L’arbre qui cache la forêt

Amère victoire pour le président américain sortant Joe Biden qui reste sous le feu des critiques pour son soutien inconditionnel à la guerre génocidaire contre la population civile de Ghaza, triomphe à peine modeste pour son successeur qui rentre lundi à la Maison- Blanche. La trêve obtenue à Doha par les négociateurs qataris, égyptiens et américains après d’âpres et incertaines concertations entre le Hamas palestinien et l’entité sioniste garde une large dose de fragilité. En effet, le jour même, le Premier ministre sioniste Netanyahu a, comme à son habitude, accusé le Hamas d’avoir ignoré certaines dispositions de l’accord, propos aussitôt démentis par le mouvement de résistance palestinien. De fait, cet accord reprend les principes émis par Biden en mai dernier, vite balayés par Netanyahu malgré les efforts incessants des négociateurs. L’Algérie qui a fait de la question palestinienne son credo et une priorité absolue de son exercice en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité de l’ONU qu’elle préside durant le mois en cours ne peut que saluer une avancée « historique » qui n’est pas sans rappeler le rôle que notre pays a joué dans la solution de la crise des diplomates américains, libérés le 20 janvier 1981, après 444 jours de drames, et quelques minutes après l’investiture du Républicain Ronald Reagan vainqueur de la présidentielle face au démocrate Jimmy Carter. Le rôle de l’émir du Qatar, Cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, a été considérable, tant du côté du Hamas que des émissaires pour le Proche-Orient des présidents Biden et Trump qui ont, tous deux, pesé fortement sur Netanyahu pour le retour des prisonniers sionistes, réclamés depuis des mois par les milliers de manifestants israéliens. Joe Biden qui a montré un soutien inconditionnel de l’agression barbare sioniste et a fourni des dizaines de milliards de dollars en armements n’en trouvera pas pour autant une quelconque reconnaissance de l’aile gauche du parti démocrate et des électeurs américains musulmans et arabes., comme l’indique le communiqué au vitriol du Council on American-islamic Relations. Son rival républicain, Trump, n’avait pas quant à lui la pression d’une élection par laquelle Netanyahu pouvait imposer les mêmes conditions. En outre, les incertitudes concernant la politique du bouillant milliardaire ont peut-être pesé dans ce dénouement inattendu. Toujours est-il que cette trêve ne constitue pas un cessez-le-feu définitif, assorti d’une solution conforme aux résolutions pertinentes des Nations unies sur le droit du peuple palestinien à un État indépendant avec El Qods-Est comme capitale.
L’Algérie qui poursuit la bataille pour le recouvrement de ce droit imprescriptible mesure toute l’importance d’une sécurité la plus large possible dans toute la région moyen-orientale, y compris la sécurité maritime, et si la trêve ouvre la voie à l’offre de paix arabe en 2002, alors le processus de paix engagé ne sera pas cet arbre qui cache la forêt.