L'Expression

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Léthargie aoûtienne

Les partis politiques, dans leur grande majorité, n´ont pas réagi à la démission du général Lamari, une démission dont on ne peut pas dire qu´elle est un non-événement. Tout comme ils n´avaient pratiquement pas fait de commentaire, ni dans un sens ni dans un autre, sur l´emprisonnement de Mohamed Benchicou et de Hafnaoui Ghoul : la défense de la liberté d´expression figure bel et bien en bonne place dans les statuts ou les programmes de ces partis. On est pourtant habitué à ce genre de situations: il y a longtemps que les partis politiques sont entrés en léthargie et que leur rôle, surtout s´agissant de l´opposition, a été compensé par le dynamisme d´une presse privée virulente et qui en veut, avec le risque, bien entendu, de voir les journaux se prendre souvent pour des partis politiques, un rôle forcément usurpé et qui n´est pas le leur. La différence entre un parti politique et un journal est pourtant très facile à établir. Un vrai parti - nous ne parlons pas de ceux qui communiquent avec un fax - a une base sociale, des structures et des permanences dans les 48 wilayas, gère plusieurs associations, active sur le terrain, participe aux campagnes électorales. Il a des relais au sein de la société, des assemblées élues, il peut être représenté au sein du gouvernement et du parlement. La vocation d´un journal est tout autre. Il peut se vanter de posséder un immense lectorat, mais ces lecteurs ne sont pas des militants. Le croire ou le laisser croire c´est se tromper sur ses missions, y compris lorsque le journal, dans sa ligne éditoriale, dit clairement qu´il est un journal d´opinion. Généralement, à la veille d´une campagne électorale, un journal évite de donner des consignes de vote. Aucune loi ne l´oblige à cela, mais l´expérience a montré que les voix des lecteurs n´obéissent pas aux critères et normes fixés par le journal. Ainsi, il a pu être démontré que les tabloïds britanniques, d´obédience travailliste, n´ont pas influé sur le vote de leurs lecteurs, qui ont plébiscité dans leur grande majorité Margaret Thatcher. En 1965, malgré le contrôle par l´Etat de l´appareil audiovisuel, auquel on prête pourtant une influence déterminante, le général de Gaulle a été mis en ballottage par François Mitterrand (1). Le travail d´information est en soi un travail très noble. Tenir les citoyens au courant des affaires de la cité est une activité d´utilité publique. En ce sens, le journaliste, en donnant les informations et en les commentant, est considéré dans le monde entier comme un auxiliaire de la démocratie. C´est-à-dire que sans une presse libre, tout système politique est considéré comme une dictature, appelée tôt ou tard à se démocratiser. Le ministre de la Communication a laissé entendre qu´il n´était pas pour une presse béni-oui-oui, mais que les choses ont changé depuis le 8 avril. Cependant, il ne nous dit pas en quoi consiste le changement. Cela dit, entre une presse béni-oui-oui et une presse qui organise des croisades et des campagnes de lynchage, il y a sûrement de la place pour une presse crédible, professionnelle, agressive, diversifiée, mais ce n´est sûrement pas en incarcérant les journalistes qu´on y parviendra. Au contraire, il s´agit de créer les conditions pour une presse plurielle, qui s´attache à donner une information complète et objective, à éclairer l´opinion et les gouvernants. Mais surtout, il s´agit de se demander pourquoi, dans un grand pays comme l´Algérie, il y a autant de quotidiens surpolitisés, alors que la presse spécialisée est absente : les enfants, les femmes, les jeunes, les chasseurs, les automobilistes, les médecins, les architectes, les bricoleurs, les artistes, les écrivains, les universitaires, les enseignants. Il y a tellement de choses à faire, mais les responsables du secteur ne voient pas plus loin que le bout de leur nez.

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