Les «discussions» reprennent au Caire
La trêve comme chemin de croix
Depuis New-York, hier, le chef démissionnaire du bureau des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), le Britannique Martin Griffiths, a exigé que «des comptes soient rendus pour cette trahison de l'humanité» que constitue l'agression criminelle du sionisme contre une population civile assiégée, affamée et meurtrie à Ghaza. Le haut responsable onusien condamne, en outre, une «indignation mondiale» qui, en définitive, «a si peu fait pour y mettre fin, laissant place à une si grande impunité». «Pour les habitants de Gaza, écrit Griffiths, devenu la bête noire du sionisme et de tous ses soutiens occidentaux, les six derniers mois de guerre n'ont apporté que mort, dévastation et désormais la perspective imminente d'une famine honteuse, créée par l'homme». Ce terrible résumé de la situation intervient au moment où l'administration Biden clame sa «détermination» à arracher un cessez-le-feu temporaire et n'hésite pas, en ce sens, à demander à l'Egypte et au Qatar d'user de leur influence pour obtenir du Hamas qu'il accepte les termes d'un «accord pour une trêve» auquel Washington reste attaché, malgré un bilan aussi honteux que tragique.
Il a suffi, pourtant, de la mort regrettable des sept humanitaires de l'ONG World Central Kitchen à Ghaza, cyniquement abattus par un drone de l'armée sioniste, pour que le président Biden et ses proches crient à la «tragédie de trop» sans que cela n'annonce, pour autant, un bémol quelconque dans leur soutien inconditionnel à l'allié israélien. Si impatience il y a eu, c'est bien par rapport aux otages et non pas comme ils le prétendent à la «crainte» d'une agression ultime à Rafah puisque le but avoué de l'opération sioniste, abondamment nourrie par l'intendance militaire américaine en bombes et en avions de guerre, vise au nettoyage ethnique de l'enclave palestinienne même si les Etats-Unis affirment s'y opposer plus ou moins. Le président Joe Biden avait quelques raisons de hausser le ton face à Netanyahu puisque, dans son propre entourage familial, on estime qu'«il faut que ça s'arrête». Surtout, la grogne monte au sein même de la Chambre des représentants où plus de trente élus démocrates parmi les poids lourds du parti ont exigé, vendredi, dans un communiqué, «l'arrêt total des transferts d'armes» au profit de l'entité sioniste, et ce après l'attaque sioniste contre les humanitaires de l'ONG américaine WCK et face à «la crise humanitaire qui ne cesse de s'aggraver». Symbole éminent de cette levée de boucliers, l'ex-présidente de la Chambre, Nancy Pelosi, conduit les élus réfractaires.
D'où le changement de ton de la Maison -Blanche envers Netanyahu et son équipe extrémiste mais le SG de l'ONU a bien raison de considérer que tout cela ne change pas grand chose à la tragédie qui affecte Ghaza tant les «mesures» agitées par Washington et son allié barbare sont d'ores et déjà «insuffisantes» au vu d'une enclave palestinienne en proie à une horreur jamais égalée depuis la Seconde Guerre mondiale, soutien «inébranlable» à Israël que Biden n'a jamais cessé d'affirmer, depuis le 7 octobre, et qui constitue un des piliers de la politique étrangère des Etats-Unis, fait que l'entité sioniste est assurée de toujours recevoir des milliards de dollars d'aides américaines militaires et autres, pour les besoins de leur propre domination dans la région.