, résume le politologue Jesus Castillo Molleda. Au lieu de «s'unir pour battre Maduro, on préfère se battre entre nous», soulignait un opposant juste avant le scrutin.

L'opposition vénézuélienne a subi dimanche une cinglante défaite lors des élections régionales, incapable de battre Nicolas Maduro, au pouvoir depuis 2013 et pourtant fragilisé par une crise économique sans précédent qui a fait chuter le PIB par tête de ce pays pétrolier au niveau de Haïti. Le pouvoir a remporté 20 des 23 postes de gouverneur et la mairie de Caracas, selon les résultats provisoires, bien que l'opposition ait rompu dimanche avec sa stratégie de boycott (présidentielle 2018, législatives 2020). Mais sa division a été une des principales causes de sa déroute. «La division et le manque de reconnaissance de certains nouveaux leaders ont été la cause des défaites», estime l'universitaire Pedro Benitez. L'opposition s'est scindée en deux blocs: la Mud (Bureau de l'unité démocratique) qui avait survolé les législatives de 2015 face au pouvoir et l'Alliance Démocratique (AD), composée par les partis qui avaient refusé le boycott de 2020.»L'opposition qui revenait affrontait l'opposition qui était restée» afin de mesurer leurs forces respectives et se battre pour le leadership, résume le politologue Jesus Castillo Molleda. Au lieu de «s'unir pour battre Maduro, on préfère se battre entre nous», soulignait un opposant juste avant le scrutin. Les conséquences ont été désastreuses sur ce type de scrutin à un seul tour sans possibilité de report de voix. «La principale division c'est l'abstention», note M. Benitez. «Le Chavisme (du nom de Hugo Chavez, figure de la gauche radicale latino-américaine et défunt prédécesseur de M. Maduro) gagne avec 18% du corps électoral». L'opposition a paru désabusée ou démotivée, incapable de mobiliser ses troupes.»Le pouvoir sait mobiliser sa machine électorale pour faire voter ses militants» au contraire de l'opposition qui n'a pas su attirer les siens, estime un observateur. «Il y a un terrible échec de l'opposition ou des +oppositions+. Elles n'ont pas réussi à proposer un message attractif pour créer une dynamique de mobilisation» souligne Daniel Varnagy, docteur en sciences politiques. La «présidence intérimaire» de Juan Guaido, reconnue par une cinquantaine de pays voulant évincer Maduro du pouvoir s'est essoufflée depuis 2019, incapable de motiver les électeurs.»Il faut repenser la feuille de route», reconnaît Tomas Guanipa, candidat battu de la Mud à la mairie de Caracas.
La réunification de l'opposition avec des leaders incontestés «c'est beau sur le papier mais comment y parvenir?», affirme le politologue Ricardo Sucre.»Le discours dominant de l'opposition en ce moment c'est de faire la morale» avec des accusations comme «‘'Tu es un vendu!''. Si ça, ça ne change pas, il n'y pas de coordination stratégique possible». Une partie de l'électorat «ne s'est pas mobilisé parce que se sentant trahi», par l'absence de changement politique. «C'est un message pour l'opposition comme le pouvoir», dit-il. Le Chavisme a aussi usé de son pouvoir pour fragiliser l'opposition. La MUD ou plutôt la liste unique de l'opposition a par exemple été interdite pendant 3 ans et finalement autorisée cinq mois avant le scrutin lors d'une concession du pouvoir. Le pouvoir a aussi marginalisé le parlement élu, contrôlé par l'opposition (2016-2020, en faisant élire une assemblée constituante en 2017 ou réduit le rôle des gouverneurs opposants en créant des protectorats dirigés par des préfets (protecteurs) et concentrant l'essentiel des ressources des Etats. Le chavisme a ainsi «vidé» le vote de son sens, estime M. Benitez. «Le message était clair: ton vote ne sert à rien. Les gens ont perdu la foi dans le vote et l'opposition avec sa ligne erratique y a aussi contribué».

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