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Après ses «sanctions», Washington face aux critiques dans l’affaire Khashoggi

Biden a la dent timide

A peine l'administration Biden a-t-elle levé la chape de plomb que l'ancien président Donald Trump avait pieusement posée sur l'affaire Khashoggi, ce meurtre hideux d'un journaliste américano-saoudien, tué, dépecé et dissous dans de l'acide, dans l'enceinte même du consulat d'Arabie saoudite, à Istanbul, qu'une pluie de critiques est venue refroidir les bonnes intentions du département d'Etat. Dans le rapport du Renseignement américain, publié ven- dredi dernier avec le feu vert du président Joe Biden qui avait promis, durant la campagne électorale, de livrer tous les secrets sur cette question, des accusations explicites sont portées contre le prince héritier saoudien, Mohamed Ben Salmane, accusé d'avoir «validé» l'assassinat de Jamel Khashoggi, en 2018. Mais, paradoxalement, l'administration Biden s'est abstenue de sanctionner le mis en cause alors que plusieurs proches et tous les responsables de l'escadron ayant exécuté le journaliste ont fait l'objet de mesures diverses. Devant la vague de protestations, voire d'indignations soutenues, le gouvernement américain se retrouve sur la défensive, pour avoir cherché à éviter une crise ouverte avec le royaume pétrolier qui est un allié précieux dans la région du Golfe où Washington a fort à faire avec le pouvoir iranien. Du coup, le porte-parole de la diplomatie américaine, Ned Price, a déclaré, hier: «Nous exhortons l'Arabie saoudite à démanteler la Force d'intervention rapide» qui est accusée d'être largement impliquée dans cet assassinat puisque sept de ses plus hauts responsables avaient effectué le voyage à Istanbul pour éliminer le journaliste-dissident. Surnommée «l'escadron du Tigre», cette unité était sous le commandement de Saoud al Qahtani, bras droit du prince héritier Mohamed Ben Salmane.
Le rapport du Renseignement américain constate que «cette unité existe pour protéger le prince héritier, ne répond qu'à lui et a participé directement, avant cela, à des opérations pour faire taire des dissidents dans le royaume et à l'étranger, sur ordre du prince héritier». Dès lors, conclut-il, ses membres «n'auraient pas participé à l'opération contre Khashoggi sans l'autorisation de Mohammed ben Salmane».
Hier, Ned Price a souligné que l'administration Biden réclame, désormais, au royaume saoudien des «réformes institutionnelles systémiques ainsi que des mécanismes de contrôle pour faire en sorte que les activités et opérations contre les dissidents cessent, et cessent totalement». En outre, les Etats-Unis invitent leur allié saoudien «à prendre des mesures supplémentaires» en faveur des droits humains, notamment en supprimant l'interdiction de voyage qui empêche des militants, récemment placés sous liberté conditionnelle, de quitter le territoire. Ces effets d'annonce ou ces faux-fuyants n'ont pas suffi à calmer les nombreuses critiques qui émanent aussi bien du camp démocrate que républicain, reprochant au président Biden d'escamoter ses promesses de candidat lorsqu'il déclarait qu'il ferait «payer» aux dirigeants saoudiens leur responsabilité dans le meurtre de Jamal Khashoggi et qu'il les traiterait en «parias». Depuis qu'il est entré à la Maison-Blanche, il est rattrapé par ses promesses et des voix se sont élevées au Congrès pour critiquer sévèrement sa «timidité». Des réactions qui ont trouvé un écho à Genève où la rapporteure spéciale de l'ONU sur les exécutions sommaires, Agnès Callamard, a considéré qu' «il est extrêmement problématique, voire dangereux, de reconnaître la culpabilité de quelqu'un pour lui signifier ensuite que rien ne serait fait à son encontre».Le gouvernement américain s'efforce encore de justifier sa démarche en affirmant vouloir «davantage influencer ce partenariat avec un recadrage plutôt qu'avec une rupture». Et pour cause, Washington a tout intérêt à maintenir la relation étroite avec l'Arabie saoudite au moment où des tractations difficiles sont envisagées et même recherchées, avec l'Iran, sur le dossier du nucléaire.

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