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Rached Ghannouchi, entre faits et défaite

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En Tunisie, les jeux sont faits et le président Kaïs Saïed a gagné son pari. Ni le parti Ennahdha ni ses alliés n'ont procédé à la moindre autocritique, se limitant à appeler de leurs voeux un retour à la case départ, comme si les évènements qui ont failli plonger le pays dans un véritable chaos n'avaient pas existé. Pourtant, de notoriété publique, ils en sont largement responsables et la grogne qui a gagné, petit à petit, la capitale après avoir secoué les villes de l'intérieur les a nommément désignés en cela.
L'artisan de cet imbroglio politique reste, cependant, le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi et en voilà les raisons. Dès le lendemain des élections d'octobre 2019, il a commis la première erreur en cherchant, par tous les moyens, à s'emparer du poste de président de l'Assemblée des Représentants du Peuple (ARP), le Parlement tunisien. Pour y parvenir, il n'a pas hésité à composer avec son ennemi de la campagne électorale, Nabil Karoui, le chef de Qalb Tounes. Et c'est grâce aux voix du second parti au sein du Parlement que Ghannouchi s'est installé au perchoir. A partir de là, pensait-il, il pourrait sans difficulté aucune présider au destin de l'ARP et du gouvernement qui découlerait de son choix en tant que formation première, conformément à la Constitution de 2014. Dans ses calculs les plus étroits, il a alors choisi non pas de proposer le secrétaire général d'Ennahdha, Ziad Laâdhari, dont l'expérience et la maîtrise des choses gouvernementales résultaient de plusieurs postes ministériels depuis 2014, mais un obscur lampiste, Habib Jamli qui serait taillable et corvéable à merci. Si avec Laâdhari, Ennahdha aurait pu gouverner sans difficulté aucune et sans aucun accroc avec le président Kaïs Saïed, tel ne fut pas le cas avec Jamli qui n'avait ni la science ni la patience diplomatique du sus- nommé. Parce qu'il est natif du Sahel, une région que les islamistes détestent farouchement, Laâdhari s'est donc vu préférer Jamli dont la candidature essuya un camouflet auprès du Parlement, ce qui a privé ensuite Ghannouchi de sa prérogative de nommer un chef du gouvernement issu du parti.
La balle était dès lors entre les mains du chef de l'Etat qui n'en demandait pas tant! Constitution oblige, l'échec de Jamli donnait à Kaïs Saïed la faculté d'entrer dans la danse et il n'allait pas s'en priver. Elyas Fakhfakh choisi, à l'heure du débarquement du Covid-19, Ghannouchi va lui imposer un choix cornélien en exigeant d'importants ministères et autres hautes fonctions de l'Etat, dont une partie pour remercier Nabil Karoui de son soutien pour le perchoir. Soumis à des pressions, puis au chantage puis carrément à la motion de censure, Fakhfakh qui ne cède pourtant pas est transpercé devant l'opinion publique avec la révélation du conflit d'intérêt qui va entraîner sa chute, une motion portée par Ennahdha, Qalb Tounes et al Karama mettant fin à son parcours de quelques mois à peine.
Convaincu d'avoir repris la main pour nommer le nouveau chef du gouvernement, Ghannouchi est surpris par la démission de Fakhfakh, en accord avec le président Saïed, qui garde alors la mainmise sur la procédure et désigne Hichem Mechichi, énarque en charge de l'Intérieur et proche de Carthage qu'il tenait informé du moindre fait dans le pays. Ghannouchi réédite le scénario Fakhfakh et obtient, cette fois, la moubayaâ de Mechichi qui retourne la veste afin d'obtenir le soutien de la majorité au Parlement. Mais ses bourdes et son indécision finiront par exploser au grand jour, d'autant que la pandémie de Covid atteint des proportions catastrophiques. De son côté, le président Saïed, après avoir anticipé la manoeuvre de Ghannouchi et bloqué la prestation de serment du gouvernement Mechichi, joue la montre et laisse gonfler la crise. Très vite, l'impopularité de Mechichi va rivaliser avec celle de Ghannouchi alors qu'au sein de l'ARP les joutes deviennent de vrais crêpages de chignon, les députées Samia Abbou et Abir Moussi y étant même agressées, à plusieurs reprises. Pour le peuple tunisien, la cause était entendue et la colère a investi la rue pour les conséquences que l'on connaît. Aux dernières nouvelles, Ghannouchi chercherait à partir à l'étranger pour organiser la riposte, l'émir du Qatar ayant tenté de convaincre le président Kaïs Saïed de permettre cette escapade «pour raison de santé». En vain, puisque les services du chef de l'Etat agacé, n'ont donné aucune information sur cet entretien téléphonique.

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