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Où est la France de Jean Moulin?

Le 17 Octobre 1961 reste une date véritablement encombrante dans l'Histoire contemporaine de la France. Ce massacre d'Algériens, le dernier en 132 ans d'occupation, vient après les centaines de villages rasés lors de la conquête du pays au XIXe siècle, sous les ordres des sinistres Bugeaud et Lamoricière et d'autres officiers colonialistes. On comptera, entre autres, crimes les enfumades de Dahra. Dans l'histoire des guerres coloniales, celle d'Algérie fut la plus barbare. Le massacre du 17 Octobre 1961 n'est donc pas un «accident» de l'Histoire, causé par un préfet raciste qui fut nazi à la Seconde Guerre mondiale. Cette répression sauvage a été précédée par les massacres du 8 Mai 1945. Plus de 45 000 Algériens furent tués parce qu'ils revendiquaient la liberté au même titre que les Français après avoir contribué à libérer l'Occident. Le crime est dans l'ADN du système colonial. Une dizaine d'années après, en août 1955, des milliers d'Algériens ont été froidement assassinés à Skikda pour venger la mort de quelques colons. Tout au long de la guerre de Libération nationale, la France coloniale a commis d'innombrables crimes de guerre et contre l'humanité. L'armée a usé du napalm et, à Reggane, des cobayes algériens vivants ont été utilisés pour tester les effets d'une explosion nucléaire sur le corps humain. Le système colonial n'a jamais considéré les peuples colonisés comme des êtres humains. Aussi, lorsque des milliers d'Algériens, en grande partie des travailleurs immigrés, se sont rassemblés à Paris pour protester pacifiquement contre le couvre-feu imposé exclusivement à la communauté algérienne, la partie lâche de la France, celle qui a pactisé avec les nazis contre les juifs, y a vu une révolte de sous-hommes insignifiants dont la vie n'a aucune valeur. Les policiers de 1961 ont agi exactement comme leurs ancêtres en Algérie et leurs collègues en 1940 en France. Ils ont tué ceux qui ne leur ressemblaient pas. Ce n'était pas la France de Jean Moulin, mais celle d'Aussarès, de Lepen, de Zemmour et de Papon qui a donné l'assaut contre des manifestants pacifiques. Au 63e anniversaire de cet événement historique, et au moment où en France on voudrait voir l'Histoire sans filtre, un ministre de l'Intérieur, le président de la première force politique représentée au Parlement et quelques intellectuels de comptoir continuent de servir à leurs compatriotes des discours nazis. C'est juste la cible qui change. Jean Moulin doit se retourner dans sa tombe.

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