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77e Festival de Cannes

Une édition de basse saison

En ce 77e Festival, c’est le grandiloquent cinéma montré à Cannes (celui de George Miller, Coppola, Audiard, etc.) qui aura fait écran devant le cinéma qui a besoin de plus de visibilité.

Pour la seule Sélection officielle plus de deux mille films ont été visionnés pour aboutir à la sélection de 70 films toutes sections confondues, dont 22 en compétition. 4000 journalistes accrédités et à partir de là un premier indice s'est déjà dégagé, aux projections de presse, ce n'était pas du tout la cohue des années précédentes. Souvent c'est l'ouverture au public de ces projections qui ont permis aux salles d'atteindre une jauge correcte. Cette cadence ira en baissant, sans aucun sursaut, même ponctuel enregistré avant la soirée de clôture de cette 77e édition. Pourtant, la pluie qui, très souvent était de la fête et pour des périodes de moyenne durée, n'aura fait qu'un petit coucou aux festivaliers cette année. Alors où se situerait le problème. Certains pointent du doigt le niveau des films présentés. Et sur ce point il y aurait presque un consensus, quant à la qualité moyenne des oeuvres soumiss à l'appréciation des critiques et du public d'une manière générale. Pourtant, sur le papier, la sélection révélée lors de la traditionnelle conférence de presse, en avril dernier, s'annonçait alléchante, du moins prometteuse. De quel syndrome le festival a -t'il souffert alors? À première vue, d'un mal pernicieux, presque nouveau, la... paresse! Peu d'audace enregistrée, d'originalité repérée, l'on se serait contenté de budgets conséquents pouvant aligner des castings de poids. Mais le haut de l'affiche ne suffit plus, pour aider à l'émergence de créations inspirées, marquantes.
Jusqu'à l'ultime projection, le film qui aurait fait l'évènement, l'incontournable, a été longtemps espéré. En vain. Certes, les scénarios n'ont pas (encore) été gagnés par le syndrome de ChahtGPT, qui n'a pas été signalé, jusque-là, dans les parages du palais du festival!
Mais certains pointeraient du doigt ces fameux «ronds de serviettes», signe d'une présence déjà notée à la table des invités de la sélection officielle. «68% de chance pour que le cinéaste de la Palme d'Or 2024 ait déjà concouru les années passées» signale un quotidien français. En effet, seuls sept, sur les vingt-deux réalisateurs retenus cette année, ont fait leur première percée cannoise! Le reste a déjà été dans la compétition officielle, à Un Certain Regard et même dans la dernière Cannes Première. Et la France et les USA sont les plus représentés à Cannes. Frilosité des sélectionneurs, ou raréfaction des films du reste du monde? Voire. En tout cas les sélectionneurs seraient bien avisés de se pencher sur l'accueil fait au peu de films non occidentaux. The Village Next to Paradise» de Mo Harawe (Somalie), «On Becoming A Guinea Fowl» de la zambienne Rungano Fowl, ou bien «Norah» de saoudien Tawfik Alzaidi ont été ovationnés de longues minutes à l'issue de leur projection. Un triomphe qui a également été réservé, à la Quinzaine des Cinéastes au film palestinien «Vers un pays inconnu» de Mahdi Fleifel. On pourrait inclure, toujours dans cette liste, «All We Imagine as Light» de la jeune Indienne Payal Kapadia qui a décroché le Grand prix du festival. Ce constat de «pré-carence» peut s'appliquer aussi bien à la Quinzaine des Cinéastes, qu'à la Semaine de la Critique, qui, sous couvert d'une quête d'une radicalité (avant on parlait plus d'expérimental) novatrice, ont frisé par certains choix l'ennui soporifique, le pléonasme est ici à escient... Cependant un fait est digne d'être relevé, c'est le bon résultat enregistré par les films à petits budget, dont l'exemple le plus probant reste la Palme d'Or 2024, Anora de Sean Baker, un produit du cinéma indépendant américain qui aura damé le pion, malgré son petit budget, à des grosses productions présentes à Cannes. Idem pour All We Imagine as Light de Payal Kapadia. On pourrait y ajouter Maria de la Française Jessica Palud, qui raconte avec beaucoup de retenue mais sans concessions la descente aux enfers de l'actrice Maria Schneider, durant le tournage du «Dernier Tango à Paris» (1972) de Bernardo Bertolucci, casté pour camper le rôle principal féminin face à Marlon Brando et qui sera victime d'un vrai viol par Brando, à l'instigation de Bertolucci qui avait modifié, à la dernière minute, une séquence, mettant au pied du mur la jeune actrice française qui ne s'en remettra pas du tout Sombrant dans la drogue jusqu'à sa fin en 2011. Comble de la veulerie, la jeune comédienne n'avait touché que l'équivalent de 1900 euros, alors que le film aura raflé plus de 200 millions de dollars...
En somme et pour en revenir à ce 77e Festival, c'est le grandiloquent cinéma montré à Cannes (celui de George Miller, Coppola, Audiard etc.) qui aura fait écran devant le cinéma qui a besoin de plus de visibilité pour montrer au plus grand nombre ses indéniables qualités, dont Anara de Sean Baker, Bird de Andrea Arnold (un des plus doux films montrés ici) etc... «Nous devons lutter pour le cinéma» a déclaré l'heureux lauréat de la Palme d'Or.
De tout ce foisonnement, il en résulte que si l'absence de grands films a été grandement remarquée, le ralentissement de l'érosion du public a été, tant bien que mal, ralentie par ces réalisations qui auront puisé leur force dans la justesse de leur propos et son souci de se mettre au diapason de grandes questions de l'heure qui font le débat. Encore un effort, plus grand, donc pour que le festival de Cannes retrouve ses couleurs.

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