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Chef de la diplomatie américainne et homme des missions impossibles

Henry Kissinger s'éteint à 100 ans

Premier secrétaire d'Etat américain juif, il a fait attention à ne pas mettre en avant cette identité, en particulier en présence de Richard Nixon, connu pour ses remarques antisémites.

C'est ce qu'on a appelé «la diplomatie de la navette»: il y a près de 50 ans, Henry Kissinger sillonnait le Moyen-Orient, cherchant à bâtir un nouvel ordre mondial mené par les Etats-Unis après la guerre d'octobre entre l'entité sioniste et des pays arabes. Ce titan de la diplomatie américaine, décédé mercredi à l'âge de 100 ans, laisse derrière lui un héritage très controversé dans une grande partie du monde mais est salué aux Etats-Unis pour son rôle de médiateur, même si, aujourd'hui, l'agression sioniste contre Ghaza dévoile la véritable visage de l'oppression coloniale sioniste. En 1973, Henry Kissinger est au sommet de son influence, le président Richard Nixon étant empêtré dans le scandale du Watergate. Kissinger comprend que le président égyptien, qui sera par la suite assassiné, souhaite relancer l'économie de son pays alors en difficulté au lieu de concentrer son attention sur l'ennemi sioniste.»Il a très vite compris l'ouverture stratégique qu'offraient le président Sadate et ses actions», déclaré Gordon Gray, un ancien diplomate américain, ajoutant qu'Henry Kissinger pouvait être un négociateur «très tenace» lorsque c'était nécessaire.»Ce qu'a compris Kissinger, c'est qu'une fois que l'Egypte n'était plus en confrontation avec Israël (...), la capacité des autres acteurs arabes ayant des revendications - la Syrie, la Jordanie, l'Organisation de libération de la Palestine - serait considérablement diminuée», explique Salim Yaqub, historien de la politique étrangère américaine à l'université de Californie à Santa Barbara.
Kissinger, adepte d'une vision réaliste des relations internationales, considérait que tous les pays poursuivaient avant tout leurs propres intérêts et se refusait à parler d'accords de paix, mais plutôt d'accords visant à empêcher une guerre. L'un de ses principaux objectifs est d'affaiblir l'Union soviétique rivale, qui perd à l'époque l'Egypte comme alliée.

Une stratégie à la fois «brillante» et «destructrice», selon M. Yaqub. Kissinger estimait qu'Israël pourrait ainsi conserver plus facilement les territoires occupés depuis 1967, à savoir la Cisjordanie, El Qods-Est et le plateau du Golan, ainsi que la bande de Ghaza, dont le Hamas a depuis pris le contrôle en 2007. En 1976, après la victoire de Jimmy Carter face à Gerald Ford, Henry Kissinger quitte ses fonctions.

Le nouveau président démocrate souhaite installer une nouvelle forme de politique étrangère fondée sur les droits humains. Henry Kissinger, dont la famille a fui l'Allemagne nazie, a été le premier secrétaire d'Etat américain juif mais il a fait attention à ne pas mettre en avant cette part de son identité, en particulier en présence de Richard Nixon, connu pour ses remarques antisémites.
Le diplomatique a néanmoins fait face à des accusations selon lesquelles il aurait cherché à retarder la livraison d'armes vers Israël en 1973, espérant que les pays arabes seraient plus aptes à négocier avec des victoires militaires. Lors d'une conversation dans le bureau ovale, Henry Kissinger s'est moqué des appels israéliens demandant à Washington de faire pression sur Moscou pour que la Russie laisse les Juifs émigrer, déclarant que les Etats-Unis ne s'en préoccuperaient pas même si l'Union soviétique «mettait les Juifs dans les chambres à gaz». Ce commentaire, révélé en 2010, a donné lieu à quelques rares excuses publiques de la part de Kissinger. L'héritage diplomatique encore présent d'Henry Kissinger, grande figure controversée de la politique extérieure américaine à l'époque de la Guerre froide, a été salué par plusieursgrandes puissances occidentales après l'annonce de son décès à l'âge de 100 ans. Initiant le rapprochement avec Moscou et Pékin dans les années 1970, Henry Kissinger a vu son image ternie par des pages sombres de l'histoire des Etats-Unis, comme le soutien au coup d'Etat de 1973 au Chili, l'invasion du Timor oriental en 1975 et la guerre du Vietnam. En 1974, Dear Henry comme l'appelait la presse américaine a transmis au président Houari Boumediene peu après son discours historique au nom du mouvement des Non-Alignés, à la tribune des Nations unies, sur le nouvel ordre mondial une invitation du président Richard Nixon. L'entretien auquel ont assisté Kissinger et Bouteflika, en qualité de MAE, a été particulièrement chaleureux et a scellé des relations plus fortes entre l'Algérie et les États-Unis.

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