Sur un pied d’égalité
Mais qu´est-ce donc qui fait courir le MSP? La perspective d´un prochain remaniement ministériel? Un vague pressentiment quant à de prochaines échéances électorales d´envergure? Le sentiment d´être à la croisée des chemins quant à une refondation de l´échiquier politique national?
Un souci, et un seul, prédomine dans le discours actuel du parti de feu Mahfoudh Nahnah, celui d´être appréhendé par l´opinion publique, à défaut de l´être par ses deux partenaires de l´Alliance, sur un pied d´égalité en termes de puissance politique. Ses dirigeants, qui ne sont pas des enfants de choeur, mesurent bien que le poids électoral de leur formation ne tient pas la comparaison avec celui du RND et, à plus forte raison, du FLN.
Mais le tintamarre qu´ils s´évertuent à orchestrer, depuis des mois, sur une alliance défaillante, dont ils déplorent la fragilisation autant que l´inconséquence en matière de concertation et de stratégie, obéit, de toute évidence, à une anticipation électorale pour laquelle le MSP veut se préparer sans délai, même s´il refuse, par ailleurs, la conséquence logique de sa démarche, à savoir une porte claquée avec perte et fracas.
C´est que, justement, le MSP ne veut aucune perte de portefeuilles ministériels, loin s´en faut. Ses représentants au gouvernement, notamment Amar Ghoul et El Hachemi Djaâboub, ont beaucoup fait pour son image de marque, aussi bien au sein des institutions que de l´opinion nationale, tant la gestion des départements qu´ils ont eu à charge aura été exemplaire.
Suicidaire, le discours du MSP? Certes, non. Les sorties très médiatiques de Abderrezak Mokri, vice-président du MSP, ne sont pas l´expression d´ une volonté esseulée, que la scène politique aurait forgée, au gré d´insupportables défis. Ils traduisent, en fait, une stratégie collégiale, dûment concertée par l´instance consultative - le majliss echoura - qui consiste à souffler le chaud et le froid, sans pour cela envisager, le moins du monde, une action d´ éclat qui serait, pourtant, la conséquence logique de la diatribe actuelle.
Qui plus est, le MSP a beau jeu de critiquer une structure dont il reste partie prenante, même du bout des lèvres, dès lors que son argumentaire séduit et convainc les plus sceptiques, lorsqu´il réclame l´ assainissement de la vie politique et la détermination de la responsabilité gouvernementale. Au final, il rejoint même le FLN sur cette question, pour d´autres motifs et d´autres calculs certes, tandis que, dans l´absolu, il plaide, avec une fausse ingénuité, pour crédibiliser l´action partisane à travers un exercice plein et entier, donc transparent, donc responsable, de la mission assignée par les électeurs. Tout un programme.
