L'Expression

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Consommons algérien: le malentendu!

Curieusement, l'on redécouvre les bienfaits de «consommer algérien». Certes, cela peut partir de bons sentiments: encourager la consommation locale pour booster la production nationale. On veut bien admettre le postulat, mais on a du mal à y croire. En effet, pourquoi aujourd'hui se rappeler le produit local, au moment où la rente pétrolière s'effrite, le «matelas» financier - une manne providentielle - s'amenuise, que le pays plonge dans l'angoisse du lendemain? L'idée de cette campagne aurait été frappée au coin du bon sens si, formellement, il y avait quelque chose de local et concurrentiel. Ce n'est pas le cas. Qu'a-t-on fait au long de ces décennies pour, précisément, donner aux Algériens l'alternative de consommer ce qu'ils produisent? Or, c'est là que le bât blesse: qu'est-ce que nous produisons en Algérie à l'exclusion du gaz et du pétrole - richesse dont la durée de vie est limitée - qui serait une plus-value pour notre économie? La réponse est risible tellement elle est élémentaire: rien! Dans l'édition de mardi de L'Expression, notre reporter énumérait la liste des importations - parmi les plus improbables, le chewing-gum, qui nous coûte 50 millions de dollars - se chiffrant en milliards de dollars. Des importations sans amortissement, ni contre-partie rentable. Aussi, cette campane pour le produit local, que rien en fait ne soutient, confine à de la rhétorique. En effet, pour consommer national, il aurait fallu une production nationale cohérente. Or, celle-ci est exsangue, ne répond d'aucune manière aux besoins des Algériennes et des Algériens, tant dans le domaine de l'alimentation que celui des services. Or, la politique de développement économique et industriel a été conçue en dépit du bon sens. En effet, que reste-t-il des centaines d'unités de production disparues du jour au lendemain suite à la restructuration du tissu industriel dans les années 1980? La libération du marché national - sans garde-fous et sans protection du secteur productif national - avait ouvert la voie aux importations tous azimuts et à l'avènement d'une faune d'opportunistes qui se sont improvisés «importateurs». Cette nouvelle norme s'est avérée un leurre, lequel favorisa l'effondrement du secteur productif national, aggravé par l'ouverture du marché imposée par les réformes structurelles préconisées par le FMI. Or, l'Algérie qui avait besoin d'au moins un million de PMI-PME pour assurer le maillage économique du pays, n'en comptait qu'un peu plus de 600.000 en 2010. Ainsi, on s'est reposé sur les seules importations d'individus qui n'avaient aucune idée des besoins du pays et du signifiant des investissements bénéfiques autant pour l'investisseur que pour l'économie nationale. D'autre part, des Algériens investissent à l'étranger plutôt que dans leur pays. Il y en a même qui le font dans la pierre...à Paris. Ne nous attardons pas cependant sur cet aspect de la question, car il y aurait beaucoup à en dire. Le champ de production agroalimentaire et de service s'est tant anémié que c'est misère que d'en parler. On a fêté comme un exploit la sortie de la voiture Symbol dite «algérienne». Quel est son taux d'intégration, c'est-à-dire l'apport de pièces et d'éléments fabriqués localement en Algérie? Aucun, même pas une vis. Et pour cause! Il n'existe pas de PME-PMI ayant investi dans le secteur de la pièce détachée, pour accompagner et donner à ce challenge son caractère algérien. Comment en effet prétendre construire une usine «clés en mains» lorsque son environnement en amont et en aval est désert? Ce véhicule est-il algérien alors que nous sommes dans l'incapacité de fabriquer cette vis, élément clé, de toute production locale? Comment acquérir ce know-how qui développe notre production et notre indépendance économique - dans tous les secteurs de la production - et, partant, garantit la consommation locale, si nous ne disposons pas d'une assise industrielle rationnelle? Il y a comme un malentendu - quelque part de l'esbroufe - dans une campagne si mal engagée et qui pêche par omission. Qu'y a-t-il, en effet, de local à consommer quand nous importons de l'étranger jusqu'à 90% de ce que nous mangeons? C'est celle-là la triste réalité. Peut-il en être autrement alors que notre production nationale n'a pas été protégée par des textes de loi qui auraient favorisé son développement? Face aux ogres de l'importation et aux exportateurs - l'Algérie est le dépotoir de tout ce qui ailleurs est considéré impropre à la consommation - le made in Algérie a été étouffé, refoulé. Quand il fallut tirer profit de la manne pétrolière pour bâtir une économie solide, on s'est complu dans la fuite en avant, ouvrant - sans filets - les vannes à l'importation illusoire. Ainsi, au temps des vaches maigres, on revient au principe de base de consommer local. N'est-ce pas un peu tard?

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