«Gouvernement berbère, La cité kabyle dans l’Algérie précoloniale» aux éditions Barzakh
Une autre vision de la société berbère
Traduit de l’anglais par Charlotte Perrin, ce précieux essai d’Hugh Roberts, proposant une étude rigoureuse des systèmes politiques berbères, sera disponible au niveau du Salon du livre d’Alger au prix de 1500 da….
Barzakh Edition sera prochainement présente en force au niveau du Salon International du livre d'Alger, qui se tiendra du 25octobre au 04 novembre. Le public pourra découvrir plusieurs nouveautés. Barzakh tient aussi à informer son public que des remises seront effectuées sur de nombreux ouvrages dont certains destinés à l'architecture notamment, mais pas que! Parmi les livres fraîchement édités par cette maison, nous pouvons mentionner, l'essai d'anthropologie politique radicalement novateur, écrit par le professeur anglais Hugh Roberts, familier de l'Algérie, et en particulier de la Kabylie. Un essai de près de 500 pages traduit de l'anglais par Charlotte Perrin. Un livre à découvrir absolument pour sa rigueur et son audace, comme en témoigne son éditeur qui explique en outre en quatrième page de couverture que ce livre «propose une vision complètement neuve dans l'étude des systèmes politiques berbères. Son auteur Hugh Roberts, expert de l'Afrique du Nord, en particulier de l'Algérie, opère un changement de paradigme radical dans l'analyse des logiques internes de la cité kabyle et du développent politique de la Grande Kabylie entre 1509 et 1765.» Et d'ajouter: «Les institutions politiques kabyles ont bien été décrites par des auteurs français du XIX siècle.
Une organisation politisée
Cependant, leur incapacité à les expliquer a conduit, plus tard, des théoriciens comme Ernest Gellner et Pierre Boudieu à en minimiser, voire nier l'importance.» et de préciser: «Or, Hugh Roberts met en lumière la remarquable logique qui sous-tend l'organisation politique kabyle et le degré d'autonomie dont elle était dotée: La Kabylie précoloniale, notamment la société des Igawawen du Djudrjura offre l'exemple le plus développé de la tradition d'organisation politique centrée sur la thajma'th, l'assemblée du village ou de la tribu, et les «partis», les sfùfs, qui en structuraient les délibérations. Cette organisation permettait de faire face aux crises et de trouver des solutions qui sauvegardaient l'intérêt général, tenant en échec les facteurs de division.» et de conclure: «Cet ouvrage présente donc un récit novateur de l'histoire sociopolitique de la Kabylie (citons, entre autres, une analyse passionnante du royaume de koukou, ou encore de l'exhérédation de la femme kabyle). Plus généralement, son approche totalement singulière aide à comprendre la place complexe qu'occupent les kabyles dans la vie politique algérienne contemporaine.» Dans l'avant-propos de l'ouvrage, l'auteur fait savoir que ce «livre a pour origine une découverte faite alors que j' effectuais des travaux de recherches sur le terrain, dans les montagnes du Jurjura en Kabylie durant l'été 1975, et il peut être considéré comme le développement de la vision de la Kabylie et de l'analyse des ouvrages spécialisés que j'ai énoncés, sous une forme nécessairement sommaire, dans la thèse que j'ai soumise à lunvieristé d'Oxford en 1980. Et d'indiquer: «Ce que j'ai découvert, c'est que des caractéristiques centrales de l'organisation sociopolitique traditionnelle de la Kabylie continuaient d'avoir une signification importante dans l'Algérie indépendante».
Et d'admettre un peu plus
loin: «Mes travaux sur le terrain en Grande Kabylie m'avaient suggéré que la société du Jugurta central -c'est-à-dire des environs de Aïn el-Hammam et Larba'a n'Ath Irathen- était une société exceptionnellement politisée.» et de souligner ainsi son désaccord avec le défunt Ernets Gellner, pionner de l'application de la théorie segmentariste d'Evans-Pritchard aux populations berbères du Maghreb». Et de faire remarquer: «l'écriture de ce livre a commencé à l'automne 1989 par les quatre premiers chapitres dans lesquels j'ai fourni une reconstruction de la communauté politique kabyle telle qu'elle existait au moment de la conquête française.
Un travail titanesque bien détaillé
Ces chapitres, décrivant en détail la vie économique, l'occupation du territoire, le droit et l»organisation politique de la Kabylie précoloniale, étaient le fruit d'un grand nombre d'années de recherche et de réflexion et ont été très vite écrits». Et d'ajouter: «la deuxième partie de ce livre comprenant les chapitres 5 à 8, offre une lecture de l'histoire de la Kabylie durant la période ottomane, dans le but d'expliquer le développement historique de l'organisation politique Kabylie.» tout en soulignant encore plus loin: «l'assemblage de toutes ces informations a été orienté par la connaissance de la Kabylie que j'ai acquise sur le terrain». Notons que High Roberts a fait de nombreux voyage en Kabylie et y a même séjourné plusieurs fois en tant qu'enseignant. L'auteur de cet ouvrage avoue qu' «avec cette édition de mon livre en langue française s'exauce mon souhait de longue date que le fond de ma pensée sur l'anthropologie et l'histoire politiques de la Kabylie pendant la période ottomane soit enfin accessible à des lecteurs algériens». Notons que ce précieux ouvrage comprend outre des explications en connaissances approfondies dans le domaine, est doté de diverses illustrations, notamment d'hommes en Kabylie, de cartes postales, de villages etc; Ceci s'accompagne aussi de nombreuses cartes telles les Igawawen et les autres principales confédérations et tribus, les villages des Ath Wassif, les villages des Ath Boudrar et leurs voisins occidentaux et orientaux, un fragment d'une carte espagnole du XVIIIe siècle montrant le Nord-est de l'Algérie, la grande Kabylie et petite Kabylie et leur arrière-plans, la Kabylie occidentale etc. Riche en annotations et ressources bibliographiques, de tableaux et autres glossaires de langue kabyle, ce livre se décline en plusieurs chapitres et sous-chapitres concernant la Kabylie, les Kabyles et les autres Berbères algériens, entre science sociale et politique, sur fond de controverse, abordant aussi le droit kabyle et le code de l'honneur, la cité kabyle et sa composante, Ibn Khaldoun et les Kabyles, la Régence ottomane et la nature de l'opposition kabyle, l'avènement du maraboutisme en Kabylie, le royaume de Koukou et son énigme entre ascension et chute, la reconstruction de la grande Kabylie après 1640... L'on découvre aussi dans ce livre au niveau de l'appendice la déclaration abolissant le droit d'héritage des femmes...En somme, ce livre renferme beaucoup d'informations dont on ne peut résumer en quelques lignes, tant ce livre regorge en moult détails, donnant à lire et se renseigner de façon bien rigoureuse sur ce qui constitua pour cet homme un véritable travail de titan, de longue haleine. En effet, D'Hugh Roberts est professeur honoraire de l'histoire de l'Afrique du Nord et du Moyen-Orient à Tufts University (Boston, Usa). Il a une connaissance intime de l'Algérie, pays dans lequel il a enseigné l'anglais dans les années 1970, et dans lequel il n'a cessé de se rendre, même pendant les années 1990. Il est l'auteur, notamment de ´´The Battlefield: Algeria 1988-2002. Studies in a broken polity´´ (Verso, 2003). Son livre, Berber Government: The kabyle polity in pre-colonial Algeria (I.B. Tauris, 2014), fait l'objet de la présente traduction. Le livre sera disponible au stand Barzakh au prix de 1500 Da.