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Dernières révélations sur l’annulation de la rencontre entre Alger et Paris

Les raisons d’un faux bond

Face à cette nouvelle péripétie dans les relations Algéro-Françaises, demeure l’essentiel : la confiance qui a réussi à s’établir entre les présidents Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron.

Brusque coup de tonnerre dans un ciel qui s'annonçait d'un bleu serein pour l'avenir des relations Algéro-Françaises.
Cette visite «si grandiose» était pourtant perçue comme le signe évident d'un nouveau réchauffement entre Alger et Paris. Le couple Algérie- France allait, soutenaient les observateurs, mettre un terme à cette brouille qui recelait tous les ingrédients d'une crise conjugale.
Un enthousiasme exprimé d'ailleurs, par les ambassadeurs des deux pays reçus à L'Expression. Fraçois Gouyette et Mohamed-Antar Daoud n'ont pas manqué d'exprimer leur optimisme de voir les relations des deux pays prendre un nouvel élan.
Cette fête allait pourtant être gâchée. On annonce dès jeudi à 24h, de sa tenue, de par et d'autre, son report sine die.
Pour justifier ce faux bond, Matignon a prétexté, dans une déclaration rapportée par l'AFP, les conditions induites par la crise sanitaire. Un argument qui prête à sourire sachant que l'Algérie est l'un des rares pays dans le monde à maîtriser la pandémie de Covid-19, en témoignent d'ailleurs, les chiffres infinitésimaux du nombre des contaminations et des décès.
Qu'en est-il réellement?
Des sources autorisées à Alger ont révélé à L'Expression une série de raisons ayant conduit à ce nouvel «incident de parcours» entre les deux pays.
Quelques heures avant ce «gâchis», à Alger, tout était fin prêt pour accueillir ce rendez-vous qui s'annonçait sous de bons auspices. Cette réunion qui ne s'est pas tenue depuis 2017 allait enfin faire revivre une coopération et un partenariat qui étaient presque éteints. Résultat de ce retard engendré depuis quatre ans: un amoncellement de dossiers importants, sinon urgents qui devaient trouver leurs issues lors de ce grand rendez-vous.
Au début, Paris n'annonçait-il pas déjà en fanfare que pas moins de 10 ministres, en plus de nombreux hommes d'affaires, allaient débarquer à l'aéroport international Houari Boumediene au soir du 10 avril, pour «ferrailler» pendant deux jours avec leurs homologues algériens et dégager la piste à un nouvel envol dans nos relations? Puis «l'imprévu» se produisit. Si au début c'était une délégation forte de 10 ministres français qui accompagnaient Castex, on fait savoir par le canal diplomatique habituel qu'elle en est réduite à huit puis, quelques jours plus tard, à quatre pour annoncer, à la veille du rendez-vous, que seuls deux ministres feront partie du voyage de Jean Castex à Alger. Seulement deux ministres! Comme ce «dégraissage» de la délégation n'avait pas suffi, Matignon rogne encore sur la durée de la visite pour la raccourcir à quelques heures au lieu de deux journées retenues depuis le début. Comment en est-on arrivé là? À Alger, les choses devraient être ce qu'elles devaient être. Pour ne pas parler de méprise, on avancera l'hypothèse, charitable, d'un flagrant manque de volonté politique.
Grossière manoeuvre de certains milieux politiques français qui n'arrivent toujours pas, presque 60 ans après l'indépendance, à s'affranchir du lourd boulet des séquelles de la guerre d'Algérie. À ce stade, Alger a dit Basta! Elle est dans son droit de rejeter, et en toute souveraineté, «le sous-format» proposé par la partie française. « Il y a de la mauvaise foi et on a l'impression qu'il s'agit beaucoup plus d'honorer un agenda que de se pencher sérieusement sur des dossiers épineux en souffrance depuis des années», regrettent encore les mêmes sources autorisées.
Sans compter que les deux ministres accompagnant Castex ne pouvaient être que Gérald Darmanin de l'Intérieur et son collègue des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian. À l'évidence, Darmanin devait aborder avec ses homologues algériens les dossiers qui constituent encore le «casse-tête habituel» pour les autorités françaises. Quant à Le Drian, on connaît son penchant avéré pour le royaume du Maroc. N'a-t-on pas appris encore hier, qu'il a eu un long échange avec Bourita son homologue marocain sur le dossier du Sahara occidental. étrange coïncidence. Au moment même où la délégation française était attendue à Alger, on
apprend que La République en Marche, parti présidentiel, s'apprêtait à ouvrir une antenne politique à Dakhla, dans les territoires occupés du Sahara occidental. Incontestablement, il y a là une concordance de faits successifs qui ont fini par tuer dans l'oeuf tout rapprochement préfigurant d'une redistribution des cartes dans toute l'Afrique du Nord. Le premier responsable de cette «faillite» a un nom: c'est Jean Castex, le Premier ministre français. Il est le seul comptable de cet échec et c'est lui qui a torpillé ce rendez-vous. Pourquoi le rapprochement entre Alger et Paris agace-t-il tant Jean Castex? Dans ce rendez-vous manqué, n'étant pas loin d'une manoeuvre électorale de politique intérieure française? Castex veut-il piéger la suite des événements lui qui est sur le point de céder sa place à Matignon? Selon des sources bien informées, c'est François Baroin, un chiraquiste pur-sang, qui a déjà occupé plusieurs fonctions ministérielles, qui le remplacera.
La sincérité de deux présidents
L'incident de ce report rappelle un autre épisode, celui de New York en 1995, quand le président français Jacques Chirac avait conditionné sa rencontre avec l'ex-président Liamine Zeroual, par un huis clos sans la moindre médiatisation. Ce à quoi Zeroual avait dit niet, refusant catégoriquement le tête-à-tête si ardemment souhaité par son homologue français. L'événement avait fait un grand bruit en son temps et l'intransigeance de Zeroual envers l'ancienne puissance coloniale a été saluée comme un acte de bravoure d'un farouche patriote jaloux de son pays.
La densité des rapports entre les deux pays conjuguée à la volonté du président Chirac ont fait que le couac de Manhattan n'a été qu'une simple péripétie qui n'a pas affecté durablement les relations algéro-françaises. En sera-t-il le cas aujourd'hui? Les horizons sont plutôt favorables. Entre El Mouradia et l'Elysée tout va pour le mieux et il y a « du bon fluide» entre les deux chefs d'Etat décidés, contre vents et marées, à écrire une nouvelle page de l'Histoire. Le président Macron n'a-t-il pas manifesté son soutien durant des moments difficiles, à son homologue Tebboune?
Face à cette nouvelle péripétie dans les relations algéro-françaises, demeure l'essentiel: la confiance qui a réussi à s'établir entre les présidents Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron. La sincérité des déclarations à la presse témoigne de leur engagement de franchir un nouveau cap dans les rapports entre Alger et Paris. Puisse l'échec de ce rendez-vous manqué servir de leçon à l'avenir pour semer les jalons d'une coopération saine, porteuse d'espoirs pour les deux peuples et dépourvue des duplicités politiques.

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