EN PLUS DU TOURISME THERMAL, SÉTIF S'ORIENTE VERS LE TOURISME D'AFFAIRES
Aïn El Fouara, le Dubaï algérien...
La capitale des Hauts-Plateaux est en train de se donner les moyens pour rattraper son retard en matière de tourisme.
Sétif, la capitale des Hauts-Plateaux, ambitionne de devenir la capitale du tourisme algérien! Vous devez sûrement vous dire que c'est un pari fou. Comment une ville de l'intérieur du pays, qui ne dispose pas de littoral, peut-elle se consacrer au tourisme? Eh bien, la donne est simple: il suffit de se tourner vers le tourisme du XXIe siècle, à savoir le tourisme d'affaires. Les investisseurs privés de la wilaya semblent l'avoir très bien compris puisqu'ils «ont investi pour plus de 8,3 milliards de dinars dans la construction d'infrastructures hôtelière de standing», c'est du moins ce qu'a indiqué le ministre du Tourisme et de l'Artisanat, Smaïl Mimoune, lors de la visite qu'il a effectuée la semaine dernière à Sétif. En effet, le tourisme d'affaires a une clientèle qui se dirige surtout vers les établissements de 3 à 5 étoiles. C'est justement ce genre d'établissements hôteliers que le secteur privé est en train de développer à Sétif. Surtout que dans cette région de l'Est il y a un fort mouvement économique où les opérateurs transitent souvent pour une ou deux nuits dans le cadre de leurs rencontres d'affaires. Ces hommes d'affaires, qui sont donc à la recherche d'hôtels de qualité, même de luxe, où ils peuvent s'y reposer et organiser leurs dîners d'affaires, mettent le paquet quand ils y trouvent leur bonheur...
Conscient de l'importance du tourisme d'affaires qui est en train de se développer dans la ville de Aïn El Fouara, Smaïl Mimoune n'a pas hésité un instant à se rendre sur place pour encourager ces initiatives locales. «Je suis fier et heureux de ce qui est en train d'être réalisé en matière de tourisme et d'hôtellerie dans la wilaya de Sétif. Le secteur privé est très actif dans cette wilaya et les résultats se font ressentir sur le terrain», a assuré le ministre qui avait l'air ébahi par les hôtels qu'il venait de visiter. Et il y a de quoi! Les quatre hôtels privés que Smaïl Mimoune a inaugurés sont des plus luxueux et n'ont rien à envier à ceux des voisins tunisiens en termes de qualité et même de prix. L'hôtel Ferdi, l'hôtel El Bachir, et l'hôtel Zidane sont les 3 hôtels d'affaires que le ministre du Tourisme a inaugurés et sur lesquels il a appelé à «suivre l'exemple».
De l'hôtellerie de luxe à bas prix
L'hôtel 4 étoiles Ferdi est de loin le plus impressionnant. Ce petit hôtel de 35 chambres et 5 suites bien équipées de jacuzzi, télévision, réseaux Wifi et PC de bureau dans chaque chambre, assure un séjour des plus agréables. Son design moderne ne fait que lui ajouter du charme. Mais ce qui fait le plus la particularité de l'hôtel Ferdi est la cuisine marocaine qui est servie dans son luxueux restaurant. Ses plats marocains variés sont «mijotés» par un véritable chef cuisiner marocain venu de Fès. Du luxe donc avec comme cerise sur le gâteau des prix très abordables. Les prix affichés sont dérisoires par rapport à ce qui se fait dans le reste du pays et qui est surtout de moindre qualité. Une belle chambre single avec toutes les commodités nécessaire est proposée à 3800 DA, pour la double c'est à partir de 4400 DA, la suite avec jacuzzi est proposée à 7200 DA, alors que la suite royale n'est qu'à 10.800 dinars. Ces prix sont pratiquement les mêmes pour tous ces nouveaux hôtels d'affaires. La fameuse formule qualité/ prix a donc trouvé écho du côté de Aïn El Fouara. Mais qu'est-ce qui explique cela? Incontestablement l'influence de l'étranger. D'abord, la Tunisie voisine qui a fait découvrir l'hôtellerie de qualité à coûts bas aux Sétifiens, mais également l'influence de Dubaï et du Qatar sur les promoteurs sétifiens. Eux qui se déplacent souvent dans ces deux grands pays du Golfe pour leurs affaires. Et c'est justement ces deux pays où le tourisme d'affaires est en train de connaître ses «heures de gloire». Voilà ce qui a certainement conduit ces promoteurs à opter pour ce tourisme d'affaires. Pour ce qui est des prix bas, cela peut s'expliquer par la forte concurrence étant donné que plusieurs hôtels de ce genre sont en train d'ouvrir leurs portes dans la capitale des Hauts-Plateaux. Les prix risquent d'être encore plus bas vu que des projets du même genre vont bientôt voir le jour, tels l'hôtel 4 étoiles de l'investisseur Samir Gride qui est en cours de réalisation ainsi qu'un ensemble hôtelier Ibis/Novotel. Le groupe Accor a décidé de prendre l'axe sétifien. Il lancera, au premier trimestre 2012, la réalisation d'un ensemble hôtelier Ibis/Novotel en plein centre-ville. D'un coût de 3,7 milliards de dinars, ce projet sera réalisé dans un délai de 30 mois à compter de la date du lancement, c'est-à-dire en octobre 2014.
Le World Trade Center sétifien
Le tourisme, dans sa déclinaison d'affaires, est donc la priorité des investisseurs sétifiens. En matière d'hôtellerie, Sétif, veut mettre les bouchées doubles pour rattraper son retard. Mais le développement touristique doit implicitement être accompagné d'une certaine attractivité qu'on ne trouve pas pour le moment à Sétif. Mais attention! bientôt le Park Mall de Sétif verra le jour! En 2015, les Sétifien auront leur Mall. Un centre commercial, d'affaires et de loisir qui devrait faire de Sétif un carrefour économique. Ce projet, qui est le plus grand du genre dans le pays et le deuxième du Maghreb après celui de Casablanca, a été construit sur le site des deux tours «El Aâli». Ces tours qui dominent la ville de Sétif sont un projet vieux de plus d'une décennie lancé par la Cnep, avant d'être abandonné et racheté par un promoteur privé, en l'occurrence Prombati du groupe Khenfri Rachid, pour 160 milliards de centimes. D'une superficie globale de 16.000 m², les tours El Aâli, devenues le Sétif-Mall, devaient à l'origine abriter, entre autres, des logements haut standing et un centre d'affaires. Mais la tragédie nationale est passée par là! Resté à l'état de carcasse depuis plus de 15 ans dans l'achèvement des travaux du gros oeuvre, cet imposant ensemble immobilier avait été acquis en 2008 pour 1,6 milliard par le groupe Prombati. Ce dernier a fait le pari d'en faire le plus grand pôle commercial du pays. Il a ainsi décidé de créer un Mall composé de plusieurs parties, dont un hôtel Courtyard du géant de l'hôtellerie, l'Américain Mariott, un immeuble de bureaux, un centre commercial et un centre conférences multivillages. Ce dernier, qui est conçu sous forme d'e coupole, peut contenir 786 places et s'étalera sur une superficie totale de 1822 m². La première tour abritera l'âme du projet qui est l'hôtel Mariott. L'établissement de 198 chambres occupera 14 étages. Le reste de l'immeuble comportera une salle de réunion, une autre de fitness et une piscine. La deuxième tour sera, elle, consacrée aux affaires. Elle abritera à la fois une résidence, un espace d'affaires. Vingt logements de haut standing seront construits entre le 5e et le 9e étage. Les 8 derniers étages de la tour abriteront pas moins de 28 bureaux d'affaires. Les visiteurs, quant à eux, opteront sûrement pour la quatrième partie de la tour qui abritera les espaces commerciaux et de loisir. En plus de l'hypermarché de 5275 m², une salle de bowling de 2138 m², 124 commerces, 6 kiosques, 2 cafétérias et un espace (jeux et manèges) meubleront cette aile de ce mégaprojet. Un parking souterrain de 5 étages et pouvant accueillir 1420 véhicules est également prévu. Une fois réceptionnées, ces tours jumelles devraient booster l'économie locale en créant plus de 1500 emplois directs. Le Word Trade Center sétifien devrait ainsi aider au développement économique et touristique de Sétif qui a en outre la chance de disposer d'infrastructures de transports, aéroport, gare, station de bus, et également d'une importante zone industrielle qui peut être additionnée à celle du voisin d'El Bordj. Ce qui fait de Aïn El Fouara un espace adéquat pour le développement du tourisme d'affaires.
Le Chamonix algérien...
Néanmoins, comme l'indique Smaïl Mimoune, «la région est riche en sources thermales, elle doit donc aussi se tourner vers le tourisme thermal». C'est ainsi que la capitale des Hauts-Plateaux peut développer l'activité thermale dans cette région qui compte 8 sources thermales dont celles de Hammam Skhouna et du Guergour. D'ailleurs, il est prévu de lancer des zones d'expansion touristique (ZET) dans ces stations thermales. Des ZET qui vont faire de Sétif le Chamonix algérien. Des stations de sports d'hiver seront ainsi créées et les Algériens pourront, avant de prendre leurs bains thermaux, apprendre à faire du ski dans la station qui est prévue à cet effet. Des téléphériques, terrains de sport, espaces de loisirs, chalets et caps de jeunes sont également inscrits au programme de cette ZET. Sétif veut ainsi se positionner comme un centre national pour le tourisme médical. Son objectif d'attirer non seulement les patients de l'est du pays à la recherche de soins thermaux, mais aussi ceux de l'ensemble du pays.
Le tourisme, activité tertiaire par excellence, est un secteur complexe exigeant tout à la fois des infrastructures d'accueil mais bien évidemment aussi de transport, des infrastructures d'hébergement, de restauration, des infrastructures de loisirs (musées, sports, activités diverses), un professionnalisme dans les services (qualification et formation du personnel). Au départ, il faut également des sites remarquables (naturels, historiques, culturels). Sétif est en passe de réunir toutes ces conditions pour devenir la capitale du tourisme algérien. Aïn El Fouara s'apprête donc à venir «eau» secours du tourisme algérien...