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L'Algérie aspire à devenir une start-up nation

Les illusions perdues

Des mois de travail pour un «mauvais» concept copié sur la France et un site Internet livré en retard. L'économie du savoir est loin de prendre son envol, pourtant, ce ne sont pas les compétences qui manquent...

Près d'une année de travail pour des... labels ! C'est à peu près le maigre bilan du ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé de l'Economie de la connaissance et des Start-up. Yacine El Mahdi Oualid a organisé, en grande pompe, jeudi dernier, une cérémonie pour remettre les premiers labels «start-up» au profit d'une vingtaine de jeunes entrepreneurs parmi les
47 entreprises labéllisées. Une rencontre présentée comme un grand événement, voire un exploit! Mais il aura fallu presque 6 mois pour pouvoir faire une simple labéllisation de start-up! On a l'amère impression d'assister à un traitement de dossiers dans une mairie du pays. Or, il s'agit là d'entreprise où la clé de la réussite est la rapidité d'action et de réaction. Dans ce monde impitoyable des start-up, où la durée de vie est estimée à un an, tout change très très vite. En 6 mois, on a le temps de faire faillite ou de devenir une grande entreprise. En soi, cette labellisation semble être un acte bureaucratique qui ne fait ni plus ni moins que freiner l'expansion de ces entreprises innovantes.
D'ailleurs, les «start-up» les plus dynamiques de l'écosystème algérien n'ont pas adhéré à cette politique, qui, pourtant, leur offre des avantages indéniables. Mais ce concept, copié sur la France, a montré ses grandes limites dans l'Hexagone. Cinq ans après, il n'a pas apporté grand-chose. Il s'est avéré être un simple coup de Com' du gouvernement Valls.
Aucun autre pays au monde ne l'avait adopté avant l'Algérie. Il subit même les foudres des plus grands spécialistes, à l'image de Idriss Aberkane. En 2016 déjà, il n'a pas hésité à qualifier cela de grandes arnaques! «Avez-vous déjà entendu parler d'un label «German Tech»? Non?
«Japanese Tech»? Non plus? «American Tech»? Pas plus? Ces pays sont pourtant des puissances technologiques exportatrices supérieures à la France», avait soutenu, ironiquement, ce conférencier spécialisé dans l'économie de la connaissance et les neurosciences. Idriss Aberkane avait fait remarquer que cela était une attitude bien française avec les lourdeurs bureautiques qui font la réputation de son administration, et dont l'Algérie a héritées.
Alors, pourquoi copier un modèle qui a échoué? C'est ça «l'innovation made in bladi»? Cependant, pouvait-on s'attendre à mieux de la part d'un département dédié à l'innovation, qui n'a pas réussi à livrer à temps un simple site Internet? Annoncée en grande pompe, la plate-forme nationale des start-up devait être lancée au début du mois d'octobre dernier. Une grande communication a été faite autour de cet événement. Mais le jour J, on a eu droit à un éphémère site «wordpress» que monsieur Tout-le-Monde peut faire en quelques heures. Cela avant qu'il ne soit supprimé, quelques minutes après. Le ministre délégué en charge du secteur a ensuite annoncé le report de cet «event» qui devait faire le «buzz». Il aura fallu attendre la fin de l'année pour voir ce site Internet, qui n'a rien d'exceptionnel, voir le jour. Pourtant, ce ne sont pas les compétences qui manquent. L'économie numérique peut effectivement être un grand vecteur de richesse pour le pays. Le président Tebboune ne s'est pas trompé en la mettant en tête de ses priorités. La crise sanitaire du coronavirus a été un test grandeur nature. Elle a permis à nos jeunes de montrer de quoi ils étaient capables.
Le confinement a été un printemps de l'innovation avec des applications et services qui ont permis aux citoyens de pouvoir passer sans encombres cette période très difficile. Beaucoup estimaient que la Covid-19 a été le début d'un «Hirak» numérique pour l'Algérie. Toutefois, les leçons de cette période de «bouillonnement» technologique n'ont pas été tirées. Des projets qui auraient pu être développés ont été mis aux oubliettes.
Certains de ces jeunes talents ont carrément quitté le pays pour aller étudier à l'étranger, au moment où «au bled» on continue de parler de crise de liquidités. On aurait pu en profiter pour lancer notre propre modèle de paiement électronique, adapté à notre culture, à l'image du Konbini au Japon ou du M-Pesa au Kenya. Au lieu de cela, on s'est contemplé dans l'étude des dossiers de labélisation. Comme si Google, Aliexpress ou Facebook ont eu besoin d'être labellisés pour conquérir le monde.
Avec une telle gestion, le rêve de devenir une start-up nation risque de rester un voeu pieux. Pis encore, on se dirige vers un remake de la voiture
«made in bladi» à la sauce...start-up!

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