L'Expression

{{ temperature }}° C / {{ description }}

Cité introuvable.

Covid-19 : le douloureux réveil après des semaines de coma

Ils s'appellent tous les deux Raul, ne se connaissent pas, mais ont été de longues semaines en réanimation dans le même service d'un hôpital de Buenos Aires. Avant de vaincre finalement le Covid-19.

Raul Almiron, 45 ans, n'arrive toujours pas à y croire. Cet Argentin a passé 170 jours dans l'unité de soins intensifs de l'hôpital El Cruce Nestor Kirchner, situé dans la périphérie de Buenos Aires.

Pendant la majorité de son hospitalisation, il a été plongé dans un coma artificiel pour supporter la ventilation mécanique destinée à l'aider à respirer.

 

"J'ai vu beaucoup de gens mourir, des enfants dire au revoir à leurs parents à travers la vitre, je ne voulais pas que mes enfants vivent ça", confie le rescapé à l'AFP.

Fin juillet 2020, ce jardinier a commencé à se sentir mal. Sur le moment, il ne pense pas au coronavirus. Mais son état empire rapidement.

Le 1er août, il est transféré à l'hôpital. "Le même jour, on me plongeait dans le coma", raconte le quadragénaire qui souffrait d'hypertension artérielle et d'obésité.

Il pesait 115 kilos à son entrée à l'hôpital, 64 à la sortie.

Quelques minutes après que les médecins lui ont annoncé qu'ils allaient l'intuber, Raul Almiron a fermé les yeux et demandé à Dieu "une deuxième chance".

Quelques mois avant sa contamination, il s'était séparé de sa femme et devait s'occuper de ses sept enfants, âgé de 5 à 23 ans.

"Je pensais tout le temps à mes enfants, à ce qu'ils allaient devenir", raconte-t-il.

Quand il s'est réveillé près de deux mois plus tard, il avait "des câbles de tous les côtés". "Je ne pouvais pas croire dans quel état j'étais", explique-t-il.

A plusieurs reprises, ses médecins ont cru le voir mourir.

Ensuite est venu le temps de "la dépression, de la panique". "J'ai eu beaucoup de mal à lâcher le respirateur. Un jour un infirmier m'a dit : +écoute, il y a sept personnes qui attendent+". Cela lui a donné la force d'avancer.

Il a réappris à marcher, mais il va encore devoir affronter une longue période de convalescence. Il a une épaule paralysée et se sent très faible.

"Mes enfants doivent me laver, me changer", raconte-t-il à l'AFP depuis sa modeste maison de la banlieue de la capitale.

- "Jamais chez le médecin" -

Sans le savoir, Raul Almiron a partagé plusieurs jours en réanimation avec Raul Gutiérrez, 37 ans, dont la situation au départ était bien différente.

Propriétaire d'une salle de sports dans la province de Buenos Aires, Raul Gutiérrez s'entraînait intensément pour participer à un concours de culturisme prévu en décembre 2020.

Mais fin juin, après une réunion de famille avec ses deux filles, il a commencé à sentir de la fièvre. Quelques jours plus tard, un médecin du service de réanimation de l'hôpital El Cruce lui annonçait qu'il allait être intubé pour pouvoir respirer artificiellement.

"J'avais terriblement peur car je ne savais pas si j'allais me réveiller. J'ai écrit à mon père, à mes filles, à ma copine. Je n'allais jamais chez le médecin, je n'avais jamais mal nulle part", dit-il.

Il a rouvert les yeux quarante jours plus tard.

"Je pensais qu'on m'avait abandonné. Autour de moi des infirmières et des médecins, tendus, entraient et sortaient, avec leur masque, leurs lunettes et leur visière. Je ne pouvais bouger ni les bras, ni les jambes, je ne pouvais pas parler en raison de la trachéotomie" effectuée pour l'intubation.

L'expérience a été terrible : "Je rêvais que j'étais mort et qu'on était en train de me veiller", raconte-t-il.

Le 5 septembre, il a été transféré dans un service de soins conventionnel et quelques jours plus tard, il a été autorisé à quitter l'hôpital.

Mais sa convalescence lui a encore pris des mois.

"Maintenant, je donne de l'importance à d'autres choses, je jouis des choses simples" de la vie, confie le trentenaire qui souffre encore de séquelles : un manque de force dans les pieds, de souplesse dans les genoux et un fort impact psychologique.

"J'ai peur de traverser à nouveau ce que j'ai vécu", souffle-t-il.

De Quoi j'me Mêle

Placeholder

Découvrez toutes les anciennes éditions de votre journal préféré