L'Expression

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Oussama Muslim reçu en superstar au Sila

Un «Fantastique» à Alger…

Des milliers de jeunes filles et de jeunes gens ont déferlé des quatre coins d’Algérie pour rencontrer ce prodige littéraire saoudien.

C'était lors d'un passage à Amman, à l'occasion d'un festival de cinéma. Dans la moiteur d'une nuit jordanienne, sur la terrasse d'une maison d'amis qu' éclairaient les seules étoiles qui constellaient cette magnifique voute céleste qui nous servait de toit que la discussion s'enflamma, sans qu'un round d'observation n'ait eu le temps de s'installer entre les cinq personnes venues d'horizons divers et qui croyaient que le thème de la soirée,allait être, au mieux, un exercice de style: Le pitch du prochain film que quelqu'un d'entre nous, avait en perspective: « Une suite des Dupes de Tewfik Salah (d'après Des hommes sous le soleil de Ghassan Kanafani), devenu depuis un demi- siècle un vériatble incunable. «Mais c'est de la science- fiction, ton sujet, tu vas devoir traiter les Palestniiens comme des Aliens, si tu veux aller loin dans ton histoire, interessante à plus d'un égard!», lança aussitôt une scénariste native de Galilée, vivant sur les bords de la Tamise. Et la discussion prit une autre tournure, dès lors que j'avouais mon absence de curiosité, pour ne pas dire mon peu d'entrain pour ce genre. Sans aucun étayage raisonné, bien sûr. Sauf que de cette soirée je partis avec un titre en tête, que je me suis empressé d'acquérir à la première occasion. Et ce fut la révélation.
Entretenant un rapport ambivalent avec la langue arabe que j'ai décidé d'apprendre plus par choix, encore moins que par obligation, il était donc normal pour moi de sélectionner ce que cette langue pouvait me proposer. Et ce n'est pas forcément la meilleure façon d'entretenir intacte sa curiosité intellectuelle. Mais ce court séjour à Amman aura permis de combler, certaines lacunes, grandes il faut l'avouer en ce domaine. J'ai failli donc passer à côté d'un phénomène littéraire que je pressentais prodigieux et que je tenais entre mes mains devenues aussi moites que cette nuit jordanienne. Je venais découvrir un auteur, Ossama Muslim, un jeune saoudien et une oeuvre Les Jardins d'Arabistan (2016). Depuis, j'ai suivi la trajectoire de cette véritable comète littéraire qui déplaçait les foules à la vitesse d'un tsunami. Ma religion est faite, en langue arabe, la littérature fantastique («fantasy») avait son chef de file, Oussama Muslim parti sur les traces du pionnier du genre, dont je n'avais rien lu, à part de rares interviews, Ibrahim Abbas initiateur, avec son acolyte, Yasser Bahjat, du mouvement «Yatakhayaloun («Ils imaginent»)...Pour la petite histoire, les fondamentalistes saoudiens avaient été les meilleurs VRP (à leur insu) de «Hawjan» (2012), le premier roman de Abbas, en s'attaquant à son histoire d'amour entre une créature humaine et un Djinn...
Résultat, ils sont donc aujourd'hui presqu'une vingtaine de jeunes auteurs à faire partie de la Ligue Arabe de Science-Fiction (Rabitat al-khayal al-arabi). Ils sont en train de révolutionner le monde des lettres arabes, l'affranchissant de ces barrières, érigées, en interdits et qui ont entravé jusque-là l'imaginaire arabe. Ils ne le disent pas clairement, mais leur «bible» reste Les Mille et Une Nuits qui ont longtemps subi les outrances des censeurs de la pensée imagianaire, au long des siècles... «Nous voulons être le prolongement de ce patrimoine littéraire arabe», rappellent à chaque occasion les animateurs de ce courant novateur. Au Sila, cette semaine, les milliers de jeunes filles et de jeunes gens qui ont déferlé des quatre coins d'Algérie pour rencontrer ce prodige littéraire saoudien, sont aussi porteurs d'une bonne nouvelle, dans l'acte de lire cette génération «Z» a décidé de s'affranchir de la tutelle académique, «calibreuse» des gouts littéraires.
C'est donc à un véritable retour de flamme que ces jeunes d'Algérie, élévés aussi à l'onirisme de J.K Rowling (Harry Potter) manifestent de par leur présence massive au Salon du Livre d'Alger (Sila) une manière de dire, comme l'auteure de Harry Potter»: ´´Ce sont nos choix qui montrent ce que nous sommes vraiment, beaucoup plus que nos aptitudes.´´ Quant à Oussama Muslim il se dit sans ambages: «Certains me qualifient de libéral, jugement qui suppose que j'étais asservi à quelque chose dont ils ne se sont pas affranchis. D'autres pensent que mes idées sont un danger pour la génération à venir, comme si celle-ci ne devait grandir qu'à l'échelle de leurs principes. La liberté de penser est indissociable de la liberté d'expression. C'est pourquoi ce roman a pris la forme d'une science-fiction: sa réception sera d'autant plus favorable qu'il n'est que de simples vues de l'esprit...» Dont acte. Cette jeunesse est porteuse d'un imaginaire prometteur... 

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