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BAGARRES, AGRESSIONS ET ALTERCATIONS DANS LES ÉTABLISSEMENTS SCOLAIRES

La violence fait école

Profitant de l'impunité, les élèves vont jusqu'à oser des agressions contre leurs enseignants.

Le phénomène de la violence scolaire a atteint des proportions inquiétantes. La violence est en train de proliférer en touchant même les cours de recréation et les salles de classes. La place de l'école prend un sérieux coup et la «sacralité» de l'école perd du coup toute son aura de jadis. Les événements dramatiques de ce genre sont légion. «Quatre élèves d'un CEM à l'est d' Alger avaient isolé et frappé à coups de pied sur le crâne leur camarade de 14 ans», raconte une enseignante en déplorant que «les dégâts neurologiques seront peut-être irréversibles».
«Une lycéenne a giflé en plein cours son enseignante», regrette son collègue. «L'usage de la drogue, armes blanches dans le cartable ou dissimulées, absentéisme et mensonges persistants s'ajoutent au lot de bêtises hélas! fréquentes à l'école», signale-t-on. Au-delà des établissements scolaires, la délinquance, voire la criminalité juvénile est en plein essor. La tragédie nationale n'explique pas tout, car les inégalités sociales sont telles que «l'angoisse des enseignants est ressentie plutôt dans une école accueillant les enfants du bidonville ou des quartiers-dortoirs que dans un autre endroit plus ou moins nanti», témoignent les enseignants. Pourquoi la violence scolaire augmente-t-elle? Pour certains, la démission des parents, signe d'un déséquilibre du foyer familial, l'inversion de l'échelle de valeurs et la mauvaise exploitation de l'impunité accordée à l'élève suite à l'interdiction du châtiment corporel y sont pour quelque chose.
Racket, insultes, vols, menaces verbales, extorsion, tapage, bagarres, gangs, armes blanches et parfois vandalisme ne sont plus des écarts de conduite mais des pratiques quotidiennes accrues dans nos écoles. Toutes ces «bêtises» sont pratiquées par des garçons et peu fréquemment par des filles. La maison, la rue, les stades et même l'école sont désormais des lieux qui regorgent de violence intériorisée et reproduite à l'infini. A chaque fois qu'on passe devant un établissement scolaire, on assiste à des scènes de violence choquantes.
Ce sont des enfants, des collégiens, des lycéens ou stagiaires qui échangent toute sorte d'insultes dans le meilleur des cas. Sinon ils en viennent carrément aux mains.
«On donne de moins en moins de temps à l'éducation des enfants qui deviennent de nos jours une surcharge souvent embarrassante pour le père et la mère influencés par les exigences de la vie de plus en plus dure», dira une psychologue. Or, l'abdication et le détachement des parents, bon gré mal gré, les rattrapent souvent.
Dès lors, l' enfant ou l'adolescent moins contrôlé et de plus en plus ignoré, est incapable de se repérer. De ce fait, en se repliant sur soi-même, l'enfant «choisit la violence» pour prouver son existence et dire: «Je suis là.» Si la disparition du châtiment corporel à l'école est une chose positive, il n'en demeure pas moins qu' «elle est une nouvelle dose qui annihile toute crainte chez l'enfant alors que la majorité des parents relevant de l'ancienne école ont été battus dans leur enfance», indiquent plusieurs éducateurs. Profitant de d'impunité, les élèves vont jusqu'à oser des agressions contre leurs enseignants. Les problèmes de communication, l'absence de dialogue entre le corps enseignant et les élèves font que l'école censée être un lieu de vie où l'on apprend à se construire intellectuellement et humainement, est complètement dénaturée. Les sévices, harcèlements sexuels, utilisation d'un langage humiliant envers les élèves sont d'autres formes de violence vécues à l'école et autres établissements scolaires et de formation professionnelle.

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