Après le CPA et la BDL, Djezzy bientôt cotée en Bourse
Le coup d’accélérateur
L’État entend soulager la pression financière exercée sur les banques.

Après le Crédit populaire d'Algérie, qui a acté l'ouverture de son capital dans le courant de l'année dernière, et la Banque de développement local, qui envisage la même opération le 20 janvier prochain, c'est au tour de l'entreprise de télécommunications Djezzy, de candidater pour une introduction en Bourse. Le président de la Commission d'organisation et de surveillance des opérations de Bourse, Youcef Bouzenada, en a fait l'annonce, hier, fixant le délai de la finalisation du dossier, au premier semestre de l'année en cours. Avec ce troisième mastodonte de l'économie nationale en termes de capitalisation, de chiffre d'affaires et l'importance de son plan de charge, la place boursière d'Alger qui a connu bien plus de bas que de hauts depuis sa création, peut entrevoir une perspective positive à plus ou moins moyen terme. La progression exponentielle de la capitalisation boursière ne date pas de ces trois dernières introductions, bien que l'apport du CPA de la BDL et de Djezzy constitue un facteur de confirmation de la tendance haussière et promet de nouvelles conquêtes. Il faut savoir, comme l'a confirmé Youcef Bouzenada à l'émission L'Invité du matin, sur la chaîne 3 de la Radio nationale, la capitalisation boursière de la Bourse d'Alger a enregistré une hausse spectaculaire de 700% en une seule année. Entre 2023 et 2024, l'institution financière a réalisé le chiffre record de 518 milliards de dinars. En volume de transactions, les 2,7 milliards de dinars ont été dépassés à la fin de l'année 2024. Ce qui renvoie à une croissance de 500% comparée à la même période de l'année précédente.
Ces progressions à trois chiffres montrent certainement une réelle volonté politique des plus hautes autorités du pays, mais ils demeurent une goutte d'eau en comparaison avec ce qui se fait ailleurs dans le monde et, notamment dans le voisinage immédiat. La Bourse tunisienne a atteint le seuil des 26 467 millions de DT, soit l'équivalent de 8 256 millions dollars US. La taille de l'économie tunisienne ramenée à celle de l'Algérie, met en évidence tout le chemin qui reste à l'Algérie de parcourir pour disposer d'une place boursière à la hauteur de son poids dans la région du Maghreb et en Afrique.
L'effort que fournit l'État en procédant à des privatisations partielles d'entreprises publiques performantes dans un laps de temps assez réduit, faut-il en convenir, renseigne sur une détermination à booster le financement de l'économie via la Bourse. Cette manière de faire, outre qu'elle diversifie le mode de financement qui a été quelque peu renforcé auparavant par la finance islamique, a l'avantage de mobiliser l'épargne des ménages, garantissant des marges bénéficiaires autrement plus importantes que celle que feraient les épargnants comparativement aux intérêts que donnent les banques classiques. Pour les entreprises qui recourent au financement boursier, elles ont l'avantage de disposer de cash-flows dans des délais assez courts.
Même s'il est illusoire d'espérer une croissance économique importante par le seul biais de la Bourse, il est néanmoins admis que celle-ci permet une circulation rapide et contrôlée des capitaux. L'Algérie qui connaît un véritable boom en matière d'investissement aura forcément un besoin de plus en plus accru de financement de son économie. Les banques, actuellement seul acteur en la matière sur la scène économique ne pourront pas répondre à une forte demande en financement. C'est justement là que la Bourse apporte une solution sérieuse aux entreprises. Celles-ci, par l'entremise d'ouverture de capitaux ou d'émission de titres obligataires parviennent à financer de nouveaux projets ou des extensions de leurs activités.
À travers ce coup d'accélérateur dans la démarche de privatisation boursière, l'État entend soulager la pression financière exercée sur les banques et donner une opportunité réelle aux citoyens d'accéder à la propriété économique en achetant des actions d'entreprises que la Bourse elle-même garantit comme fiable. Dans une économie totalement désendettée et assurant une croissance de 4%, le risque économique est presque inexistant. Investir dans le capital de Djezzy est manifestement une affaire qui marche, au regard de ses derniers bilans. De même pour les autres entreprises ayant opté pour le financement par la Bourse.