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Sankara, 33 ans après

Pour l'icône de l'Afrique, le président burkinabé Thomas Sankara, l'heure de la justice a, enfin, sonné. Le tribunal militaire de Ouagadougou est saisi du dossier et un procès va être engagé contre son successeur, Blaise Compaoré, ainsi que 13 des nombreux complices du coup d'Etat. Parvenu au pouvoir, le 15 octobre 1987, l'auteur du putsch, à l'époque compagnon d'armes du chef d'Etat assassiné et dont le corps a «disparu», Blaise Compaoré, n'a pas fini sa descente aux enfers. Le sujet a beau avoir été tabou, pendant ses 27 ans de règne sans partage, il est, désormais, aux mains de la justice. Un mandat d'arrêt avait déjà été lancé à son encontre par le parquet de Ouagadougou, en mars 2016. Ayant fui en Côte d'Ivoire dont il a acquis la nationalité, il ne sera certes pas extradé mais son procès aura lieu par contumace. En février 2020, les autorités judiciaires du Burkina avaient déjà procédé à une reconstitution de l'assassinat de Sankara par le commando qui avait pris d'assaut le siège du Conseil national de la Révolution, 6 ans après la chute de Compaoré, sanctionné par une insurrection populaire. Sankara est devenu, peu après sa mort, une figure de légende et le peuple burkinabé l'encense comme le Che africain. L'autre artisan du putsch, le général Gilbert Diendéré, devenu chef d'état-major particulier de Compaoré, au lendemain de la mort de Sankara, est, lui, en prison où il purge une peine de 20 ans, après une autre tentative de coup d'Etat, en 2015. Si, au départ, les personnes mises en cause étaient nombreuses, il n'en reste qu'un petit nombre, aujourd'hui, mais la justice burkinabée est résolue à trancher dans le vif, la Chambre de contrôle de l'instruction ayant renvoyé le dossier pour jugement à la juridiction militaire. Blaise Compaoré et 13 autres personnes se voient, désormais, accusés d'«attentat à la sûreté de l'Etat, complicité d'assassinats et complicité de recel de cadavres». La date du procès n'est pas encore fixée mais les accusés, non encore détenus, ont fait l'objet de mandats d'amener. Et, petit à petit, l'étau se resserre sur un Compaoré qui n'a, sans doute, jamais imaginé un tel scénario et dont le long règne, durant presque trois décennies, sur un pays pauvre et meurtri par les exactions quotidiennes des groupes terroristes, ne laissera pas d'autre trace que celle de son crime inqualifiable. Le pari est hasardeux mais on peut espérer que cette tragédie serve d'exemple aux apprentis putschistes qui peuvent exister, encore, aux quatre coins du continent.

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