Trump et la politique du chaos
Il fallait s’y attendre. Le Trump d’aujourd’hui n’est pas si différent, en fin de compte, du Trump de 2019. Redevenu depuis le 20 janvier dernier, pour quatre ans, le président des États-Unis, il démontre que ses convictions à l’emporte-pièce et sa manière de résoudre les problèmes domestiques en brisant toute la vaisselle sont toujours d’actualité. Ainsi, sur un simple coup de fil au roi de Jordanie, il pense avoir résolu le conflit israélo-palestinien par un coup de gomme sur la carte de Ghaza et de Cisjordanie occupée, à croire qu’il voudrait que ce soit, encore une fois, une fois de plus, une terre sans peuple pour un peuple sans terre, la doctrine sioniste en l’occurrence. On connaît, depuis longtemps, les limites de la « diplomatie » américaine, tous les présidents qui ont précédé Trump n’étant jamais parvenus à « assouplir » l’attachement inconditionnel à l’encombrant allié israélien dont l’appétit expansionniste nourrit l’expansion financière et la domination géostratégique du complexe militaro-industriel américain. Même si certains, comme Jimmy Carter, ont tenu à manifester, une fois sortis de la Maison-Blanche, leur frustration et leur colère face à l’arrogance des dirigeants sionistes qui n’hésitent jamais à les toiser, aucun d’entre eux n’a, cependant, cherché à « gérer » le conflit d’un Moyen-Orient en crise permanente par de simples appels téléphoniques, porteurs d’injonctions plus ou moins lourdes de menaces. Or, c’est le « style » du nouveau manager des États-Unis qui tempête, raille et ordonne, au gré d’une humeur instable. De là à ordonner, sous l’air de « je te tiens, tu me tiens par la barbichette », au roi Abdallah II de Jordanie et au président égyptien Al-Sissi, d’ouvrir les portes de leur pays aux Palestiniens de Ghaza et de Cisjordanie occupée, sous des prétextes malsains, il y a tout un abîme insondable d’incohérence et d’arrogance conjuguées. « Je lui ai dit (au roi Abdallah) que j’aimerais que vous receviez plus de Palestiniens parce que tout Ghaza est dans le chaos, maintenant. C’est un vrai chaos. J’aimerais qu’il reçoive des gens », a gémi le président républicain. Avec le même souhait que nourrissent les Smotrich, Ben Gvir et autre Netanyahu. Sauf qu’il y a les faits et les faits sont têtus, disait Lénine. L’histoire est là qui ruisselle de ces manœuvres insensées par lesquelles des puissances coloniales ou des occupations passagères ont tenté d’accommoder des nations et des peuples à la sauce de leur convenance pour profiter du chaos, avant de se voir renvoyer à leur case départ. L’histoire a beau se répéter, elle n’en demeure pas moins sarcastique.