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«Passerelles» Exposition collective Franco-Algérienne

Un rapprochement artistiquement vôtre!

Faire rapprocher les ponts entre deux pays, deux cultures et des visions artistiques différentes est sans doute le but lancé à travers cette exposition, imaginée par l'épouse de l'ambassadeur de France en Algérie, Halima Gouyette et dont la résidence, «la villa des Oliviers», accueille depuis jeudi dernier

«Une dizaine d'artistes algériens et méditerranéens y ont pour quelques jours déposé leurs rêves, leurs espoirs, leurs angoisses, leur talent.» écrit-elle si poétiquement dans son discours de bienvenue accompagnant cette exposition de sculptures intitulée, vous l'aurez compris, si sobrement et philosophiquement: «Passerelles».Et de souligner: «La création artistique est un élément fondamental de la liberté d'expression. Les artistes et plasticiens sont des vecteurs essentiels de développement culturel et social. Ils doivent être soutenus et accompagnés.»C'est le cas avec cette belle exposition qui s'inscrit dans le cadre de la coopération culturelle bilatérale qui soutient la création à travers l'action de l'Institut français d'Algérie.
Une belle exposition dont le commissaire n'est autre que l'artiste plasticien et designer Mourad Krinah, qui a, pour info, séjourné cette année à Paris dans le cadre d'une résidence d'artiste, à la Cité des Arts. Mais pour l'heure, ce n'est pas son travail à lui que l'on découvrira, mais celui de neuf artistes dans le cadre de cette expo dont l'intitulé, souligne Mourad krinah « est moins une thématique imposée qu'un certain fil conducteur.» Il s'agit, en effet, selon lui «d'un marqueur pour questionner le passage de relais entre le créateur et le public, l'inscription de l'oeuvre dans son environnement de démonstration, mais surtout, la relation de l'artiste avec sa démarche et des concepts qu'il développe en pratiquant cette forme d'art». Pour Fatma Oussedik, femme féministe de la première heure et amoureuse des arts plastiques, s'étant tôt frottée à cet univers, cette exposition se «propose comme passerelle sous le signe du lien. (...) les oeuvres présentées ici sont autant de récits qui sont des fragments de notre mémoire et de nos désirs». De son côté,  la seconde comissaire de l'exposition, Marianne Catzaras écrit dans un très beau poème adressé à Halima Gouyette: «(...) Le sculpteur est le grand architecte qui régit le monde sous toutes ses latitudes. (...) L'histoire des mains qui transforment l'argile en port d'accueil».

Des formes hybrides et des sensibilités
Et pour accueillir le visiteur, quoi de mieux qu'une porte baptisée «Là», signée Rachida Azdaou, pour nous introduire dans l'antre enchanteresse de cette exposition qui se confond avec la volupté de ce jardin, où l'art épouse parfaitement les coins et recoins de ce paysage sublime où l'abondance criarde des lieux a déserté les lieux pour céder la place en s'inclinant face à ce magnifique palais fait de classe et d'harmonie et où le silence est roi. Un silence qui cohabite avec celui du temps qui, comme une pendule, s'est arrêté devant cette imposante porte rouillée repeinte, laissant deviner à travers elle tous les stigmates du passé, désormais effacé par la magie de cette antre de paix. Un havre qui célèbre l'art dans sa quintessence et méditation. C'est le cas avec cette vidéo d'art jouxtant pas loin l'oeuvre de Mohamed Ghassan ou encore celle de Mehdi Tafadjira qui nous donne à voir dans ses sculptures faites de métal recyclé, des parcours singuliers d'homme dans un style abstrait où le thème de l'ascension semble être le mot d'ordre de cette installation qui s'impose au milieu de ce jardin où les volumes géographiques frappés de quelques signes évidents donnent à réfléchir sur notre parcours existentiel...de «la maturité» aussi dans le regard et le geste, avec finesse et drôlerie est cette statue appelée «Amazone pop» de l'artiste Feryel Lakhdar. Une oeuvre qui représente une femme équestre s'accrochant à son cheval. Le tout marbré en blanc. Une oeuvre à l'esthétique épurée, mais assez naïve qui remet en question l'idée de la virilité et la masculinité et questionne peut-être l'évolution de la place de la femme dans notre société où c'est plutôt l'homme qui cherche toujours à atteindre les sommets de la gloire...La femme est omniprésente également à travers l'oeuvre «Structure», une installation de trois sculptures en terre cuite, signée par Marwa Fakir qui rappelle les trois éléments essentiels de notre vie, qui sont l'organique (la nourriture), le structurel (sécurité) et enfin le rigide (l'habitat) le tout, en traduisant cette métaphore via le pelvis d'une femme. Dans un autre registre plutôt intimiste est la vidéo d'art de Mauro Santini qui donne à voir des images vaporeuses qui exaltent les souvenirs du passé, de son enfance, qui s'effacent, se brouillent, pour redevenir par instants un peu plus clairs..

De l'art qui interroge notre humanité
Une vidéo plutôt apaisante malgré son aura mélancolique qui se décline comme dans un voile de mirage mystérieux. Autre sculpture qui remet en question notre temps suranné en fouillant dans les tréfonds psychologiques de notre âme en lassitude, pour ne pas dire en solitude est l'oeuvre de Mohamed Ghassan. Ce dernier a travaillé ici sur l'idée de l'anxiété, matérialisée, une forme qui rappelle le minotaure, avec ce corps d'un homme soulevé d'une tête de taureau, l'homme faisant du sur-place, semblant s'ennuyer, les mains dans les poches...
À distinguer, d'ailleurs, un qui est teint en rouge au milieu de trois autres, qui eux, sont de couleur bleue....Ne pas bouger, faire de l'immobilisme est suggéré aussi dans le travail de Yacoub Salhi (Vato) où l'art exprimé est réalisé avec justesse et équilibre donnant avoir des monuments en céramique, allusion à l'homme debout, pieds nus, une table et quatre chaises en céramique, le tout peints en deux couleurs prédominantes, le bleu Mytilène et le blanc. Une installation qui rappelle la force de la vacuité humaine. Et de faire ancrer dans ce lieu, la rumeur de sa présence inébranlable. Enfin deux autres artistes dévoilent aussi leur talent. Il s'agit de Fethi Hadj Kacem et enfin Bardi. Fethi donne à voir, à première vue une sorte de trou d'une aiguille, dans deux oeuvres réalisées à la vertical et une autre à l'horizontal. «Pour moi, la vie est un tissage. Mon oeuvre a pour ambition de réinventer une gestuelle qui date de la nuit des temps. Ce va et vient, plutôt de dialogue entre les doigts et la matière, n'a cessé d'exister...Il existera car obstiné et coriace, jusqu'à la fin, telle qu'elle est écrite...»Pour sa part, Bardi présente une drôle de sculpture appelée «Ecume» donnant à voir des espèces de fûts, avec des pieds d'homme, surélevés de tête d'âge indéterminé, jonglant entre l'adulte et l'enfance. Des têtes énigmatiques qui font penser à un bébé et qui exprimeraient l'idée du passage d'un état vers un autre, sachant que les pieds sont ceux d'un homme adulte. Une création hybride et très étrange en tout cas. En somme, autant de médiums différents que d'artistes à la sensibilité et les univers divers, mais qui se retrouvent par leur attachement à narrer notre histoire commune, sous le prisme de l'humain, toujours tourné vers l'Autre.
À noter que «Passerelles» événement unique en son genre, se veut ouvert au public le vendredi 21 et le samedi 22 octobre, de 14h à 18h. (L'accès se fera sur réservation via l'adresse suivante [email protected], en envoyant les noms, prénoms et le jour souhaité pour la visite. Une confirmation vous sera envoyée dans la mesure des places disponibles, Ndlr).

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