L'Expression

{{ temperature }}° C / {{ description }}

Cité introuvable.

La mémoire et le sang

La «faillite mémorielle qui est malheureusement inter générationnelle chez un certain nombre d'acteurs de la vie politique française, parfois au niveau le plus élevé», dénoncée par Ramtane Lamamra, depuis le Mali, s'est illustrée dans le discours du président français Emmanuel Macron sur l'«inexistence de la Nation algérienne» et dans le propos du ministre français de l'Intérieur, Gérald Moussa Darmanin, au sujet des visas accordés aux ressortissants algériens. Il a bâti «un gros mensonge», a souligné, dimanche soir, le président Tebboune. «Il n'y a jamais eu 7000 [Algériens à expulser]. La France a évoqué, avec nous, plus de 94 [Algériens]. Jamais, il n'y en a eu 7000». «La réduction des visas est une question qui relève de la souveraineté de tous les Etats, y compris pour l'Algérie, à condition qu'elle respecte les accords d'Evian et les accords de 1968, qui dictent certaines mesures», a fait valoir le chef de l'Etat, sachant que ces accords stipulent que les Algériens bénéficient d'un régime spécifique d'entrée en France, leur octroie une liberté d'établissement comme commerçant ou indépendant et un accès plus rapide à des titres de séjours, valables dix ans.
L'enfer est pavé de bonnes intentions, dit-on. En quelques mois, les dirigeants de LaRem ont changé leur fusil d'épaule, sans doute pressés par les signaux d'alarme qui jalonnent déjà la route vers la présidentielle d'avril 2022 et les voilà, désormais, en campagne, n'hésitant pas à rivaliser avec l'extrême droite pour tenter de séduire un électorat hostile à leurs déclarations antérieures. Mais il y a une marge entre cette volonté de surenchérir sur un terrain nauséabond et le respect dû aux Etats étrangers, en vertu des règles et des usages diplomatiques. Cette confusion des genres entre un registre franco-français et un discours au contenu diplomatique a provoqué une tension grave et elle compromet, peut-être pour longtemps, l'ambition d'une relation apaisée entre Paris et Alger. Macron et Darmanin ont, en effet, réussi à faire contre eux l'unanimité en Algérie où le sentiment national demeure plus fort que jamais. En versant dans l'opportunisme politique et l'usage des contre-vérités historiques, ils viennent de creuser davantage le fossé entre les deux rives, pourtant marquées par l'importance de liens à la fois forts et multiples, et c'est pourquoi ils seront observés, le 17 octobre, lors des commémorations du soixantième anniversaire des ratonnades policières à Paris, causant la mort de dizaines d'Algériens dont la mémoire attend toujours une reconnaissance officielle et donne la mesure des dommages infligés à une relation bilatérale trop souvent heurtée... 

De Quoi j'me Mêle

Placeholder

Découvrez toutes les anciennes éditions de votre journal préféré

Les + Populaires

(*) Période 7 derniers jours