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Menace au Sahel

L’attaque, hier soir, du groupe terroriste Boko Haram contre une caserne de l’armée tchadienne, dans la localité de Barkaram, a causé la mort d’une quarantaine de soldats et elle montre, une fois de plus, que la menace terroriste dans la région sahélienne est plus forte que jamais. Cette escalade est nourrie par la volonté des groupes extrémistes de parvenir à une certaine autonomie financière, grâce aux multiples trafics auxquels ils se livrent dans toute la région. De ce fait, l’instabilité y est devenue chronique, malgré les louables intentions des États qui affirment œuvrer à leur éradication. En attendant, ce sont des centaines de milliers de pauvres gens qui sont contraints à fuir leur terre, abandonnant leurs biens et leur bétail, pour rester en vie et ils se découvrent déplacés souvent même dans leur propre pays. Une étude de l’Office onusien contre la drogue et le crime (ONUDC) souligne combien la menace terroriste et le crime organisé se sont installés durablement dans toute la région sahélienne. Elle souligne aussi que le phénomène a beau être étendu dans l’Afrique australe également, mais que les groupes terroristes qui sévissent au Sahel sont les « plus actifs et les plus meurtriers au monde ».
Outre les attaques récurrentes au Mali, au Burkina et au Niger, hélas souvent endeuillés, il faut rappeler les assauts subis par d’autres pays voisins de la région sahélienne. Ainsi, le 20 juillet dernier, une attaque contre une caserne a coûté la vie à 12 soldats et causé d’importants dégâts matériels, au Togo. Presque au même moment, le Bénin subissait, lui aussi, une tragédie identique. Avec ces opérations meurtrières, les groupes extrémistes assurent leur survie, nourrissent certains conflits et confortent leur propre contrôle de pans entiers de territoires, dans les zones où ils ont érigé leur fief. À titre d’exemple, on citera le constat du Forum intergouvernemental sur les mines (IGF) selon lequel les pays de la récente Alliance des États du Sahel (Niger, Mali et Burkina) ont perdu plus de 120 millions de dollars à cause de la contrebande d’or dont profitent les groupes extrémistes. Et entre 2016 et 2020, ils ont engrangé quelque 126 millions de dollars, à coups d’opérations répétées sur les sites d’extraction d’or. Ces assauts, outre les trafics d’armes et de migrants, permettent aux groupes terroristes dont le JNIM, les diverses factions d’Aqmi, Ansar Eddine, le Mujao, ainsi que d’autres mouvances sécessionnistes telles que le MNJ, le FLAA, le FLT et, bien sûr, Boko Haram et sa dissidence de l’Iswap, de prospérer vaille que vaille.

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