Le pétrole s’essouffle avant l’investiture de Trump
Le Brent «casse» la barre des 80 dollars
Les cours de l’or noir ont, cependant, terminé la semaine achevée le 17 janvier en baisse.

Après un départ de cotation hebdomadaire en fanfare, les prix du pétrole ont évolué en montagnes russes. Ils ont toutefois réussi malgré trois contre-performances à inscrire deux séances de hausse qui leur ont permis de gagner plus d’un dollar par rapport à la clôture du 17 janvier. Ce qui a permis au baril de Brent de casser la barre des 80 dollars. Conséquence d’une première séance de cotation hebdomadaire euphorique. Les cours du pétrole ont, en effet, mis le turbo le lundi 13 janvier, propulsés par les nouvelles sanctions annoncées, vendredi, par les États-Unis et le Royaume-Uni contre le secteur énergétique russe, qui laissent présager une diminution de l’offre sur le marché mondial. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mars a progressé de 1,57% à 81,01 dollars. Son équivalent américain, le West Texas Intermediate (WTI) pour livraison en février a, quant à lui, grimpé de 2,94% à 78,82 dollars. Le département du Trésor américain a annoncé le 10 janvier dernier des sanctions contre plus de 180 navires ainsi que les grandes compagnies pétrolières russes Gazprom Neft et Surgutneftegas, respectant ainsi «l’engagement du G7 de diminuer les revenus russes issus de l’énergie». Londres a aussi sanctionné ces deux entreprises. «Nous pourrions perdre une partie de l’offre russe sur le marché mondial, compte tenu de l’ampleur de ce qui a été annoncé», a indiqué John Kilduff, d’Again Capital. Les sociétés sanctionnées représentent ensemble «près de 20% de la production (2 000 000 de barils par jour) et des exportations (environ 900 000 barils par jour) de pétrole russe, et contrôlent plus de 1,5 milliard d’euros» chiffrent les analystes de DNB Markets. Un élan qui sera brisé le lendemain. Les prix du pétrole ont reculé mardi. Pourquoi ? Les opérateurs spéculatifs se positionnant désormais à la baisse après un envol des prix, et alors que le retour annoncé de Donald Trump à la Maison-Blanche le 20 janvier amène son lot d’incertitudes, nous dit-on. Le Brent chutera de 1,35%, repassant sous la barre des 80 dollars, à 79,92 dollars. Le WTI a lâché, de son côté, 1,67% à 77,50 dollars. «Le marché a connu une hausse pendant plusieurs jours (...) et les prix ont beaucoup monté en peu de temps mais il a subi des repositionnements spéculatifs à la baisse», a noté Robert Yawger de Mizuho USA. «Une grande partie des opérations (des derniers jours) sont dues à des positions spéculatives qui ont été introduites sur le marché (...) et qui commencent maintenant à en sortir», a précisé l’analyste. Les cours rebondiront de manière significative le 15 janvier. Le Brent de la mer du Nord avancera de 2,64% à 82,03 dollars, au plus haut depuis juillet 2024. La référence américaine (WTI) se bonifiera de 3,28% pour la barre des 80 dollars, à 80,04 dollars. Quelles sont les causes de ce réveil brutal ? La croissance de la consommation de pétrole en 2024 devrait être moins morose que prévu, tirée par une demande mondiale dynamique au quatrième trimestre, a estimé l’AIE, qui revoit à la hausse son estimation sur cette période. Il faut noter que les cours de l’or noir ont également été soutenus par les attentes de l’Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole) d’une croissance de la demande de 1,4 million de barils de brut par jour en 2025. Les deux dernières séances de la semaine mettront fin à ce sursaut remarquable. Les cours du pétrole chuteront jeudi, les opérateurs se positionnant désormais à la baisse dans un marché en manque de nouveaux catalyseurs. Le Brent lâchera 0,90% à 81,29 dollars. Le WTI reculera de 1,70% à 78,68 dollars. Pourquoi ? «Le marché est alimenté par les gros titres (...) mais pour que l’action haussière se poursuive, il faut que les gros titres restent haussiers, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui (16 janvier, Ndlr», a observé Stephen Schork, de Schork Group. Pour Robert Yawger, analyste chez Mizuho USA, le mouvement baissier serait davantage un recul technique, après plusieurs sessions de hausse car «il n’y a plus personne pour acheter à ces niveaux de prix», a-t-il expliqué. Les prix s’enfonceront davantage vendredi plombés par les incertitudes entourant les futures politiques de Donald Trump qui sera investi président des États-Unis demain. Le Brent clôturera à 80,79 dollars après s’être rétracté de 0,62%. Le WTI cédera 1,02% à 77,88 dollars.